Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris accueilleront cet été près de 15 000 athlètes et environ 13 millions de visiteurs. Il s’agit d’un défi sanitaire majeur à relever par une organisation médicale préventive faisant intervenir tous les acteurs de santé. Même si l’impact sur les structures hospitalières devrait rester limité en dehors de situations exceptionnelles (attentat, canicule, épidémie...), des dispositifs sont mis en place pour fluidifier la gestion des urgences.
Après Londres en 2012, Rio en 2016 et Tokyo en 2020, Paris recevra cet été 2024 les Jeux olympiques et paralympiques (JOP). Pas moins de 14 900 athlètes, 206 délégations internationales et environ 13 millions de visiteurs, dont 1,5 million d’étrangers, seront accueillis du 26 juillet au 11 août pour les Jeux olympiques, puis du 28 août au 8 septembre pour les Jeux paralympiques sur l’ensemble du territoire français.
Défi sanitaire pour un événement majeur
Parallèlement aux compétitions, des événements festifs seront organisés dans les villes hôtes pour célébrer le sport, notamment des animations et des retransmissions au sein de « fan zones ». Les JOP constituent, en effet, le plus important événement festif mondial. Si ce grand rassemblement international se veut avant tout synonyme de fête, la sécurité sanitaire représente un enjeu majeur pour le système de soins français dans un contexte national et mondial en tension. Les agences régionales de santé (ARS), les services d’aide médicale urgente (Samu), les établissements de santé, le service santé de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) travaillent en étroite collaboration avec les préfectures, les secours associatifs (Protection civile, Croix-Rouge, Ordre de Malte...) et le département médical de Paris 2024 pour construire un dispositif sanitaire cohérent et efficace lors de cet événement, afin d’assurer une sécurité sanitaire optimale pour tous les participants.
Dispositif préventif médical d’une ampleur inégalée
Au sein des sites de compétitions, du village olympique et du centre de presse, l’organisation des secours, en dehors de situations sanitaires exceptionnelles, relève de la responsabilité de l’organisateur Paris 2024. Chaque site de compétition bénéficiera d’un schéma directeur secours santé rédigé par Paris 2024, soumis aux ARS et validé par les préfectures. Ces dispositifs prévisionnels s’organisent en accord avec la réglementation des dispositifs prévisionnels de secours liés aux rassemblements de foule, qui permettent de garantir la coordination des interventions et la réponse aux situations d’urgence individuelle. Ils dimensionnent les besoins médicaux nécessaires sur chaque site pour assurer la prise en charge des patients sur place et définissent le cadre d’intervention des services publics en cas de nécessité d’évacuation ou de situation de crise. Cette organisation dite « intrasite », recommandée depuis 2014 pour l’ensemble des rassemblements de foule, permet de limiter le recours aux systèmes de soins d’État.1
Impact limité pour les structures hospitalières en dehors de situations sanitaires exceptionnelles
Il est important de comprendre, grâce à l’analyse des différents retours d’expériences des JOP précédents, en particulier de Londres 2012, que l’impact sur les structures d’urgence des JOP semble faible.2-6 En effet, les visiteurs attendus sont associés à une faible morbidité puisqu’en majorité ils sont sportifs et âgés de 35 à 40 ans. Ils viendront remplacer une population francilienne plus âgée qui devrait quitter Paris pour se rendre sur ses lieux de vacances habituels : ce turn-over permettrait ainsi un impact sanitaire modéré. Les prévisions annoncent une population excédentaire d’environ 150 000 personnes en Île-de-France pendant les JOP 2024.7,8 Dans ces conditions, l’activité hospitalière devrait augmenter d’environ 5 % par rapport à un été normal, et le flux supplémentaire aux urgences hospitalières serait d’environ 150 passages par jour pour l’Île-de-France.
Pour faire face à cette augmentation, des lignes de gardes supplémentaires ont été programmées dans les services d’urgences des établissements de santé à proximité des sites de compétition et environ 400 lits d’hospitalisation aiguë seront ouverts en plus (soit 5 % de lits supplémentaires par rapport à l’activité des étés 2022 et 2023).
Ces dispositifs devraient permettre une certaine fluidité en aval des urgences pendant la période olympique.
En plus des dispositifs liés aux établissements de santé, une polyclinique éphémère sera aménagée au sein du village olympique et gérée par l’AP-HP. Cette polyclinique sera à même d’assurer plus de 700 consultations quotidiennes par des soignants volontaires.
