Une enquête visant à identifier les possibilités d’amélioration du traitement de l’infarctus cérébral aigu a évalué l’accès aux traitements validés en France et l’a comparé à celui offert en Allemagne et en Italie. Au terme de cette enquête, les auteurs ont identifié quatre actions possibles :- augmenter le nombre des patients traités : en effet, la France a un déficit en lits de soins intensifs neurovasculaires, avec 13,5 lits par million d’habitants par rapport à l’Allemagne et à l’Italie, qui ont respectivement 29,9 et 23,2 lits par million d’habitants. La France a aussi un déficit en centres de thrombectomie avec 0,6 centre par million d’habitants, contre respectivement 1,8 et 1 centre par million d’habitants en Allemagne et en Italie. La France réalise également moins de thrombolyses intraveineuses (TIV) avec 203 TIV par million d’habitants contre 402 en Allemagne, et moins de thrombectomies mécaniques (TM) avec 104 TM par million d’habitants contre 194 en Allemagne. Enfin, il existe en France une disparité territoriale importante en lits de soins intensifs neurovasculaires ;- réduire les contre-indications à la TIV aux seuls patients à très haut risque hémorragique ;- sélectionner les candidats à une reperfusion cérébrale en fonction de l’état du parenchyme cérébral plutôt qu’en fonction des délais de prise en charge en s’aidant des séquences de diffusion et de perfusion de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ;- explorer des stratégies nouvelles : progression de la prise en charge préhospitalière avec des unités neurovasculaires mobiles ; utilisation de ténectéplase ou de l’activateur plasmatique du plasminogène recombinant (rt-PA) à dose réduite pour la TIV ; amélioration des indications et des techniques de la TM, sans oublier la création de lits de rééducation pour favoriser la récupération fonctionnelle précoce des patients.Il existe donc en France une marge de progression importante dans le traitement de l’ischémie cérébrale aiguë.
Didier Leys, professeur honoraire de neurologie, université de Lille, et Jean-Louis Mas, professeur émérite de neurologie, université de Paris, France
29 novembre 2022