Ces dernières décennies ont vu évoluer largement la prévention nutritionnelle : les recommandations se fondent sur l’accumulation de preuves des liens entre alimentation, activité physique, sédentarité et santé et tiennent mieux compte des évolutions des modes de vie. Elles se veulent plus accessibles et appropriées pour le plus grand nombre. Ces recommandations prennent en considération le caractère multidimensionnel de l’alimentation, et distinguent sédentarité d’une part, et types et domaines d’activité physique d’autre part. Deux exemples emblématiques de ce changement de paradigme peuvent être décrits.

La quête du régime idéal

Qui ne s’est pas posé la question d’un régime alimentaire idéal, garantissant une bonne santé de façon universelle ?
Depuis plusieurs décennies, la recherche en épidémiologie nutritionnelle a permis de montrer les effets bénéfiques de l’alimentation méditerranéenne sur la prévention de maladies non transmissibles et sur la réduction du risque de mortalité. Ce « régime » – ou mode alimentaire – se fonde sur l’alimentation traditionnelle des populations du bassin méditerranéen, dans laquelle a été observée une espérance de vie plus longue, en dépit du système de santé peu développé. Cette alimentation se caractérise par :
  • une part élevée des aliments d’origine végétale (fruits, légumes, légumineuses, huile d’olive, noix, graines et céréales, de préférence complètes) ;
  • une consommation modérée de poisson, de volaille et de produits laitiers ;
  • une consommation faible de viande rouge, de sucreries et d’aliments transformés ;
  • une consommation modérée de vin lors du repas principal ;
  • des aliments frais, locaux et de saison ;
  • des facteurs socioculturels (convi­vialité, longueur des repas, sieste post-prandiale).
Cependant, malgré les nombreuses études sur ce sujet, le niveau de preuve n’a pas été constant (notamment sur les bienfaits de la consommation, même modérée, de vin). Et d’autres régimes, venus d’ailleurs, ont prouvé leurs bénéfices sur la santé des populations : l’alimentation nordique, le régime Okinawa…
Cette accumulation de connaissances nécessite des actualisations pour tenir compte des changements (offre alimentaire, préférences…) et pour les appliquer à des populations qui ne partagent pas le même patrimoine génétique, la même culture ou le même environnement physique.
Toutes ces études ont néanmoins permis de révéler les points communs de ces modes alimentaires et de « nourrir » les recommandations françaises actuelles. Il n’existe finalement pas de régime universel qui prévaudrait pour tous et préviendrait toutes les maladies non transmissibles. L’accompagnement aux changements d’habitudes en matière de prévention par la nutrition doit être adapté à la population concernée, à l’âge, aux besoins physiologiques ainsi qu’aux dimensions socioculturelles (connaissances, préférences, communautés, coût, modes de vie, disponibilité alimentaire…).

Le paradoxe de l’activité physique dans le contexte professionnel

Grâce aux nombreuses recherches épidémiologiques, l’effet bénéfique sur la santé de la pratique d’une activité physique est maintenant bien documenté : transports actifs, travaux domestiques et loisirs y sont analysés. À ces trois domaines d’activité physique s’ajoute l’activité professionnelle. Moins étudiée, elle constitue pourtant le cadre principal d’activité physique pour une part importante de la population, sans pour autant être bénéfique. En effet, de nombreuses recherches ont mis en évidence un risque accru de mortalité, toutes causes confondues, chez les personnes ayant un niveau élevé d’activité physique dans le cadre professionnel. Celui-ci augmenterait les niveaux d’inflammation, la pression artérielle et la fréquence cardiaque, avec des répercussions négatives sur la santé. Par ailleurs, l’activité physique professionnelle n’est généralement pas pratiquée à une intensité suffisamment élevée pour être bénéfique.
Ces effets contrastés sur la santé de l’activité physique sont appelés « le paradoxe de l’activité physique ». Ils soulignent l’importance de distinguer les domaines d’activé physique dans le cadre de la prévention. Si les niveaux d’activité physique recommandés sont atteints dans le cadre professionnel, d’autres domaines d’activité physique devront être recommandés pour en contrebalancer les effets néfastes.
Pour en savoir plus
Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation , de l’environnement et du travail (Anses), https://www.anses.fr/fr/content/avis-et-rapports-de-lanses-sur-saisine?comite=40005
Haute Autorité de santé. Guide de promotion, consultation et prescription médicale d’activité physique et sportive pour la santé chez les adultes. Juillet 2019.
Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Activité physique : prévention et traitement des maladies chroniques. Février 2019.
Institute of Health Metrics and Evaluation, Global Burden of Disease (GBD) Compare, https://vizhub.healthdata.org/gbd-compare
www.mangerbouger.fr
Santé publique France. Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (Esteban), 2014-2016. Volet Nutrition. Chapitre Activité physique et sédentarité, septembre 2017, Chapitre Consommations alimentaires, septembre 2018 et Chapitre Corpulence. Juin 2017.
Santé publique France. Recommandations relatives à l’alimentation, à l’activité physique et à la sédentarité pour les adultes : état des connaissances. Janvier 2019.
Santé publique France. Synthèse pour les professionnels des recommandations de l’Anses de février 2016 sur l’activité physique et la sédentarité : état des connaissances. Actualisation des repères du PNNS. Août 2017

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