En cas de besoin, des parcours pour les patients accrédités selon leur statut (médias, athlètes olympiques...) ont été définis, avec trois hôpitaux franciliens référents : l’hôpital Avicenne en Seine-Saint-Denis (médias), l’hôpital Bichat (athlètes) et l’Hôpital européen Georges-Pompidou à Paris (délégations officielles du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques [COJOP]).
Ce dispositif global aura pour conséquence une mobilisation sans précédent des personnels hospitaliers, conduisant à différer, pour une partie d’entre eux, une semaine de vacances d’été. L’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a prévu une indemnisation pour ces personnels mobilisés.
Pour faire face à cette augmentation, des lignes de gardes supplémentaires ont été programmées dans les services d’urgences des établissements de santé à proximité des sites de compétition et environ 400 lits d’hospitalisation aiguë seront ouverts en plus (soit 5 % de lits supplémentaires par rapport à l’activité des étés 2022 et 2023).
Ces dispositifs devraient permettre une certaine fluidité en aval des urgences pendant la période olympique.
En plus des dispositifs liés aux établissements de santé, une polyclinique éphémère sera aménagée au sein du village olympique et gérée par l’AP-HP. Cette polyclinique sera à même d’assurer plus de 700 consultations quotidiennes par des soignants volontaires.
En cas de besoin, des parcours pour les patients accrédités selon leur statut (médias, athlètes olympiques...) ont été définis, avec trois hôpitaux franciliens référents : l’hôpital Avicenne en Seine-Saint-Denis (médias), l’hôpital Bichat (athlètes) et l’Hôpital européen Georges-Pompidou à Paris (délégations officielles du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques [COJOP]).
Ce dispositif global aura pour conséquence une mobilisation sans précédent des personnels hospitaliers, conduisant à différer, pour une partie d’entre eux, une semaine de vacances d’été. L’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a prévu une indemnisation pour ces personnels mobilisés.
Dispositif médical prêt à toutes les éventualités
Si l’impact sur les soins courants semble mineur et prévisible, il est important de souligner que l’organisation des JOP trouve sa place dans une situation géopolitique internationale où la menace terroriste est importante. Le plan Vigipirate a été rehaussé au niveau le plus élevé : « urgence attentat ». Cet état de fait nécessite une anticipation importante des acteurs du système de soins. En cas de situation sanitaire exceptionnelle, le plan ORSEC-NOVI (Organisation de la réponse de sécurité civile - nombreuses victimes) pourrait être déclenché afin de mobiliser et de coordonner les secours sous l’autorité du préfet. Au niveau sanitaire, le dispositif ORSAN-AMAVI (Organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles - Accueil massif de victimes non contaminées) complète ce plan et régit la mobilisation des ressources sanitaires. Les établissements de santé s’organiseront face à l’afflux de victimes en déclenchant leurs plans blancs d’établissement.
Outre les menaces terroristes, il existe d’autres situations d’urgence collective possibles, comme la survenue d’une canicule, d’un mouvement de foule ou d’une épidémie. La couverture sanitaire va ainsi demander des moyens importants prépositionnés à proximité des sites de compétitions et dans les établissements de santé. Afin de faire face à cette configuration, la coordination des services de l’État est primordiale, en particulier avec la BSPP qui mobilisera ses propres moyens. Les Samu franciliens, aidés par des renforts extrarégionaux, travailleront ainsi en complémentarité avec les sapeurs-pompiers afin d’optimiser le prépositionnement de leurs équipes préhospitalières et leurs moyens tactiques. Des postes sanitaires mobiles seront positionnés dans les différents hôpitaux près des sites olympiques de façon à pouvoir être mobilisés très rapidement malgré les difficultés de circulation.
Outre les menaces terroristes, il existe d’autres situations d’urgence collective possibles, comme la survenue d’une canicule, d’un mouvement de foule ou d’une épidémie. La couverture sanitaire va ainsi demander des moyens importants prépositionnés à proximité des sites de compétitions et dans les établissements de santé. Afin de faire face à cette configuration, la coordination des services de l’État est primordiale, en particulier avec la BSPP qui mobilisera ses propres moyens. Les Samu franciliens, aidés par des renforts extrarégionaux, travailleront ainsi en complémentarité avec les sapeurs-pompiers afin d’optimiser le prépositionnement de leurs équipes préhospitalières et leurs moyens tactiques. Des postes sanitaires mobiles seront positionnés dans les différents hôpitaux près des sites olympiques de façon à pouvoir être mobilisés très rapidement malgré les difficultés de circulation.
