Pierre Gallois nous a quittés au terme d’une longue vie entièrement consacrée à la médecine et à la formation continue des médecins. Perpétuel agitateur d’idées, pionnier de la médecine interne, chef de service à l’hôpital de Mâcon, il n’eut de cesse de mettre en avant la médecine générale et de toujours replacer la personne, et non la maladie, au centre de la démarche médicale.
Unanimement reconnu par ses pairs, il fut toujours très actif au sein de nombreuses commissions et institutions, notamment au conseil scientifique de l’Agence nationale pour le développement de l’évaluation médicale (Andem) à ses débuts, précurseur de l’actuelle Haute Autorité de santé (HAS). Directeur d’enseignement clinique à la faculté de médecine de Lyon, membre de la commission de médecine générale de cette même faculté, il fut l’auteur de nombreuses études et rapports sur la formation du généraliste et sur la formation médicale continue et, en 1981, d’un rapport au ministre de la Santé de l’époque sur l’organisation des soins.
Dès l’origine du concept de formation médicale continue, il fut président fondateur de l’Association pour la formation médicale continue (Asformed) puis, en 1978, coprésident fondateur de l’Union nationale pour la formation médicale continue (Unaformec), à laquelle il est resté toujours très attaché jusqu’à ses derniers jours. Il y fut, entre autres, responsable du centre de documentation, et a participé à la création de la revue Prescrire (directeur de la publication jusqu’en 1987), puis en 2006 de la revue Médecine.
Toujours d’une hospitalité légendaire, il savait aussi se montrer d’une rigueur et d’une exigence absolue sur la lecture et l’analyse des données scientifiques, mises en perspective avec les attentes et les besoins du patient. Il n’acceptait jamais aucun compromis, pas plus que sur le concept de la relation entre le patient et son médecin. Ses derniers ouvrages, Mieux soigner, comment concilier le scientifique et l’humain et Médecine au quotidien… Soigner et prendre soin : le malade autant que la maladie, sont les marques de cet engagement.
Nombreux sont ses amis aujourd’hui dans la peine, qu’il aimait appeler ses complices. Tous savent ce qu’ils lui doivent, notamment l’accompagnement tout au long de ces années dans l’apprentissage de l’analyse et de l’écriture, mais aussi dans la critique tout aussi sévère qu’amicale.
Pierre Gallois, un humaniste qui aura marqué indéfectiblement ces cinquante dernières années, laisse à la fois un grand vide et un héritage considérable.