Les plaquettes, anucléées, sont les plus petits éléments figurés du sang. Leur rôle principal consiste à arrêter ou à prévenir les saignements, mais elles sont également impliquées dans d’autres fonctions comme l’immunité, l’inflammation ou la progression tumorale. L’essor des biotechnologies et les connaissances acquises sur les mécanismes qui régulent leur biogenèse permettent aujourd’hui d’envisager la production de plaquettes de culture, disponibles à la demande et immunologiquement compatibles. Cette production repose sur trois piliers : la cellule source, une méthode de culture (14 jours) et un dispositif de libération permettant leur la séparation des mégacaryocytes. Dès lors, ce type de produit pourrait trouver sa place pour relever un certain nombre de défis transfu-sionnels, comme l’allo-immunisation ou les états réfractaires. Cependant, les rendements de culture restent faibles et de nombreux obstacles doivent encore être franchis avant d’envisager une application en transfusion. Les principaux arguments qui motivent la production de plaquettes de culture à visée transfusionnelle sont la menace de pénurie, le risque de contamination et le risque immunologique. Les voies d’amélioration sont : atteindre une efficacité suffisante d’amplification des progéniteurs mégacaryocytaires (CD34+ CD9- CD41+ préalablement rendus universels), obtenir un niveau de maturation des mégacaryocytes proche de celui qui existe dans la moelle osseuse, libérer plus efficacement les plaquettes à partir de mégacaryocytes matures, démontrer les propriétés et les qualités hémostatiques des plaquettes après transfusion, réduire les coûts (montée en échelle, développement des bioréacteurs, simplification des milieux), enfin atteindre une production à l’échelle industrielle. Ainsi, il est raisonnable d’envisager que les plaquettes de culture puissent à l’avenir complètement remplacer le don de sang volontaire, bénévole et anonyme.

Catherine Strassel, Université de Strasbourg, Inserm BPPS UMR-S 949

29 juin 2021