Une étude danoise récente (preprint) a évalué la transmissibilité du variant omicron dans les foyers, comparant son taux d’attaque secondaire à celui de delta, au sein de plus de 11 000 ménages, chez des personnes vaccinées et non vaccinées, avec des résultats très intéressants…

 

Les chercheurs ont étudié la transmission du SARS-CoV-2 (variants delta et omicron) au sein de plus de 11 000 ménages danois d’entre 2 et 6 personnes, afin de comparer le taux d’attaque secondaire de ces deux variants (proportion de cas secondaires appartenant au même ménage d’un cas index, en l’occurrence dans les 7 jours suivant l’infection de celui-ci) ; de déterminer si omicron avait une meilleure capacité que delta d’infecter les personnes vaccinées ; enfin, d’évaluer l’efficacité dans ce contexte de la dose de rappel dans la protection contre l’infection.

Les cas index ont été inclus entre le 9 et le 12 décembre 2021, et le suivi des membres de leurs ménages – potentiels cas secondaires – s’est fait sur 7 jours, soit jusqu’au 19 décembre. Un cas index était défini comme le premier sujet d’un ménage à avoir une PCR positive ; un cas secondaire était défini par un test PCR ou antigénique positif pendant la période de suivi. Les séquençages de la quasi-totalité des échantillons PCR positifs ont montré que sur les 11 937 ménages étudiés, 2 225 avaient été infectés par omicron.

De façon générale, le taux d’attaque secondaire observé était plus important pour omicron que pour delta (31 % dans les ménages infectés par le premier, contre 21 % dans ceux infectés par le second), et ce pour toutes les classes d’âge – en particulier, chez les sujets de plus de 70 ans, il était respectivement de 32 % et 18 %.

Toutefois, la prise en compte du statut vaccinal a montré que chez les participants non ou partiellement vaccinés, il était similaire en présence d’omicron et de delta (29 % et 28 % respectivement), alors que chez les vaccinés, il était supérieur pour omicron : 32 % versus 19 % dans les « ménages delta », suggérant une meilleure protection conférée par la vaccination contre la transmission de ce dernier. Chez les personnes ayant reçu un rappel (depuis au moins 7 jours), omicron était associé à un taux d’attaque secondaire de 25 %, contre 11 % pour delta.

Selon les auteurs, l’absence de différence significative entre les taux d’attaque de delta et omicron chez les non vaccinés (odds-ratio [OR] = 1,17 ; intervalle de confiance [IC] à 95 % : 0,99-1,38), couplée à la différence significative chez les personnes totalement vaccinées (OR = 2,61 ; IC95 : 2,34-2,90) et plus encore chez celles ayant reçu le rappel (OR = 3,66 ; IC95 : 2,65-5,05), suggère que l’avantage de croissance d’omicron pourrait être dû principalement à un échappement immunitaire plutôt qu'à une augmentation de la transmissibilité en soi.

Enfin, cette étude suggère une efficacité de la dose de rappel dans la réduction de la transmission virale au sein des ménages : pour omicron, OR de 0,54 des personnes ayant reçu le rappel par rapport à celles n’ayant reçu « que » le schéma primovaccinal ; pour delta, OR de 0,38.

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien

Pour en savoir plus :

Lyngse FP, Mortensen LH, Denwood MJ, et al. SARS-CoV-2 Omicron VOC Transmission in Danish Households. medRxiv 27 décembre 2021.