Les cohortes de patients hospitalisés pour Covid-19 décrivent, sans toujours les corréler, la persistance de séquelles pulmonaires plusieurs mois après l’épisode aigu, et notamment d’une pathologie interstitielle pulmonaire. Les premiers résultats d’une cohorte multicentrique italienne ont été présentés lors du dernier congrès de la SPLF.

 

Le tropisme respiratoire et la sévérité des atteintes parenchymateuses pulmonaires décrites au cours de cette infection posent la question de la possibilité du développement de fibrose pulmonaire à plus long terme et du continuum avec l’atteinte inflammatoire initiale.

Lors du dernier congrès de la Société de pneumologie de langue française, Sara Tomassetti a rapporté les premiers résultats d’une étude multicentrique italienne qui a pour but de décrire la corrélation entre l’atteinte interstitielle visible sur le scanner à distance de l’infection par le SARS-CoV-2 et l’histologie pulmonaire obtenue par cryobiopsies.

Parmi les 3 696 patients hospitalisés pour Covid-19 entre le 01/03/2020 et le 30/06/2020 dans 9 centres du nord de l’Italie, un tiers sont décédés 6 mois après l’hospitalisation et un autre tiers n’ont pas pu être inclus principalement en raison d’un refus ou d’un âge trop avancé.

Les résultats présentés sont préliminaires et concernent uniquement la description du scanner thoracique chez 550 patients évalués 6 mois après l’hospitalisation.

Des lésions interstitielles sont mises en évidence chez 338 patients (61,5 %). Ces anomalies sont jugées significatives chez plus de la moitié d’entre eux (191 patients) en raison d’une extension des lésions supérieure à 5 %. Seule l’imagerie de ces derniers patients, chez qui le diagnostic de pneumopathie interstitielle diffuse (PID) a été retenu, est décrite.

Parmi ces 191 patients, 133 ont des lésions fibrosantes, diffuses pour 98 d’entre eux. L’aspect du scanner de ces 98 PID fibrosantes est dans la majorité des cas celui d’une pneumopathie interstitielle diffuse non spécifique parfois associée à un aspect de pneumopathie organisée (PINS+/-PO, n = 61). Plus rarement l’aspect du scanner est indéterminé pour une pneumopathie interstitielle commune (PIC, n = 31). Le diagnostic de PIC certaine ou probable est retenu chez 6 patients.

Pour 58 patients, la pathologie interstitielle n’est pas fibrosante. Il s’agit pour la majorité de lésions de verre dépoli (n = 47). Huit patients avaient des condensations chroniques faisant suspecter le diagnostic de cancer broncho-pulmonaire.

Ainsi, dans cette étude, un tiers des patients ont des lésions interstitielles significatives sur le scanner thoracique réalisé à 6 mois. La moitié des atteintes fibrosantes diffuses sont de type PINS+/-PO. Le recueil des données du bilan étiologique, de la notion d’une PID connue préexistante à l’infection et de la sévérité de l’atteinte respiratoire initiale seront des points clés pour savoir si l’infection par le SARS CoV-2 peut être à l’origine d’une PID fibrosante, dont il faudra déterminer le potentiel évolutif ou le caractère séquellaire, en particulier pour les 31 patients ayant un aspect de PIC.

Les résultats définitifs complétés par l’analyse histologique de cette large cohorte multicentrique seront intéressants pour mieux comprendre ces PID diagnostiquées après un épisode Covid et avoir une stratégie de dépistage et de suivi plus précise.

Cinzia Nobile, La Revue du Praticien

D’après la communication :

Tomassetti S, Oggionni R, Barsione E, et al. A multidisciplinary multicenter study evaluating risk factors, prevalence and characteristics of post-Covid-19 Interstitial Lung Syndrome PCOILS. Am J Respir Crit Care Med 2021;203:A1748.

Pour en savoir plus :

Bouvry D. Pathologie interstitielle post-Covid-19 : premiers résultats d’une cohorte multicentrique italienne.SPLF 20 mai 2021.