Face à l’utilisation hors AMM d’Ozempic, l’ANSM et l’Assurance maladie ont mis en place une surveillance renforcée, dont les résultats viennent d’être communiqués. Elles rappellent en outre que ce médicament doit être réservé au diabète de type 2 insuffisamment contrôlé.

Ozempic (sémaglutide) est indiqué dans le diabète de type 2 insuffisamment contrôlé, disponible uniquement sur ordonnance. Très efficace pour réguler la glycémie, il induit aussi une perte de poids. Cette propriété lui vaut un succès effréné sur TikTok, où de nombreuses personnes non diabétiques vantent ses effets amaigrissants, tant en France qu’à l’étranger (le mot-clé #Ozempic est associé à plus de 500 millions de vues sur ce réseau social).

Deux voies d’usage détourné d’Ozempic sont observées : la prescription hors AMM et la falsification d’ordonnance.

Dans ce contexte, l’ANSM et la Cnam ont mis en place une surveillance active de l’utilisation de ce médicament par le suivi des données de vente et de remboursement issues du système national des données de santé (SNDS), des signalements d’usage non conforme et des déclarations d’effets indésirables aux centres régionaux de pharmacovigilance.

Les données mises à jour fin août 2023 ont montré que parmi les patients utilisant Ozempic, 1,4 % étaient considérés en mésusage (même chiffre que celui constaté en mai 2023, en augmentation par rapport au 0,7 % constaté en mai 2022). Pour Trulicity (dulaglutide), la part de mésusage évaluée s’élevait à 0,3 %. De plus, ces taux s'appuyant uniquement sur les données de remboursements, ils sous-estiment probablement l'ampleur réelle du phénomène.

Or le détournement de ce médicament pour perdre du poids a un impact direct sur sa disponibilité pour les patients diabétiques et peut causer, ou accentuer, des tensions d’approvisionnement les privant de ce traitement essentiel ;

Aussi, un comité scientifique temporaire vient d'être établi par l'ANSM pour mener une réflexion approfondie, notamment sur la sécurité des patients et les conditions de prescription et dispensation de ce médicament. Par ailleurs, l’Agence européenne du médicament a débuté l'évaluation du risque d’idées suicidaires et d’automutilation avec les médicaments de la classe des agonistes des récepteurs au GLP- 1. En France, les spécialités concernées sont Victoza (liraglutide), Saxenda (liraglutide), Xultophy (liraglutide/insuline dégludec), Ozempic (semaglutide), Byetta (exenatide), Trulicity (dulaglutide).

L’ANSM rappelle aux médecins que :

  • Ozempic doit être prescrit uniquement dans le diabète de type 2 insuffisamment contrôlé, conformément à son AMM  ;
  • ce médicament peut entraîner des effets indésirables potentiellement graves, tels que des troubles gastro-intestinaux, des pancréatites ou des hypoglycémies ;
  • la prise en charge du surpoids de l’adulte repose avant tout sur l’alimentation et l’activité physique ;
  • en cas d’effets indésirables graves ou inattendus, il faut les déclarer sur le portail du ministère chargé de la Santé : signalement.social-sante.gouv.fr.

Notons qu’une autre spécialité contenant du sémaglutide mais ayant un dosage différent (Wegovy) est déjà commercialisée pour le traitement de l’obésité hors diabète aux États-Unis. En France, la HAS s’est prononcée en décembre 2022 en faveur de son remboursement chez l’adulte de moins de 65 ans ayant un IMC ≥ 35 kg/m², en cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle bien conduite, mais il n’est pas encore commercialisé.

Pour en savoir plus
ANSM. Ozempic (sémaglutide) : un médicament à utiliser uniquement dans le traitement du diabète de type 2. 1er mars 2023 (mis à jour le 21 novembre 2023).