Le modèle physiopathologique 1 + 2 + 3, dit de Bouchon, s’applique à la chute ; cette dernière correspondant à la décompensation lorsque le niveau d’insuffisance est atteint. Ainsi, le 1 équivaut au vieillissement, le 2 représente les facteurs prédisposants ou favorisants, et le 3 correspond aux facteurs précipitants ou déclenchants qui sont soit intrinsèques, soit extrinsèques.
Le vieillissement entraîne une diminution progressive des capacités fonctionnelles des organes et de la capacité d’adaptation de l’individu aux conditions environnementales variables. Cependant, seul, il n’aboutit pas à la décompensation.
Les facteurs prédisposants correspondent aux affections chroniques prédisposant à des troubles de l’équilibre et de la marche. Ce sont par exemple des affections neurologiques (maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson, séquelles d’accident vasculaire cérébral, neuropathie diabétique, médicamenteuse ou toxique), cardiovasculaires (insuffisance cardiaque chronique, trouble du rythme ou de la conduction…), pulmonaires (insuffisance respiratoire chronique…), ostéoarticulaires (arthrose, hallux valgus…), musculaires, ophtalmologiques (cataracte, dégénérescence maculaire liée à l’âge, glaucome chronique…) ou atteintes d’autres organes.
Les facteurs précipitants consistent en des situations aiguës entraînant la chute, sur un terrain vieillissant et en présence d’affections chroniques se compliquant de troubles de l’équilibre et de la marche. Ils sont soit intrinsèques, soit extrinsèques. Les premiers correspondent à des maladies aiguës telles qu’une fibrillation atriale, un infarctus du myocarde, une embolie pulmonaire, un accident vasculaire cérébral, un trouble hydroélectrolytique, une infection, ou la prise d’un médicament. Les seconds sont environnementaux.
Un réflexe pharmacovigilant est indispensable, même vis-à-vis des médicaments habituels, car ils peuvent à tout moment occasionner des effets insérables (changement de dose ou d’horaire de prise, modification de l’absorption ou de l’efficacité en cas d’affection intercurrente…).

Évaluation de la posture et de la motricité

Le médecin doit connaître les tests d’évaluation de l’équilibre et de la marche. Il doit aussi pouvoir réaliser les plus simples, ne nécessitant aucun équipement particulier, et moins chronophages, parmi lesquels le passage assis-debout/debout-assis, la station debout, la marche, la vitesse de marche et l’appui unipodal.

Syndrome de désadaptation psychomotrice


Initialement décrit sous l’appellation syndrome de régression psychomotrice, le syndrome de désadaptation psychomotrice correspond à une décompensation de la fonction posturale, de la marche et des automatismes psychomoteurs, consécutive à un trouble de la programmation posturomotrice liée à des anomalies des structures sous-corticofrontales. Cliniquement, le syndrome de désadaptation psychomotrice associe :
troubles posturaux (rétropulsion avec flexion des genoux ou non) ;
altérations aspécifiques de la marche, lorsqu’elle est possible, avec marche à petits pas glissés, augmentation du temps de double appui au sol, absence de déroulement du pied au sol, demi-tour décomposé ;
anomalies neurologiques dont une akinésie, une hypertonie oppositionnelle, une réduction voire une perte des réactions d’adaptation posturale et des réactions parachutes ;
et troubles psycho-comportementaux qui permettent de distinguer deux formes du syndrome de désadaptation psychomotrice. La forme aiguë, véritable sidération des automatismes psychomoteurs, comporte une phobie de la marche et de la verticalisation, ainsi qu’une anxiété, tandis que la forme chronique se traduit sur le plan psycho-comportemental par une brady­psychie, une aboulie et une démotivation.
Le syndrome de désadaptation psychomotrice résulte de l’addition des trois facteurs du modèle physiopathologique 1 + 2 + 3 : vieillissement (réduction des réserves fonctionnelles sous-cortico-­frontales), maladies chroniques (dégénératives, vasculaires…) et facteurs aigus organiques (altérant le flux sanguin cérébral) ou fonctionnels (chute, non-utilisation).•

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