Le parcours médical du donneur vivant potentiel est assez long et requiert de nombreux examens qui varient en fonction de son âge et de ses antécédents. Il est nécessaire qu’un bilan extrêmement rigoureux soit réalisé afin de ne pas le mettre en danger. Par ailleurs, son parcours doit être exemplaire afin de ne pas décrédibiliser le choix « donneur vivant » et il doit être le plus court possible, ce qui n’est pas encore le cas en France…
Un parcours de 1 à 3 mois
Une fois le souhait déclaré de donner un de ses reins, un bilan de débrouillage est réalisé : ce dernier peut l’être par le médecin généraliste ou par le néphrologue du receveur. Il doit, à travers les antécédents, s’attacher à rechercher des contre-indications telles qu’une hépatite chronique B ou C ou un cancer récent. Pour les cancers, on exige au moins cinq ans de recul depuis la fin du traitement, avec des examens adéquats attestant la guérison.
Le bilan comprend un examen clinique, avec en particulier calcul de l’indice de masse corporelle (qui ne doit pas, idéalement, dépasser 30 kg/m2), mesure de la pression artérielle, et recherche d’une éventuelle prise de médicaments de façon chronique. Au décours, la personne effectue une échographie rénale et un bilan biologique comportant le groupe sanguin, les sérologies pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et les hépatites B et C, une glycémie, un hémogramme, un dosage de la créatinine avec une estimation du débit de filtration glomérulaire (DFGe) et une microalbuminurie sur échantillon urinaire. Le DFGe doit être supérieur à 60 mL/min, idéalement supérieur à 90 mL/min.1-3
Au terme de cette première étape, la personne est reçue par un néphrologue de l’équipe de transplantation, accompagnée ou non du receveur potentiel. Il est important pour ce premier entretien de connaître le groupe sanguin du receveur et savoir s’il a des anticorps anti-HLA. Lors de cette première rencontre sont abordés plusieurs thèmes tels que la motivation du donneur, les conséquences physiques et psychologiques du don, le devenir du rein chez le receveur en fonction de la pathologie rénale de ce dernier, et les examens à réaliser afin de finaliser la démarche de don. À ce stade, la démarche peut différer d’une équipe de greffe à l’autre ; en effet, donneur et receveur peuvent être de groupes sanguins incompatibles : actuellement, cela ne doit plus être un problème car après désimmunisation prégreffe, les résultats de la greffe rénale ABO-incompatible sont à long terme tout à fait similaires à ceux d’une greffe rénale donneur vivant ABO-compatible.4 Si le receveur a des anticorps anti-HLA, la première étape est de réaliser un cross match virtuel : pour ce faire, il faut connaître le groupe HLA complet du donneur (prélevé à l’issue de cette première consultation) et avoir l’identification de tous les anticorps anti-HLA dirigés potentiellement contre le donneur. Le cross match virtuel est négatif si le receveur n’a pas sur son sérum le plus récent d’anticorps anti-HLA dirigés contre les antigènes HLA du donneur. En cas du cross match virtuel positif, la majorité des équipes de greffe vont récuser ce donneur potentiel alors que d’autres équipes, comme la nôtre, l’acceptent moyennant une désimmunisation prégreffe.5 Cette première consultation spécialisée étant passée, l’étape suivante comporte la réalisation d’un angioscanner rénal avec reconstruction 3D afin d’évaluer l’anatomie artérielle, et veineuse, ainsi que celle des voies urinaires. Les résultats de cet examen sont discutés en réunion multidisciplinaire comportant chirurgiens préleveur et greffeur, chirurgien vasculaire si l’état artériel du receveur l’exige et néphrologue. Une fois la validation chirurgicale faite, le donneur potentiel va effectuer une mesure du débit de filtration glomérulaire (v . page. 632 ) et éventuellement une scintigraphie rénale afin d’évaluer la part fonctionnelle de chaque rein.
Enfin, chez certains donneurs, en fonction de l’existence d’un tabagisme prolongé ou d’une hypertension artérielle modérée, une consultation cardiologique est réalisée. Pour les donneurs potentiels traités pour une hypertension artérielle (pas plus de deux médicaments de classe thérapeutique différente), il convient de mettre en place une mesure ambulatoire de la pression artérielle et de faire une échocardiographie.
Le donneur potentiel est vu en consultation programmée d’anesthésie.
Chez l’homme âgé de plus de 40 ans, un dosage de l’antigène spécifique de la prostate (PSA) est demandé ; si le taux est à plus de 5, une consultation d’urologie s’impose.
Chez la femme, il faut s’assurer de la normalité de la mammographie, de l’échographie pelvienne et du frottis cervical.
