Plusieurs études in vitro ont montré que la capacité neutralisante du sérum de personnes vaccinées avec un schéma complet (2 doses) était 20 à 40 fois inférieure pour le variant omicron par rapport aux premiers virus pandémiques, avec une perte d’activité d’au moins 10 fois par rapport au variant delta. La capacité neutralisante du sérum d’individus précédemment infectés était également significativement diminuée. Toutefois, elle était meilleure chez les personnes infectées avant ou après la vaccination.
Quant au rappel avec un vaccin à ARN, il permet d’augmenter la capacité neutralisante contre omicron, mais celle-ci reste réduite (environ d’un facteur 4) par rapport à celle observée contre le variant delta et semble s’épuiser rapidement avec le temps, dès 3 mois (selon une étude : variant omicron : 58 % 15 jours après la 3e dose puis 25 % à 3 mois, versus 95 %-100 % pour le variant delta).
Efficacité contre les infections symptomatiques
En accord avec ces résultats in vitro, l’efficacité contre les infections symptomatiques (modérées) est plus faible pour omicron par rapport à delta. Selon le rapport de la UK Health Security Agency (UKHSA) – analysant 169 888 infections symptomatiques dues au variant delta et 204 036 dues à omicron entre le 27 novembre et le 24 décembre –, 2 doses d’AstraZeneca n’ont aucun effet contre ce nouveau variant à partir de 20 semaines après la 2e dose. Parmi les personnes ayant reçu 2 doses de Pfizer ou Moderna, l’efficacité passe d’environ 65 à 70 % 2 à 4 semaines après la 2e dose à environ 10 % à 20 semaines. Après une dose de rappel, l’efficacité du vaccin est d’environ 65 à 75 % (à 2-4 semaines), tombant à 55-70 % à 5-9 semaines et 40-50 % à partir de 10 semaines après le boost.
Efficacité contre les formes graves
L’immunité cellulaire, en particulier celle médiée par les lymphocytes CD 8 (qui jouent un rôle important dans la prévention des formes graves) pourrait être moins touchée que la réponse humorale par les mutations du variant omicron. Des études suggèrent en effet que, à la différence de l’activité des cellules mémoire B (productrices d’anticorps), environ 80 % des réponses des lymphocytes T CD4+ et CD8+ induits après vaccination (avec des vaccins ciblant la souche sauvage du SARS-CoV-2) sont préservées indépendamment des variants analysés, suggérant qu’après la primovaccination la protection contre les formes graves serait maintenue.
Que disent les premières données de vraie vie ?
Une étude sudafricaine a comparé l’efficacité du vaccin contre l’hospitalisation Covid associée à omicron observée entre le 15 novembre et le 7 décembre 2021 aux estimations de l’efficacité vaccinale entre le 1er septembre et le 30 octobre, lorsque le variant delta était dominant. Les auteurs ont trouvé une efficacité du vaccin de 70 % contre l’hospitalisation pour Covid (intervalle de confiance à 95 % : 62 à 76), alors que le taux était de 93 % lors de la vague delta (IC à 95 % : 90 à 94).
Enfin, le dernier rapport des autorités anglaises confirme ces tendances. L’UKHSA indique en effet que l’on observe, parmi les cas symptomatiques vaccinés, une réduction du risque d’hospitalisation de 67 % jusqu’à 24 semaines après la 2e dose de vaccin et de 51 % après 25 semaines ou plus. Un rappel est associé à une réduction du risque d’hospitalisation de 68 % (IC à 95 % : 52 à 82) par rapport aux non vaccinés.
Selon cette analyse, lorsqu’on tient compte de l’efficacité vaccinale contre les formes symptomatiques, l’efficacité du vaccin contre l’hospitalisation est estimée à 72 % 2 à 24 semaines après la 2e dose, à 52 % 25 semaines ou plus après la 2e dose et à 88 % 2 semaines après la 3e (rappel).
Au total, ces premières données suggèrent que l’efficacité du vaccin contre l’infection symptomatique par omicron est nettement inférieure à celle de du variant delta et diminue rapidement. Néanmoins, la protection contre l’hospitalisation est bien supérieure à celle contre les formes bénignes, en particulier après une dose de rappel, où l’efficacité du vaccin contre l’hospitalisation est proche de 90 % 2 semaines après le boost. Devant la généralisation des rappels chez les adultes et les adolescents, il sera crucial de connaître l’efficacité des vaccins (2 et 3 doses) contre les formes graves en fonction de l’âge et des comorbidités des personnes ainsi que la durée de la protection contre l’hospitalisation conférée par le rappel.
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien
Pour en savoir plus :
Nobile C. Omicron : une baisse de l’efficacité des vaccins ?Rev Prat (en ligne) 14 décembre 2021.
Nemet I, Kliker L, Lustig Y, et al. Third BNT162b2 Vaccination Neutralization of SARS-SoV-2 Omicron Infection.N Engl J Med 29 décembre 2021.
Burki TK. Omicron variant and booster COVID-19-vaccines.Lancet 17 décembre 2021.
Tarke A, Coelho CH, Zhang Z, et al. SARS-CoV-2 vaccination induces immunological memory able to cross-recognize variants from Alpha to Omicron. bioRxiv 28 décembre 2021.
Ahmed SF, Quadeer AA, McKay MR. SARS-CoV-2 T Cell Responses Elicited by COVID-19 Vaccines or Infection Are Expected to Remain Robust against Omicron. Viruses 2 janvier 2022.
Collie S, Champion J, Moultrie H, et al. Effectiveness of BNT162b2 Vaccine against Omicron Variant in South Africa. N Engl J Med 29 décembre 2021.
UK Health Security Agency. SARS-CoV-2 variants of concern and variants under investigation in England. Technical briefing 33. 23 décembre 2021.