Approuvé récemment par la FDA, l’anticorps monoclonal teplizumab est le premier traitement capable de ralentir l’apparition du diabète de type 1 chez les personnes à haut risque, et ouvre la voie à un nouveau défi : la prévention des maladies auto-immunes.

Lorsqu’un patient est diagnostiqué diabétique de type 1, ses apparentés ont un risque important de développer la maladie, surtout s’ils ont un haplotype à risque et s’ils ont déjà des anticorps anti-pancréas. Retarder la progression du diabète, en particulier chez les enfants, est un défi majeur, compte tenu du fardeau que représente la gestion quotidienne de cette maladie. Le 17 novembre 2022, la FDA approuvait le teplizumab, premier médicament capable de modifier la trajectoire de la maladie. L’anticorps monoclonal anti-CD3 a su convaincre l’agence américaine, notamment lors d’un essai de phase 2 randomisé mené contre placebo sur 76 personnes à risque de développer un diabète de type 1, et dont les résultats ont été publiés en 2019 dans le NEJM, complétés par ceux d’une étude parue en 2021 dans Science Translational Medicine.

Les sujets inclus dans cette étude étaient des personnes non diabétiques âgées de 8 ans ou plus et membres d’une famille de diabétiques de type 1 à haut risque de développer la maladie : ils avaient au moins deux auto-anticorps liés au diabète de type 1 (dans 2 échantillons prélevés dans les 6 mois avant la randomisation) et une anomalie au test oral de provocation du glucose avant inclusion. Les patients recevaient soit un traitement par voie intraveineuse pendant 14 jours (N = 44 personnes, 14 ans d’âge médian), soit une solution saline placebo (N = 32 personnes, 13 ans d’âge médian). La durée de suivi était comprise entre 2 mois et 7 ans (durée médiane de 2 ans et demi). Le critère principal d’évaluation était le temps écoulé entre la randomisation et le diagnostic clinique du diabète. Au total, 42 participants (55 %) ont développé un diabète de type 1. Dix-neuf des participants ayant reçu le teplizumab (43 %) ont développé la maladie auto-immune, contre 23 des participants ayant reçu le placebo (72 %), soit un hazard ratio significativement inférieur dans le groupe traité (HR = 0,41, intervalle de confiance à 95 % = [0,22 ; 0,78]). La durée médiane de diagnostic était de 48,4 mois dans le groupe teplizumab et de 24,4 mois dans le groupe placebo. Lorsque l’étude a été prolongée de 12 mois, les patients traités avec le teplizumab développaient des symptômes de la maladie presque 3 ans après ceux du groupe placebo.

Les effets secondaires associés au traitement par teplizumab ont été des lymphopénies, observées chez 75 % des patients pendant les 30 premiers jours après l’administration, qui étaient toutefois transitoires (résorbées au 45e jour sauf chez un patient au 105e jour) et des éruptions cutanées spontanément résolutives (36 % des patients).

Bien que l’étude soit très petite en termes d’effectifs et que l’effet soit limité dans la durée, l’approbation par la FDA de ce médicament, qui reste toutefois très cher – 182 000 euros la thérapie – représente un tournant d’un point de vue scientifique : c’est le premier traitement capable de retarder une maladie auto-immune.

Ces résultats suscitent un espoir chez plusieurs équipes cherchant à retarder l’apparition d’autres maladies auto-immunes. Ainsi, des scientifiques travaillent aujourd’hui à montrer que l’abatacept, un immunosuppresseur, retarde l’apparition de l’arthrite rhumatoïde. D’autres scientifiques ont confirmé en novembre dernier, dans un essai clinique randomisé, que le diméthyle fumarate diminuait le risque de symptômes neurologiques chez les personnes montrant des premiers signes de sclérose en plaques.

Pour en savoir plus
Dolgin E. How a pioneering diabetes drug offers hope for preventing autoimmune disorders.  Nature 15 février 2023.
U.S. Food & Drug. FDA Approves First Drug That Can Delay Onset of Type 1 Diabetes.  FDA News release 17 novembre 2022.
Sims EK, Bundy BN, Stier K, et al. Teplizumab improves and stabilizes beta cell function in antibody-positive high-risk individuals.  Sci Transl Med 2021;13(583).
Herold KC, Bundy BN, Long SA, et al. An anti-CD3 antibody, teplizumab, in relatives at risk for type 1 diabetes.  N Engl J Med 15 août 2019.
Marcellin V. Diabète de type 1 et perspectives de nouveaux traitements.  Faculté de pharmacie d’Aix-Marseille Université 2 juillet 2023.