Les compléments nutritionnels oraux (CNO) font partie de l’arsenal thérapeutique contre la dénutrition. Ils peuvent être, à tort, confondus avec les compléments alimentaires (minéraux, oligo-éléments, vitamines…) qui n’ont pas vocation à traiter la dénutrition.
Les CNO correspondent à des denrées alimentaires destinées à des fins médicales spéciales (DADFMS) et sont régis par l’arrêté du 7 mai 2019 (liste des produits et prestations remboursables [LPPR] prévue à l’article L.165-1 du code de la sécurité sociale, NOR : SSAS1913497A). Les CNO sont prescrits en complément de l’alimentation et de façon transitoire (sauf exceptions), chez le patient ayant une fonction intestinale normale, après évaluation de ses besoins nutritionnels, de sa situation (capacités à s’alimenter, contraintes) et en adéquation avec ses souhaits (figure).

Quels CNO pour quelles indications et stratégies ?

Les CNO sont des produits denses en énergie et/ou protéines, indiqués quand l’alimentation spontanée est insuffisante par rapport aux besoins nutritionnels.

Une composition riche en calories et protéines

Ils sont hyperénergétiques (densité variant de 1,5 à 2,4 kcal/mL ou g). Les CNO (hors forme biscuits, pain brioché) sont dosés de 125 à 300 mL pour les formes liquides, et de 125 à 200 g pour les pots, soit 200 à 720 kcal/unité, ce qui représente une différence importante d’un CNO à l’autre. Les apports en protéines varient quant à eux de 8 à 30 g/unité, selon le type et le volume.
L’évaluation initiale du patient permet de choisir les CNO les plus adaptés à sa pathologie et aux restrictions éventuelles (par exemple protéines, potassium selon le stade de l’insuffisance rénale). Il n’y a pas de contre-indication à proposer des CNO en cas de diabète (choix de CNO à index glycémique moyen ou bas, sans forcément recourir à un CNO édulcoré). Certains CNO contiennent également des fibres.
Une liste non exhaustive de CNO disponibles sur le marché est consultable sur le site de la Société francophone de nutrition clinique et métabolisme (https://sfncm.org/images/stories/Outils/Outils_labelises/2021/EQUIV-CNO.pdf).

Adapter formes et quantités

Il est possible d'optimiser les prises alimentaires des repas par la prescription de CNO hypercaloriques hyperprotidiques, de type préparations céréalières au petit déjeuner, de CNO au goût neutre ou nature, et de CNO sous forme de potages ou de desserts (yaourt, crème dessert, biscuit, compote).
Si le patient est rapidement limité par les volumes lors des repas, il est intéressant d’introduire les CNO en collations et sous forme concentrée.
Le nombre de CNO administrés quotidiennement dépend de la stratégie nutritionnelle. La recommandation de la Haute Autorité de santé pour les personnes âgées est d’atteindre un apport alimentaire supplémentaire de 400 kcal/j et/ou de 30 g de protéines par jour.

Prodiguer des conseils pratiques

Pour faciliter la tolérance digestive, une prise par petites quantités peut être recommandée (une fois ouvert, le CNO peut se conserver 2 heures à température ambiante et jusqu’à 24 heures au réfrigérateur). Les CNO sont souvent mieux appréciés lorsqu’ils sont consommés frais. Certains peuvent se tiédir (arômes vanille, chocolat, café), ou se congeler façon crème glacée. Si le patient redoute les CNO très sucrés, il est possible de les diluer.

Favoriser la prise et l’observance

Pour limiter les réticences (idées reçues, mauvaises expériences antérieures ou celles de proches), il est indispensable d’accompagner la prescription par des conseils pratiques (intérêt du soutien personnalisé avec un diététicien1), et par des explications sur l’efficacité des CNO (recommandations de grade A sur la reprise de poids, diminution de complications, meilleure récupération fonctionnelle2).
La première prescription est effectuée pour un mois maximum (première délivrance de 10 jours, évaluation ensuite par le pharmacien pour adapter les CNO si besoin). Le renouvellement de l’ordonnance par le médecin est possible pour trois mois maximum après réévaluation du patient, de la tolérance et de l’observance.
L’accompagnement du patient est l’affaire de tous, soignants comme aidants, à l’hôpital comme en ville. Une bonne observance est associée à une réduction du risque d’hospitalisation sans surcoût de santé.3 

Références

1. Schuetz P, Fehr R, Baechli V, Geiser M, Deiss M, Gomes F, et al. Individualised nutritional support in medical inpatients at nutritional risk: a randomised clinical trial. The Lancet. 2019;393(10188):2312-21.
2. Volkert D, Beck AM, Cederholm T, Cruz-Jentoft A, Goisser S, Hooper L, et al. ESPEN guideline on clinical nutrition and hydration in geriatrics. Clin Nutr. 2019;38(1):10-47.
3. Seguy D, Hubert H, Robert J, Meunier JP, Guérin O, Raynaud-Simon A. Compliance to oral nutritional supplementation decreases the risk of hospitalisation in malnourished older adults without extra health care cost: Prospective observational cohort study. Clin Nutr. 2020;39(6):1900-7.

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