Les édulcorants non sucrés (ENS) sont des alternatives peu ou pas caloriques visant à remplacer les sucres libres tout en conservant le goût sucré des aliments. Présentés comme aidant à perdre du poids (ou maintenir un poids normal), et utilisés aussi par les personnes diabétiques pour contrôler la glycémie, ils sont massivement employés par l’industrie agroalimentaire : on les retrouve dans les « sucrettes », les boissons « light », mais aussi dans une multitude d’aliments allégés. Aspartame, stévia et dérivés, acésulfame-K, saccharine, sucralose, etc. sont parmi les ENS les plus utilisés.
Pas de bénéfice à long terme, mais des risques
Cependant, les bénéfices espérés de leur utilisation tardent à être prouvés malgré de nombreuses études. C’est pourquoi l’OMS a entrepris une revue systématique des preuves disponibles : fondée sur les résultats de cette revue (comprenant 283 études, dont 50 essais contrôlés randomisés et 97 études de cohorte prospective) qui indiquent que l’emploi d’ENS ne confère aucun bénéfice à long terme dans la réduction de la graisse corporelle ni chez les adultes ni chez les enfants, l’organisation souligne que « d’autres moyens de réduire la consommation de sucres libres doivent être envisagés, tels que la consommation d’aliments contenant des sucres naturels (fruits, aliments et boissons non sucrés…) ». Et ce d’autant plus que de potentiels effets indésirables de l’utilisation d’ENS sur le long terme ont aussi été décelés (risque accru de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de mortalité chez les adultes).
Des données récentes de la cohorte française Nutri-Net Santé ont par exemple retrouvé consommation d’édulcorants était associée à une augmentation du risque de cancer et de maladies cardiovasculaires – avec des associations particulièrement prononcées pour l’aspartame concernant le risque cérébrovasculaire et le sucralose pour le risque de maladie coronaire.
« Les édulcorants non sucrés ne sont pas des aliments essentiels et n’ont pas de valeur nutritionnelle », précise ainsi l’OMS. Au lieu de remplacer les sucres libres par ces ENS, « c’est l’alimentation très sucrée en général qui devrait être revue à la baisse, dès les premières années de vie, dans le but d’améliorer la santé. »
Cette recommandation inclut tous les édulcorants non nutritifs (qu’ils soient synthétiques, naturels ou modifiés) qui ne sont pas classés comme sucres dans les aliments et les boissons manufacturés, et ceux vendus seuls pour être ajoutés aux aliments et aux boissons par les consommateurs. Elle ne concerne pas les produits d’hygiène et de soins contenant des ENS (dentifrices, crèmes pour la peau, médicaments) ni les sucres hypocaloriques et alcools de sucre (polyols) ; ces derniers sont des sucres ou des dérivés de sucre contenant des calories et ne sont donc pas considérés comme des ENS. L’OMS précise par ailleurs que cette recommandation de ne pas utiliser les ENS ne s’applique pas aux personnes souffrant d’un diabète préexistant.
Enfin, cette recommandation a été classée pour le moment comme « conditionnelle », étant donné que des facteurs confondants sont présents dans les études disponibles (caractéristiques des participants, modalités d’utilisation variables des ENS…). L’OMS signale donc que les politiques publiques à ce sujet doivent faire l’objet de discussions approfondies et adaptées aux contextes particuliers (par exemple la consommation d’ENS dans différents groupes d’âge).
Qu’en retenir ?
La consommation d’édulcorants non sucrés n’est pas recommandée comme une stratégie de long terme pour la perte de poids et la réduction du risque métabolique. Elle n’a pas de bénéfice prouvé et pourrait être associée à des risques.
La modification générale des régimes très sucrés devrait être, au lieu du remplacement des sucres par les édulcorants, au premier plan de la prévention en santé :
- Réduire dès le plus jeune âge le goût pour une alimentation très sucrée
- Apprendre à manger sans sucres ajoutés
- Ne pas utiliser les « sucrettes »
- Opter pour les sucres naturellement présents dans les aliments : fruits, etc.
Mallordy F, Nobile C. Édulcorants : quels risques ? Rev Prat (en ligne) 26 septembre 2022.