De nombreux patients ont souvent recours aux manipulations ostéopathiques en cas de lombalgie. Si une méta-analyse de 2019 suggère que ces thérapies manuelles produisent des effets similaires à d’autres thérapies recommandées (médicaments, exercice physique…), leur efficacité est-elle cependant supérieure à celle d’un placebo ? Une étude française récemment publiée dans le JAMA a tenté de répondre à cette question…

 

Mené par une équipe de médecins et chercheurs du service de réadaptation de l’appareil locomoteur et des pathologies du rachis de l’hôpital Cochin (Paris), de l’Inserm et de l’Université de Paris, associés à des ostéopathes exclusifs (non professionnels de santé), cet essai randomisé incluait 400 personnes souffrant d’une lombalgie chronique (durée moyenne de l’épisode : 7,5 mois), recrutées parmi le personnel de l’AP-HP et suivies entre 2014 et 2017 (âge médian : 50 ans ; 60 % de femmes). La moitié des participants reçurent 6 séances de manipulations ostéopathiques et l’autre moitié 6 séances de manipulations placebo, dispensées par des ostéopathes exclusifs, à raison d’une séance toutes les 2 semaines, pendant 3 mois.

La diminution du retentissement de la lombalgie sur les activités de la vie quotidienne à 3 mois était le critère d’évaluation principal, mesuré par le score de Québec, où 0 point signale aucun retentissement et 100 points le retentissement maximal. À cet égard, la réduction moyenne était de -4,7 points dans le bras ostéopathie (le score de 31,5 au début de l’étude est passé à 25,3 après 3 mois), contre -1,3 point dans le bras placebo (le score passant de 27,2 à 26,1), soit une différence moyenne entre les deux de -3,4 points. À 12 mois, cette différence moyenne entre les deux groupes était de -1,0 point en termes de réduction de la douleur et de -4,3 points en termes de réduction du retentissement de la lombalgie sur les activités de la vie quotidienne.

Aucune différence statistiquement significative n’a été notée sur les critères de jugement secondaires : douleur, nombre d’épisodes de lombalgie et consommation de médicaments, nombre et durée des arrêts maladie et qualité de vie à 3 et à 12 mois.

Ces résultats suggèrent ainsi que par rapport aux manipulations placebo les manipulations ostéopathiques ont un effet faible et non cliniquement pertinent sur le retentissement qu’a la lombalgie commune subaigüe et chronique sur les activités de la vie quotidienne à 3 et 12 mois, et pas d’effet sur la douleur, la qualité de vie ou la consommation de médicament.

Retrouvez également notre entretien avec le Dr Couzi (service de rééducation de l’appareil locomoteur et des pathologies du rachis, hôpital Cochin, Paris) : Ostéopathie : chez qui ? comment ? quels risques ?

À lire aussi

Couzi E, Maigne JY, Rannou F. Ostéopathie : quels patients ? Rev Prat Med Gen 2020;34:708-9.

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien