La HAS vient de recommander, en alternative à l’immunisation des nourrissons par nirsévimab, un vaccin contre le VRS qui peut être administré aux mères en fin de grossesse. Quelles sont les données d’efficacité et sécurité, et les modalités pratiques de la vaccination ? Quels critères pour aider les parents à choisir entre les deux stratégies de protection ?

Actuellement, l’immunisation des nourrissons contre le VRS repose sur l’administration :

  • de l’anticorps monoclonal nirsévimab (Beyfortus ) aux nourrissons avec ou sans facteurs de risque au cours de leur première saison de circulation du VRS ;
  • de l’anticorps monoclonal pavilizumab (Synagis ) aux nourrissons à risque élevé d’infection grave (nés à 35 semaines d’âge gestationnel ou moins et âgés de < 6 mois au début de l’épidémie ; < 2 ans et traités pour dysplasie bronchopulmonaire au cours des 6 mois précédents ou atteints d’une cardiopathie congénitale avec retentissement hémodynamique), au cours de leur première saison de circulation du VRS, en seconde intention après le Beyfortus.

Après avoir confirmé récemment que le nirsévimab – dont le déploiement a été expérimenté pour la première fois en 2023 - 2024 – serait disponible à la saison 2024 - 2025, la HAS étoffe la stratégie de prévention contre les bronchiolites à VRS avec un nouveau vaccin maternel pour une immunisation passive du fœtus.

Il s’agit du vaccin RSVpreF (Abrysvo), à base d’une protéine bivalente de préfusion F du VRS, qui a reçu l’AMM européenne en 2023 . Il est ainsi recommandé chez les femmes enceintes avec une administration au 8e mois de grossesse.

Efficacité et sécurité

L’étude de phase III MATISSE, randomisée en double aveugle, a montré :

  • une réduction de 81,8 % des infections respiratoires sévères à VRS à 3 mois de naissance chez les nourrissons des mères vaccinées, et de 69,4 % à 6 mois ;
  • une réduction de 67,7 % des hospitalisations à 3 mois de naissance, et de 56,8 % à 6 mois.

Aucun signal de sécurité n’a été détecté chez les mères ni chez les nourrissons. L’incidence des effets indésirables rapportés dans le mois suivant l’injection ou la naissance était similaire dans le groupe vacciné (13,8 % des femmes et 37,1 % des nourrissons) et dans le groupe placebo (13,1 % et 34,5 % respectivement).

Pour la HAS, ces données étayent l’intérêt d’intégrer ce vaccin dans la stratégie. Néanmoins, en raison d’un potentiel sur-risque de naissances prématurées (non significatif pour ce vaccin mais ayant conduit à l’arrêt du développement d’un vaccin concurrent) et compte tenu du manque de données d’efficacité pour les prématurés, elle recommande : 1) de l’administrer uniquement entre 32 et 36 SA ; 2) de mettre en place une pharmacovigilance renforcée.

Modalités pratiques de la campagne vaccinale

La campagne de vaccination des mères aura lieu en amont du début de la période épidémique du VRS et jusqu’à sa fin (entre septembre et janvier), de façon concomitante avec la campagne d’immunisation par Beyfortus des nourrissons. Cette recommandation tient compte de la durée de la protection conférée par le vaccin (6 premiers mois après l’accouchement) et vise à améliorer l’adhésion des parents.

Le vaccin Abrysvo peut être administré en même temps que d’autres vaccins recommandés pendant la grossesse (grippe, Covid- 19), sauf pour le dTca, qui est administré entre 20 et 36 SA et avec lequel un intervalle minimum de 2 semaines est recommandé.

Beyfortus ou Abrysvo ?

La HAS a précisé que la vaccination maternelle et l’immunisation du nourrisson par anticorps monoclonaux sont deux stratégies alternatives et que « les parents pourr[ont] ainsi avoir le choix ».

Pour que les praticiens accompagnent ce choix, elle a mis à disposition un tableau récapitulatif des avantages et inconvénients (v. ci-contre) de chacune de ces deux stratégies, et publiera un document d’information destiné aux parents au démarrage de la campagne.  

Néanmoins, l’immunisation avec Beyfortus est à privilégier dans trois situations, en l’état actuel des connaissances :

  • lorsque la mère est immunodéprimée, en l’absence de données d’efficacité et d’immunogénicité du vaccin dans cette population ;
  • lorsque la vaccination de la mère n’est probablement pas efficace (nouveau-nés prématurés, intervalle de moins de 14 jours entre la vaccination et la naissance) ;
  • dans le cas d’une nouvelle grossesse chez une mère précédemment vaccinée avec Abrysvo, faute de données disponibles sur la sécurité et l’efficacité d’une revaccination lors d’une grossesse consécutive.

Au-delà de ces recommandations théoriques, des questions restent en suspens quant à la disponibilité et l’accessibilité de ces stratégies.

Pour la saison 2024 - 2025, le Beyfortus aura un prix de 401,80 € , avec un taux de remboursement de 30 % par l’Assurance maladie pour les indications thérapeutiques suivantes : nouveau-nés et nourrissons avec facteurs de risque éligibles au palivizumab et ceux avec ou sans facteurs de risque non éligibles au palivizumab, au cours de leur première saison de circulation du VRS. Mais les modalités de financement ne sont pas précisées.

Pour le moment, aucune information n’est disponible sur le prix ou le remboursement d’Abrysvo.

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