Le SGB était apparu, dès le début de la pandémie, comme l’un des signes neurologiques possiblement liés à la Covid-19 : le premier cas reporté datait de fin janvier, il s’agissait d’une patiente de 61 ans en Chine ; par la suite, une revue des cas reportés dans la première moitié de l’année révèle 42 cas de patients ayant eu un SGB associé à une infection par le SARS-CoV-2 dans 13 pays différents, la plupart européens. Des cas qui nourrissaient les diverses interrogations sur les multiples manifestations neurologiques et neuropsychiatriques constatées chez des sujets atteints de Covid et sur leur possibles causes et mécanismes (s’agissait-il d’une atteinte directe du système nerveux central par le nouveau coronavirus, ou plutôt de symptômes liés à la réaction inflammatoire déclenchée par l’infection ?), et qui demandaient donc des analyses supplémentaires.
Une équipe britannique a donc conduit une double étude – d’une part rétrospective épidémiologique et d’autre part prospective de cohorte – pour évaluer ce lien.
Les chercheurs ont comparé l’incidence des cas de SGB entre 2016 et 2019 au Royaume-Uni et celle des cas reportés pendant la pandémie de Covid. L’analyse prospective, quant à elle, se focalisait sur 47 patients ayant eu un SGB, dont 13 étaient diagnostiqués positifs pour la Covid, 12 considérés comme probablement atteints et 22 non atteints de Covid.
Conclusions : l’incidence du SGB a diminué sur la période mars-mai 2020, en comparaison avec les mêmes mois entre 2016 et 2019 ; de plus, à l’échelle régionale, l’analyse n’a pas trouvé de corrélation entre l’incidence de la Covid et celle du SGB. Par ailleurs, l’étude de cohorte menée en parallèle n’a montré aucune différence significative entre les caractéristiques des cas de SGB associés à la Covid et ceux qui ne l’étaient pas.
Ces résultats suggèrent donc qu’il n’y a pas de lien causal entre une infection par le SARS-CoV-2 et la survenue d’un SGB – bien qu’il soit impossible d’écarter définitivement cette hypothèse. La plus faible incidence de ce dernier pendant la période pandémique pourrait, au contraire, être due à la transmission réduite de pathogènes causant un SGB (tels que Campylobacter jejuni et Haemophilus influenzae ou autres virus respiratoires) en raison des mesures d’isolement et quarantaine et de la mise en place généralisée des gestes barrières.
Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien