Les greffes composites vascularisées permettent de reconstruire des pertes de substances de structures anatomiques complexes pour lesquelles la chirurgie reconstructrice n’offre pas de solution satisfaisante. Parmi celles-ci, les greffes de main et de face sont les plus fréquentes. Avec environ 130 greffes de main et 40 greffes de face dans le monde en vingt ans, elles restent toutefois exceptionnelles. Elles sont, comme toutes les greffes, soumises à la lourdeur des traitements immunosuppresseurs et de leurs conséquences. Afin d’améliorer les résultats, plusieurs pistes de recherche reprennent les trois éléments qui assurent le succès d’une greffe : la technique chirurgicale (prélèvement et transplantation), le transport du greffon et le traitement immunologique. L’amélioration des techniques chirurgicales passe par l’organisation de répétitions cadavériques afin de rédiger des check-lists et d’entraîner les équipes. Des modélisations 3D permettent, de plus, de préparer les ostéosynthèses et d’effectuer des répétitions virtuelles au bloc opératoire.Deux axes ont été développés pour améliorer le transport avec l’utilisation de machines de perfusion et de transporteur d’oxygène issu de la recherche en biologie marine.Pour le traitement immunologique, force est de constater que la trithérapie (tacrolimus, mycophénolate mofétil, corticothérapie), après une phase d’induction par anticorps, reste pratiquement inchangée depuis vingt ans.La recherche à l’Hôpital européen Georges-Pompidou est orientée vers un protocole d’induction de tolérance. S’il est possible d’envisager une tolérance lors d’une greffe avec une absence d’histocompatibilité d’un seul groupe HLA partial mismatch, elle n’est pas obtenue pour les incompatibilités en full mismatch. Les recherches se tournent vers l’axe du traitement du greffon en effectuant une décellularisation-recellularisation permettant d’obtenir des greffons acellulaires, donc non immunogènes, qui sont recolonisés à l’aide de cellules du re­ceveur. Les premiers résultats sont encourageants.

Laurent Lantieri, chirurgie plastique et esthétique, Hôpital européen Georges-Pompidou, Paris, France

21 juin 2022