À la suite de l’épidémie de monkeypox (désormais mpox) survenue en 2022, la Haute Autorité de santé actualise sa stratégie vaccinale contre toutes les orthopoxviroses.

Les orthopoxvirus sont une famille de virus à laquelle appartiennent la variole et le mpox, mais aussi d’autres considérés moins virulents (vaccine, buffalowpox, camelpox...). La variole est aujourd’hui éradiquée grâce à la vaccination, qui a été obligatoire en France jusqu’au début des années 1980. L’immunité vaccinale des populations diminue progressivement depuis, favorisant l’apparition de nouvelles épidémies, telle que celle de mpox survenue depuis le printemps 2022.

La HAS a donc été saisie pour actualiser la stratégie de lutte contre les épidémies dues aux orthopoxvirus et la place dans la stratégie vaccinale des différents vaccins antivarioliques, de 1re, 2e et 3e générations.

Des stocks stratégiques de vaccins de 3e génération

La HAS rappelle que les vaccins sont le moyen le plus efficace de lutter contre une épidémie liée à un orthopoxvirus.

Après avoir pris en compte les données relatives aux vaccins de 1re, 2e et 3e générations, elle recommande de constituer des stocks stratégiques de vaccins antivariolique (uniquement de 3e génération) en cohérence avec la mise en place rapide d’une campagne de vaccination réactive lorsque le niveau de menace le justifie.

En effet, si les vaccins de 1re génération ont permis l’éradication de la variole, et leur efficacité contre le mpox a été estimée à 85 %, ils ont de nombreuses contre-indications et peuvent provoquer des effets indésirables graves, voire mortels pour la personne vaccinée mais également pour son entourage. Les vaccins de 2e génération, quant à eux, n’ont jamais été utilisés en population générale et ne sont aujourd’hui pas disponibles en France.

Le profil de sécurité du vaccin 3e génération est beaucoup plus satisfaisant, tout en assurant une réponse immunitaire comparable à celle observée avec les vaccins de 1re génération. Le schéma vaccinal est composé de 2 doses de vaccin espacées de 28 jours.

Stratégie de vaccination en cas de réémergence de la variole

En cas de réémergence de la variole et selon le niveau de menace associé, la HAS recommande d’actualiser la stratégie de vaccination proposée par le Haut Conseil de la santé publique en 2012 (stratégies de vaccination graduées selon 5 niveaux en fonction de différents scénarios épidémiques) :

  • Niveau 0 : ouverture de la vaccination sur la base du volontariat aux professionnels de santé, même en l’absence de menace spécifique ;
  • Niveau 1 : en cas de menace avérée de variole et en l’absence de cas, vaccination des équipes dédiées zonales (850-1 000 personnes) et poursuite des vaccinations sur la base du volontariat des autres intervenants de première ligne ;
  • Niveau 2 : la survenue de cas isolés à l’extérieur du territoire français doit amener à vacciner les équipes départementales (environ 10 000 personnes) et renforcer les équipes de première lignes appelées à vacciner, à diagnostiquer ou à traiter ;
  • Niveau 3 : dès les premiers cas survenant sur le territoire national, déploiement de la vaccination à l’ensemble des intervenants de première ligne (2 millions) et la vaccination en anneaux autour des cas (vaccination des contacts des cas) ;
  • Niveau 4 : le scénario le plus pessimiste prévoit une vaccination généralisée à l’échelle d’une région, voire du pays. Dans ce dernier scénario, la HAS estime toutefois nécessaire de prioriser les personnes à vacciner en cas de survenue de nombreux cas simultanément sur le territoire français.

En cas d’épidémie de variole avec des tensions d’approvisionnement de vaccin, la vaccination intradermique, qui nécessite une dose de vaccin 5 à 10 fois inférieure à la voie sous-cutanée, est une option à envisager. Elle nécessite la mise à disposition de matériel d’injection spécifique et devra être effectuée par des professionnels de santé formés et si possible expérimentés dans la technique de la voie intradermique, afin de réduire le risque de mésusage.

Stratégie de vaccination en cas de survenue de cas de mpox

La HAS recommande la mise en œuvre d’une stratégie vaccinale réactive selon deux niveaux de menace épidémique :

  • Niveau 1 : en cas de survenue de cas confirmés isolés ou dispersés sur le territoire national, mise en œuvre d’une stratégie vaccinale réactive en post-exposition des contacts à risque ; la 1re dose de vaccin doit être administrée idéalement dans les 4 jours après le contact à risque et au maximum 14 jours plus tard ; pour les personnes ayant reçu un vaccin antivariolique de 1re génération avant 1980, une seule dose de vaccin suffit.
  • Niveau 2 : en cas de survenue de nombreux cas simultanément sur le territoire national, vaccination préventive des préventive des personnels de santé (amenés à prendre en charge, diagnostiquer, traiter ou vacciner des cas ou des personnes contact) et des personnes à haut risque d’exposition.

En cas de tension d’approvisionnement, la vaccination intradermique est également une option à envisager.

Stratégie de vaccination en cas de survenue de cas d’autres orthopoxvirus

Compte tenu de la virulence moins importante des autres orthopoxvirus comparés à ceux de la variole ou au mpox, et considérant qu’il n’existe à ce jour pas de transmissions interhumaines avérées, la HAS estime que la vaccination en post-exposition peut être envisagée au cas par cas, à la suite à une exposition accidentelle professionnelle ou pour les personnes ayant été en contact avec des animaux infectés, en raison de facteurs de risques individuels de formes graves, ou à leur demande.

Toutefois, en cas de circulation interhumaine confirmée d’un orthopoxvirus (autre que variole et mpox), faisant craindre la survenue d’une épidémie non contrôlée, une cellule d’aide à la décision pourrait proposer une stratégie vaccinale plus offensive, adaptée à la virulence, à la transmissibilité du virus et à la population concernée.