La prise en charge nutritionnelle fait partie intégrante de la prévention et du traitement de l’ostéoporose. Les premières recommandations françaises ont été émises par la Société française de rhumatologie et le GRIO, qui se positionnent contre certaines fausses idées…

La Société française de rhumatologie (SFR) et le Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (GRIO) ont émis les premières recos sur le rôle de l’alimentation dans la prévention et le traitement de l’ostéoporose. Ces recommandations ont été élaborées par un groupe de travail constitué de rhumatologues, de médecins nutritionnistes et d’un gériatre. Après présélection de 15 questions issues de la pratique quotidienne, le groupe de travail a fait une revue de la littérature, en se concentrant sur les effets de l’alimentation sur la densité minérale osseuse (DMO) et les fractures, examinant en priorité des méta-analyses d’études longitudinales et d’études interventionnelles sur l’alimentation.

Les recommandations en bref

1. Le régime méditerranéen est associé à une meilleure santé osseuse : il est recommandé en prévention et chez les patients atteints d’ostéoporose.

2. Le véganisme devrait être évité ; un ajustement en calcium devrait être systématiquement proposé aux patients végans.

3. Concernant les régimes hypocaloriques : chez les patients en surpoids, une restriction calorique peut être envisagée en association à une activité physique régulière, combinée à des apports suffisants en vitamine D et calcium, afin de limiter la perte osseuse induite. Pour les sujets de poids normal, les régimes hypocaloriques sont déconseillés en raison de leur effets néfastes sur la masse osseuse voire sur le risque de fracture.

4. La consommation de 2 ou 3 produits laitiers par jour est recommandée, car elle a montré des effets bénéfiques sur la DMO sur tous les sites ; les effets positifs sur le risque de fracture seraient plus marqués avec les produits fermentés (yaourt, fromage).

5. Si la consommation quotidienne de produits laitiers ne suffit pas à atteindre l’apport optimal en calcium, les eaux minérales riches en calcium (> 250-300 mg Ca/L) sont recommandées. En revanche, les données disponibles ne suggèrent pas que les boissons végétales sont des sources de calcium équivalentes aux laits d’origine animale.

6. Un apport protéique d’au moins 1 à 1,2 g/kg/jour, incluant des protéines animales de haute qualité, riches en acides aminés essentiels (viande, poisson, produits laitiers, œufs, soja). Pas de recours systématique aux compléments nutritionnels oraux (CNO) hyperprotéiques.

7. En l’absence d’insuffisance rénale chronique, l’effet néfaste des « régimes acidifiants » (riches en protéines animales et en céréales) n’est pas démontré.

8. En cas de carence de vitamine D, les aliments enrichis en vitamine D sont une alternative, mais il n’y a pas de preuves que leur efficacité soit la même que celle des médicaments.

9. Limiter les sodas. Le thé semble être bénéfique mais il n’y a pas assez de données pour recommander une consommation de plus de 3 tasses/jour. Pas de données concluantes pour le café.

10. La consommation d’alcool est à éviter.

11. La consommation de soja est bénéfique chez les femmes asiatiques, mais les données sont insuffisantes pour transposer les résultats aux femmes occidentales, car l’exposition et le contexte génétique ne sont pas les mêmes.

12. Les prébiotiques ont un effet modeste sur l’absorption intestinale du calcium mais les études sont insuffisantes pour les recommander.

Qu’en retenir ?

À recommander : régime de type méditerranéen et consommation de deux ou trois produits laitiers par jour.

À éviter : régimes occidentaux déséquilibrés, régimes végans, régimes amaigrissants en l’absence de surpoids, la consommation d’alcool et la consommation quotidienne de sodas.

Pas assez de données sur : thé, café, vitamines autres que la D, aliments enrichis en vitamine D ou contenant des phytoœstrogènes, boissons végétales enrichies en calcium, CNO, prébiotiques, probiotiques.

Pour en savoir plus
Biver E, Herrou J, Larid G, et al. Recommandations alimentaires dans le cadre de la prévention et du traitement de l’ostéoporose.  Rev Rhum 2023;90(4):405-25.

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