La représentation de la schizophrénie s’est transformée au cours des dernières décennies. Longtemps considérée comme une maladie au pronostic inéluctablement péjoratif, il est maintenant admis que son évolution est souvent favorable. Parallèlement, le concept de staging a fait son apparition dans le champ de la psychiatrie, distinguant les stades cliniques comme autant d’étapes distinctes répondant à une physiopathologie et des modalités de prise en charge spécifiques. L’attention s’est alors portée sur les phases précoces de la schizophrénie, notamment les signes annonciateurs de la maladie. Dès lors, une caractérisation précise de ces prodromes a été établie. L’ambition est non seulement de débuter la prise en charge au plus tôt afin d’optimiser le pronostic mais également de cerner les sujets à risque qui développeront la maladie, c’est-à-dire qui effectueront une transition psychotique. Identifier des marqueurs de cette transition constitue ainsi une préoccupation centrale et continue des cliniciens et des chercheurs. Plusieurs aspects liés au comportement ont été décrits et ont pu être associés à une valeur prédictive, tels que des symptômes négatifs, des troubles de la pensée, le déclin du fonctionnement social ou encore les troubles du contrôle de l’agressivité. Il est intéressant de remarquer que certaines particularités des symptômes caractéristiques de la phase prodromique rejoignent les descriptions physiopathologiques des auteurs plus anciens.
Éric Fakra, service de psychiatrie, CHU de Saint-Étienne, France
15 février 2022