Jean-Marc, 37 ans, consulte car il a noté des difficultés à réaliser certains mouvements avec sa main droite, depuis vingt-quatre heures.
L’examen clinique montre des stigmates d’injections sur les 2 bras et une inflammation importante au niveau d’une veine du bras droit. Le patient a, par ailleurs, une perte de l’extension de la main droite (main en col de cygne) [photo] et une réduction de la sensibilité de la partie externe du dos de la main droite.
Le nerf radial est un nerf mixte constituant la principale branche terminale du plexus brachial. Issu des divisions postérieures des racines C6, C7 et C8, il est le nerf de l’extension du coude, de la supination de l’avant-bras, de l’extension du poignet et des doigts et de l’abduction du pouce.
Outre les causes médicales (neuropathies diabétique, alcoolique et carentielle, saturnisme, vascularites nécrosantes, etc.), la paralysie peut être mécanique :1,2
– par traumatisme fermé : fracture de la diaphyse humérale (le plus fréquent), luxation de la tête radiale ;
– par traumatisme ouvert : coup de couteau, balle de fusil, fracture ouverte humérale ;
– par compression prolongée du nerf radial entre l’humérus et un plan dur.
Les mécanismes par compression peuvent relever de différents tableaux cliniques :2,3
– « syndrome des amoureux des bancs publics » : le galant enlace son ou sa partenaire, le bras en appui durant de longues heures, générant une parésie du nerf radial ;
– « syndrome de la lune de miel » : compression du nerf radial au niveau du tiers moyen de l’humérus par la tête du partenaire ;
– « syndrome du samedi soir » : compression du nerf radial par malposition du bras (sur un dossier dur, ou du fait d’un bras ballant hors du lit) secondaire à la prise de stupéfiants ou de somnifères.
Lorsque, comme pour ce patient, l’atteinte du nerf est située au niveau de la tête radiale, l’examen neurologique met en évidence2 une diminution de la force musculaire des extenseurs des doigts, une réduction de la sensibilité dorsale du premier espace interosseux, une fausse diminution de la motricité des fléchisseurs de la main (force de serrage conservée en cas de maintien du poignet en arrière), une extension du coude normale et une disparition de la corde du long supinateur et du réflexe styloradial.
Dans le cas d’une atteinte plus haute (cas de la fracture de la diaphyse humérale), il existe une anesthésie de la face posté­rieure du bras, une paralysie des supinateurs, des extenseurs radiaux du carpe, de l’extenseur ulnaire du carpe et des doigts, et du long abducteur du pouce.
Les explorations complémentaires1-4 consistent à réaliser une radiographie du bras en premier lieu si une fracture humérale est suspectée. L’électromyographie permet, quant à elle, d’évaluer le niveau de l’atteinte et l’évolution de la paralysie.
La prise en charge dépend de la cause :1-3 une lésion neuro­logique doit être rapidement recherchée et suturée en cas de plaie ou de fracture. En l’absence de traumatisme, l’exploration chirurgicale n’est pas immédiatement nécessaire.
Les paralysies radiales dues à une compression évoluent le plus souvent favorablement (il s’agit généralement de neurapraxie ou d’axonotmésis). Les séquelles motrices sont exceptionnelles. En revanche, les séquelles sensitives sont fréquentes et très invalidantes.
Les symptômes ont totalement disparu après sept jours chez ce patient. L’anamnèse a permis de comprendre le mécanisme de sa paralysie : compression de la tête radiale par garrot lors d’une injection d’héroïne associée à un « syndrome du samedi soir » (il s’était endormi dans une mauvaise position sur un banc public).
Références
1. Collège des enseignants de neurologie (France). Neurologie. Coll. « Abrégés. Connaissances et pratique ». Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson, 2009.
2. Arcier AF. Paralysie du nerf radial chez un musicien. Médecine des arts [en ligne, consulté le 5 juillet 2021]. Disponible sur : https://bit.ly/2UtjRxi
3. Bouche P. Neuropathies périphériques. Tome : les mononeuropathies. Arcueil: Doin Éditions, 2006.
4. Fournier E. Syndromes EMG d’atteinte des nerfs et des muscles. Cachan: Lavoisier, 2013.

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