On aurait pu croire la bataille gagnée en faveur du Nutri-Score, un logo coloriel renseignant de façon simple sur la qualité nutritionnelle des aliments* : en effet, une semaine après l’aval de la Commission européenne, les ministres de la Santé, de l’Agriculture et de l’Économie avaient signé le 31 octobre 2017 un arrêté le recommandant comme seul système d’information nutritionnelle officiel destiné à être apposé sur la face avant des emballages alimentaires.
Tout semblait donc aller dans le bon sens : officialisation par la Commission européenne, le gouvernement français et les structures de santé publique, soutien massif de la communauté scientifique, des professionnels de santé, des acteurs de terrain, des associations de consommateurs et de patients, et de plusieurs industriels (Danone, Fleury-Michon, McCain) et distributeurs (Intermarché, Auchan et Leclerc). Mais c’était sans compter sur l’opposition vigoureuse de six multinationales, Mars, Mondelèz, Nestlé, Coca-Cola, Unilever et PepsiCo (le « Big 6 »), qui n’ont guère envie d’une telle transparence sur leurs produits, souvent sucrés, gras et salés. N’ayant pu bloquer la décision politique, ils annoncent le lancement de leur propre logo, l’Evolved Nutrition Label, une version modifiée à leur avantage du feu tricolore multiple britannique.
Pourtant il est prouvé que ce logo est moins performant. Ne donnant pas une couleur unique reflétant la qualité nutritionnelle globale de l’aliment, mais une couleur par nutriment, il est plus difficile à interpréter et source de confusion, les informations n’étant pas hiérarchisées : entre un produit à teneur élevée en sucre et faible en gras, et un autre à teneur élevée en gras et faible en sucre, lequel choisir ? Ce système brouille le message, d’autant que le Big 6 propose aussi que la teneur en nutriments ne soit plus rapportée aux 100 g (comme dans la version originale) mais à la portion dont les industriels définissent eux-mêmes la taille, avec un risque manifeste de manipulations pour permettre à des produits de bénéficier de couleurs plus favorables ! Le but est de parasiter l’information nutritionnelle simplifiée et de priver les consommateurs de la transparence à laquelle ils ont droit. Contre l’évidence scientifique, le Big 6 fait ainsi passer ses intérêts commerciaux avant ceux de la santé publique.
Face à cette offensive, 150 scientifiques et un collectif de 40 sociétés savantes et associations de consommateurs et de patients, ont lancé une pétition sur change.org : « Oui au Nutri-Score. Non aux tentatives de brouillage de certains industriels »** pour réclamer que tous les industriels adoptent le logo officiel Nutri-Score et forcer le Big 6 à abandonner sa tentative de diversion. Outre son intérêt pour éclairer les consommateurs sur la qualité nutritionnelle globale des aliments, le Nutri-Score incitera les industriels à améliorer la composition de leurs aliments en les reformulant. Enfin, Nutri-Score facilitera le conseil nutritionnel des professionnels de santé, que ce soit dans un cadre de prévention ou de prise en charge d’une pathologie.
Les citoyens, consommateurs et professionnels de santé doivent mettre face à leurs responsabilités les entreprises récalcitrantes afin qu’au travers de la mise en place du Nutri-Score soit rendue possible une réelle avancée de santé publique. La dernière bataille ?
Tout semblait donc aller dans le bon sens : officialisation par la Commission européenne, le gouvernement français et les structures de santé publique, soutien massif de la communauté scientifique, des professionnels de santé, des acteurs de terrain, des associations de consommateurs et de patients, et de plusieurs industriels (Danone, Fleury-Michon, McCain) et distributeurs (Intermarché, Auchan et Leclerc). Mais c’était sans compter sur l’opposition vigoureuse de six multinationales, Mars, Mondelèz, Nestlé, Coca-Cola, Unilever et PepsiCo (le « Big 6 »), qui n’ont guère envie d’une telle transparence sur leurs produits, souvent sucrés, gras et salés. N’ayant pu bloquer la décision politique, ils annoncent le lancement de leur propre logo, l’Evolved Nutrition Label, une version modifiée à leur avantage du feu tricolore multiple britannique.
Pourtant il est prouvé que ce logo est moins performant. Ne donnant pas une couleur unique reflétant la qualité nutritionnelle globale de l’aliment, mais une couleur par nutriment, il est plus difficile à interpréter et source de confusion, les informations n’étant pas hiérarchisées : entre un produit à teneur élevée en sucre et faible en gras, et un autre à teneur élevée en gras et faible en sucre, lequel choisir ? Ce système brouille le message, d’autant que le Big 6 propose aussi que la teneur en nutriments ne soit plus rapportée aux 100 g (comme dans la version originale) mais à la portion dont les industriels définissent eux-mêmes la taille, avec un risque manifeste de manipulations pour permettre à des produits de bénéficier de couleurs plus favorables ! Le but est de parasiter l’information nutritionnelle simplifiée et de priver les consommateurs de la transparence à laquelle ils ont droit. Contre l’évidence scientifique, le Big 6 fait ainsi passer ses intérêts commerciaux avant ceux de la santé publique.
Face à cette offensive, 150 scientifiques et un collectif de 40 sociétés savantes et associations de consommateurs et de patients, ont lancé une pétition sur change.org : « Oui au Nutri-Score. Non aux tentatives de brouillage de certains industriels »** pour réclamer que tous les industriels adoptent le logo officiel Nutri-Score et forcer le Big 6 à abandonner sa tentative de diversion. Outre son intérêt pour éclairer les consommateurs sur la qualité nutritionnelle globale des aliments, le Nutri-Score incitera les industriels à améliorer la composition de leurs aliments en les reformulant. Enfin, Nutri-Score facilitera le conseil nutritionnel des professionnels de santé, que ce soit dans un cadre de prévention ou de prise en charge d’une pathologie.
Les citoyens, consommateurs et professionnels de santé doivent mettre face à leurs responsabilités les entreprises récalcitrantes afin qu’au travers de la mise en place du Nutri-Score soit rendue possible une réelle avancée de santé publique. La dernière bataille ?
Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle, université Paris 13/hôpital Avicenne (AP-HP), CRESS U1153 Inserm/Inra/Cnam/UP13, Bobigny, France
* voir La Bataille de l’étiquetage nutritionnel (Julia C, Hercberg S. Rev Prat 2016;66:943-9).
** http://bit.ly/2j6FspR
* voir La Bataille de l’étiquetage nutritionnel (Julia C, Hercberg S. Rev Prat 2016;66:943-9).
** http://bit.ly/2j6FspR