1 Bien évaluer la fonction rénale. La maladie rénale chronique augmente souvent le risque de complications durant la chimio­thérapie, il est donc essentiel de bien évaluer non seulement la filtration glomérulaire par l'estimation du débit de filtration glomérulaire suivant les formules MDRD ou CKD-EPI, mais aussi de vérifier s'il existe une protéinurie (par le rapport protéine sur créatinine) et de s’assurer de la normalité du sédiment urinaire (par l'examen cytobactériologique des urines).
2 Estimer le niveau de risque de toxicité rénale. Au-delà de la maladie rénale préexistante, une déshydratation, une mauvaise vidange vésicale, une coprescription d’anti-­inflammatoires non stéroïdiens (AINS), un rein unique, une longue histoire de diabète ou d’hyper­tension artérielle sont autant de contextes susceptibles d'augmenter le risque de mauvaise tolérance rénale de la chimiothérapie.
3 Donner les bons conseils au patient, en l’informant du risque de déshydratation en cas de troubles digestifs, en proposant de boire des eaux alcalines et salées, de bien s’alimenter pour lutter contre la diarrhée et de surveiller la pression artérielle, le poids, l’apparition d’œdèmes ou d’urines « mousseuses » (indiquant une protéinurie).
4 Élaborer un suivi spécifique en fonction du risque rénal. Certaines chimiothérapies peuvent induire des effets indésirables particuliers qui doivent être anticipés par des examens de référence (haptoglobine, lacticodéshydrogénases et schizocytes en cas de survenue d’une éventuelle microangiopathie).
5 Travailler en réseau avec des néphrologues. Certaines situations de toxicité rénale nécessitent un avis néphrologique rapide ; identifier le réseau susceptible d'intervenir en amont facilite le suivi.
6 Bien documenter les insuffisances rénales aiguës. De nombreuses causes, parfois intriquées, peuvent résulter en une dégra­dation de la fonction rénale. Disposer des éléments morphologiques (échographie rénale, parfois écho-Doppler des artères rénales), biologiques (en particulier sans oublier l’analyse des urines), et parfois histologiques ­(biopsie rénale) permet de faire un diagnostic précis qui engage la possibilité ou non de continuer un traitement suspect de néphrotoxicité.
7 Connaître les manifestations rénales des chimiothérapies. Chaque nouvelle molécule ou classe thérapeutique arrive avec son cortège d’effets indésirables potentiels, dont certains peuvent toucher les reins. Il est essentiel de les connaître et de les anticiper car la prévention et le diagnostic précoce sont souvent les seules armes efficaces.
8 Ne pas oublier la néphroprotection. La survie prolongée après le traitement du cancer incite à ne pas laisser de côté, même durant le traitement chimiothérapique, les éléments fondamentaux de la néphroprotection chez le patient ayant une maladie rénale chronique (apports protidiques adaptés, pas d’AINS, ­limiter l’exposition aux produits de contraste iodés).