Une étude américaine incluant 13 cohortes observationnelles parue dans le Lancet pointe du doigt le risque de l’exposition prénatale à certains phtalates : ces composants seraient en cause dans un nombre important de naissances prématurées.

Famille d’additifs assouplissants présents dans de nombreux plastiques dont des emballages alimentaires et certains jouets pour enfants, les phtalates font l’objet d’une surveillance accrue depuis que plusieurs études épidémiologiques d’envergure, en France et ailleurs, ont démontré la présence de métabolites de ces substances dans les urines de la grande majorité de la population. Des revues systématiques récentes suggèrent que cette présence des phtalates dans l’organisme n’est pas anodine ; par exemple, l’exposition prénatale à ces molécules est un facteur de risque d’accouchement prématuré.

Pour aller au-delà de la simple corrélation et établir un lien solide de causalité, des médecins et épidémiologistes américains ont étudié de manière prospective des données américaines issues de 13 cohortes observationnelles. Ils en ont extrait 5 006 dyades mère-enfant propres à l’analyse statistique. Cette dernière consistait à corréler le poids à la naissance, la taille à la naissance ou encore la prématurité de l’enfant avec la présence dans l’urine maternelle (au moins un échantillon d’urine pendant la grossesse) de 20 métabolites des phtalates. Les résultats ont été publiés en février dans le Lancet Planetary Health.

En extrapolant les données issues de cette étude, les chercheurs ont estimé que sur environ 379 930 naissances prématurées en 2018 aux États-Unis, environ 56 095 l’étaient en raison d’une exposition prénatale aux phtalates, soit 14,8 % d’entre elles – avec un intervalle d’estimation allant de 24 003 naissances (6,3 % des prématurés) à 120 116 (31,6 %). Cette cause de prématurité représenterait un coût de 3,84 milliards de dollars par an aux États-Unis (1,63 milliard à 8,14 milliards). Des résultats qui suggèrent une marge d’action substantielle pour limiter le nombre de prématurés, concluent les auteurs, mais aussi le besoin de réguler davantage l’utilisation des phtalates.

Pour en savoir plus
Trasande L, Nelson ME, Alshawabkeh A, et al. Prenatal phthalate exposure and adverse birth outcomes in the USA: a prospective analysis of births and estimates of attributable burden and costs. Lancet Plan Health 2024;8(2):E74-85.