Dans le plan « Ma santé 2022 », le gouvernement souhaite développer la place de la prévention en santé. Un budget de 400 millions d’euros sur 5 ans lui est ainsi alloué. Quatre niveaux sont décrits : primaire (éviter la survenue des maladies), secondaire, tertiaire et quaternaire (diminuer la durée de la maladie, réduire les complications et l’invalidité secondaire).
Ses champs d’application s’étendent au-delà de la seule sphère médicale. Mais « les politiques de santé ont longtemps été articulées autour du tout- curatif. Cette orientation a pu être renforcée par la pratique libérale, payée à l’acte, avec des consultations motivées par une demande du patient. Le temps de prévention ne peut, dans ce cas, qu’être résiduel », déplore Laurent Rigal (Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations de Villejuif, Inserm U118). En effet, les consultations chez un médecin, quelle que soit sa spécialité, aboutissent dans plus de 90 % des cas à la rédaction d’une ordonnance (étude Ipsos-Cnam 2005).
Le développement d’action de prévention ne peut être que pluriprofessionnel via la collaboration des divers acteurs concernés : professionnels de santé, institutions du domaine sanitaire (HAS, Anses, HCAAM…), d’autres ministères (éducation, économie, Environnement…), mais aussi industries et médias.
En ville, les médecins disposent de peu de cotations spécifiques pour des consultations dédiées à la prévention. Il faudrait également développer une information ciblée (flyer, vidéo) qui pourrait être élaborée au niveau des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) puisque la prévention fait partie de leurs missions socles. Elles pourraient la diffuser sur l’ensemble du territoire, intervenir non seulement dans les cabinets médicaux mais aussi dans les collèges et lycées directement ou via le service sanitaire. Ce dernier, mission nouvelle et obligatoire pour les étudiants en santé, consiste à participer à des actions de prévention et dépend actuellement des facultés. Le coconstruire avec les CPTS permettrait aux étudiants de découvrir des territoires, première étape d’une future installation…
La santé des populations dépasse largement le domaine médical : l’agro-alimentaire (qualité des produits et processus de fabrication), les transports (qualité de l’air), l’industrie (émissions polluantes, protection des travailleurs), l’école (éducation à la santé, à l’écologie)...
Une prévention de qualité doit être fondée sur des connaissances, régulièrement mises à jour, émanant de recherches indépendantes, elles-mêmes évaluées par des organismes sans lien avec les lobbies industriels et politiques. Comment élaborer des recommandations sur une alimentation équilibrée quand les études sont financées en partie par l’industrie agro-alimentaire ? Le développement d’une recherche populationnelle et de soins primaires apparaît alors nécessaire.
Les actions de prévention doivent s’inscrire dans le système de santé, mais elles concernent aussi tous les domaines de la vie. Prévention primaire et promotion de la santé doivent respecter plusieurs critères de qualité : indépendance, communication adaptée, gratuité pour le patient.