Au milieu des années 1980, les premiers résultats obtenus par l’extraction et l’analyse de l’ADN préservé dans des vestiges biologiques du passé ont consacré la naissance de la paléogénétique. La PCR a permis ses premiers succès mais a également failli la tuer à la fin des années 1990, en raison de sa puissance et du grand nombre d’artefacts liés la nature dégradée de l’ADN ancien. La paléogénétique doit sa renaissance à l’application de procédures expérimentales rigoureuses et au développement de méthodes de décontamination et de prévention des contaminations ; le séquençage massivement parallèle a rendu possible l’obtention d’informations génomiques d’individus anciens.
Depuis 2006, la paléogénétique s’est transformée en paléogénomique : cette nouvelle approche repose sur la construction de banques d’ADN, toutes les molécules d’ADN étant ensuite séquencées par une approche de séquençage aléatoire qui a deux avantages importants : déduire la séquence des génomes entiers d’organismes éteints et réduire les contaminations. L’analyse paléogénomique a permis de caractériser les métissages entre les humains anatomiquement modernes et des humains archaïques, d’éclairer la dynamique des populations d’animaux sauvages et les processus de domestication des animaux. La paléogénomique a révolutionné la paléoanthropologie, éclairant l’évolution des espèces et les grandes migrations, rendant possible l’analyse des êtres humains, éclairant l’évolution des bactéries et virus pathogènes et quelques-unes des plus grandes pandémies subies par l’humanité.

Eva-Maria Geigl, Institut Jacques-Monod, Paris

2 février 2021