Le bilan comprend un examen clinique, avec en particulier calcul de l’indice de masse corporelle (qui ne doit pas, idéalement, dépasser 30 kg/m2), mesure de la pression artérielle, et recherche d’une éventuelle prise de médicaments de façon chronique. Au décours, la personne effectue une échographie rénale et un bilan biologique comportant le groupe sanguin, les sérologies pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et les hépatites B et C, une glycémie, un hémogramme, un dosage de la créatinine avec une estimation du débit de filtration glomérulaire (DFGe) et une microalbuminurie sur échantillon urinaire. Le DFGe doit être supérieur à 60 mL/min, idéalement supérieur à 90 mL/min.1-3
Au terme de cette première étape, la personne est reçue par un néphrologue de l’équipe de transplantation, accompagnée ou non du receveur potentiel. Il est important pour ce premier entretien de connaître le groupe sanguin du receveur et savoir s’il a des anticorps anti-HLA. Lors de cette première rencontre sont abordés plusieurs thèmes tels que la motivation du donneur, les conséquences physiques et psychologiques du don, le devenir du rein chez le receveur en fonction de la pathologie rénale de ce dernier, et les examens à réaliser afin de finaliser la démarche de don. À ce stade, la démarche peut différer d’une équipe de greffe à l’autre ; en effet, donneur et receveur peuvent être de groupes sanguins incompatibles : actuellement, cela ne doit plus être un problème car après désimmunisation prégreffe, les résultats de la greffe rénale ABO-incompatible sont à long terme tout à fait similaires à ceux d’une greffe rénale donneur vivant ABO-compatible.4 Si le receveur a des anticorps anti-HLA, la première étape est de réaliser un cross match virtuel : pour ce faire, il faut connaître le groupe HLA complet du donneur (prélevé à l’issue de cette première consultation) et avoir l’identification de tous les anticorps anti-HLA dirigés potentiellement contre le donneur. Le cross match virtuel est négatif si le receveur n’a pas sur son sérum le plus récent d’anticorps anti-HLA dirigés contre les antigènes HLA du donneur. En cas du cross match virtuel positif, la majorité des équipes de greffe vont récuser ce donneur potentiel alors que d’autres équipes, comme la nôtre, l’acceptent moyennant une désimmunisation prégreffe.5 Cette première consultation spécialisée étant passée, l’étape suivante comporte la réalisation d’un angioscanner rénal avec reconstruction 3D afin d’évaluer l’anatomie artérielle, et veineuse, ainsi que celle des voies urinaires. Les résultats de cet examen sont discutés en réunion multidisciplinaire comportant chirurgiens préleveur et greffeur, chirurgien vasculaire si l’état artériel du receveur l’exige et néphrologue. Une fois la validation chirurgicale faite, le donneur potentiel va effectuer une mesure du débit de filtration glomérulaire (
Enfin, chez certains donneurs, en fonction de l’existence d’un tabagisme prolongé ou d’une hypertension artérielle modérée, une consultation cardiologique est réalisée. Pour les donneurs potentiels traités pour une hypertension artérielle (pas plus de deux médicaments de classe thérapeutique différente), il convient de mettre en place une mesure ambulatoire de la pression artérielle et de faire une échocardiographie.
Le donneur potentiel est vu en consultation programmée d’anesthésie.
Chez l’homme âgé de plus de 40 ans, un dosage de l’antigène spécifique de la prostate (PSA) est demandé ; si le taux est à plus de 5, une consultation d’urologie s’impose.
Chez la femme, il faut s’assurer de la normalité de la mammographie, de l’échographie pelvienne et du frottis cervical.
Fin du parcours : Agence de la biomédecine, comité d’experts et tribunal judiciaire
Au terme de ce parcours, qui prend de 1 à 3 mois, le médecin de transplantation et le chirurgien préleveur reçoivent le donneur afin de faire la synthèse des examens, et lui dire s’il est éligible médicalement et chirurgicalement pour le don. Ils répondent alors à ses ultimes questions. Chacun rédige un rapport médical, et l’ensemble est joint au dossier complet qui est transmis à l’Agence de la biomédecine, qui le remet ensuite au comité d’experts composé de 5 personnes qui va auditer le potentiel candidat (v . encadré page 631 ). Enfin, après cet entretien, il est délivré au donneur la convocation auprès du tribunal judiciaire, qui valide le prélèvement comme étant conforme à la loi. La minute judiciaire doit ensuite être envoyée par la poste à l’Agence de la biomédecine, qui transmet alors l’autorisation de prélèvement à l’équipe chirurgicale.
Références
1. Gaillard F, Flamant M, Lemoine S, Baron S, Timsit MO, et al. Estimated or measured GFR in living kidney donors work-up? Am J Transplant 2016;16:3024-32.
2. Gaillard F, Courbebaisse M, Kamar N, Rostaing L, Del Bello A, et al. The age-calibrated measured glomerular filtration rate improves living kidney donation selection process. Kidney Int 2018;94:616-24.
3. Gaillard F, Jacquemont L, Lazareth H, Albano L, Barrou B, et al. Living kidney donor evaluation for all candidates with normal estimated GFR for age. Transpl Int 2021. doi: 10.1111/tri.13870.
4. Morath C, Zeier M, Döhler B, Opelz G, Süsal C. ABO-Incompatible kidney transplantation. Front Immunol 2017;8:234.
5. Malvezzi P, Jouve T, Noble J, Rostaing L. Desensitization in the Setting of HLA-Incompatible Kidney Transplant. Exp Clin Transplant 2018;16:367-75.
2. Gaillard F, Courbebaisse M, Kamar N, Rostaing L, Del Bello A, et al. The age-calibrated measured glomerular filtration rate improves living kidney donation selection process. Kidney Int 2018;94:616-24.
3. Gaillard F, Jacquemont L, Lazareth H, Albano L, Barrou B, et al. Living kidney donor evaluation for all candidates with normal estimated GFR for age. Transpl Int 2021. doi: 10.1111/tri.13870.
4. Morath C, Zeier M, Döhler B, Opelz G, Süsal C. ABO-Incompatible kidney transplantation. Front Immunol 2017;8:234.
5. Malvezzi P, Jouve T, Noble J, Rostaing L. Desensitization in the Setting of HLA-Incompatible Kidney Transplant. Exp Clin Transplant 2018;16:367-75.