Rythme d’exercices inédit pour une anticipation optimale
Toute cette organisation implique un niveau optimal de préparation des personnels. Pour ce faire, des exercices réguliers et fréquents sont organisés, certains de grande ampleur, impliquant l’ensemble des services de l’État. Du matériel spécifique à la gestion des situations sanitaires exceptionnelles a été acheminé dans les différents Samu d’Île-de-France.
Pour que les JOP restent la fête du sport
La sécurité sanitaire des JOP 2024 est un enjeu majeur. Elle demande une anticipation, une coordination et une mobilisation de tous les acteurs de santé. Le dispositif de grande ampleur prévu devra répondre à ce défi exceptionnel afin que la fête du sport devienne le centre d’intérêt principal durant cette période.
Références
1. Samu-Urgences de France. Recommandations d’experts. Rassemblements de foule et gestion médicale événementielle. Juillet 2014. https://vu.fr/qqHhN
2. Kasashi K, Sato A, Stuart M, Hollywood U, Kawaguchi-Suzuki M, Yagishita K, et al. The Tokyo 2020 olympic and paralympic pharmacy services during the COVID-19 pandemic. J Am Pharm Assoc 2023;63(4):1156-61.
3. Todkill D, Hughes HE, Elliot AJ, Morbey RA, Edeghere O, Harcourt S, et al. An observational study using english syndromic surveillance data collected during the 2012 London Olympics. What did syndromic surveillance show and what can we learn for future mass-gathering events? Prehosp Disaster Med 2016;31(6):628-34.
4. Bistaraki A, McKeown E, Kyratsis Y. Leading interagency planning, and collaboration in mass gatherings: Public health and safety in the 2012 London Olympics. Public Health 2019;166:19-24.
5. Willick SE, Webborn N, Emery C, Blauwet CA, Pit-Grosheide P, Stomphorst J, et al. The epidemiology of injuries at the London 2012 Paralympic Games. Br J Sports Med 2013;47(7):426-32.
6. Kuroki N, Yagishita K, Shimizu K, Okuaki S, Doi Y, Arakawa Y, et al. Emergency department activities at the Athletes’ Village during the Tokyo 2020 Olympic and Paralympic Games. Acute Med Surg 2023;10(1):e905.
7. Office de tourisme de Paris. Chiffres clés des JOP 2024. Qui seront les visiteurs des jeux ? https://vu.fr/pQVDK
8. Venning P. End of games medical review: Report. London Organising Committee of the Olympic Games and Paralympic. 25 October 2012.
2. Kasashi K, Sato A, Stuart M, Hollywood U, Kawaguchi-Suzuki M, Yagishita K, et al. The Tokyo 2020 olympic and paralympic pharmacy services during the COVID-19 pandemic. J Am Pharm Assoc 2023;63(4):1156-61.
3. Todkill D, Hughes HE, Elliot AJ, Morbey RA, Edeghere O, Harcourt S, et al. An observational study using english syndromic surveillance data collected during the 2012 London Olympics. What did syndromic surveillance show and what can we learn for future mass-gathering events? Prehosp Disaster Med 2016;31(6):628-34.
4. Bistaraki A, McKeown E, Kyratsis Y. Leading interagency planning, and collaboration in mass gatherings: Public health and safety in the 2012 London Olympics. Public Health 2019;166:19-24.
5. Willick SE, Webborn N, Emery C, Blauwet CA, Pit-Grosheide P, Stomphorst J, et al. The epidemiology of injuries at the London 2012 Paralympic Games. Br J Sports Med 2013;47(7):426-32.
6. Kuroki N, Yagishita K, Shimizu K, Okuaki S, Doi Y, Arakawa Y, et al. Emergency department activities at the Athletes’ Village during the Tokyo 2020 Olympic and Paralympic Games. Acute Med Surg 2023;10(1):e905.
7. Office de tourisme de Paris. Chiffres clés des JOP 2024. Qui seront les visiteurs des jeux ? https://vu.fr/pQVDK
8. Venning P. End of games medical review: Report. London Organising Committee of the Olympic Games and Paralympic. 25 October 2012.
Dans cet article
- Défi sanitaire pour un événement majeur
- Dispositif préventif médical d’une ampleur inégalée
- Impact limité pour les structures hospitalières en dehors de situations sanitaires exceptionnelles
- Dispositif médical prêt à toutes les éventualités
- Rythme d’exercices inédit pour une anticipation optimale
- Pour que les JOP restent la fête du sport