Mettre fin à l’épidémie du VIH reste un objectif d’actualité, et inspire des stratégies de prévention qui ont évolué avec le temps. Ainsi, l’ONUSIDA avait déterminé des cibles de prévention et de traitements à atteindre en 2020, résumés par une triade « 90-90-90 » (figure) :
  • 90 % de personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique ;
  • 90 % de toutes les personnes infectées par le VIH et dépistées reçoivent un traitement antirétroviral ;
  • 90 % des personnes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale durablement supprimée.
Pour répondre à ces objectifs, des outils de prévention ont depuis le début de l’épidémie été promulgués, afin d’éviter :
  • la transmission sexuelle : port du préservatif, dépistage rendu de plus en plus accessible, dans des centres de dépistage gratuits (centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic [CeGIDD]), traitement des IST, circoncision ;
  • la transmission sanguine : dépistage systématique lors des dons du sang et d’organes, accès large à du matériel stérile d’injection, traitement de substitution pour les utilisateurs de drogues intraveineuses.
En 2011, un essai randomisé montre que la mise en place rapide d’un traitement antirétroviral permet de diminuer de 95 % le risque de transmission à un conjoint séronégatif. Par la suite, la mise en place du traitement antirétroviral devient systématique quel que soit le stade de l’infection : on parle de « TasP » ou « treatment as prevention ». Cette stratégie est aussi valable dans la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Ainsi, en cas de suppression virologique (charge virale plasmatique indétectable) chez un patient séropositif, le risque de transmission est nul, quel que soit le type d’exposition, par voie sexuelle ou par effraction cutanée. Ce principe est représenté par le slogan « U = U » (undetectable means untransmittable) : « indétectable signifie non transmissible »). Ceci implique des répercussions immédiates dans la gestion des accidents d’exposition aux liquides biologiques, que nous avons développée dans ce chapitre.
En effet, la mise en place d’un traitement post-exposition (TPE), lorsqu’il est indiqué, est l’une des pierres angulaires des stratégies de prévention récentes contre la transmission du VIH.
En 2015, un essai est mené afin d’évaluer l’efficacité d’un traitement antirétroviral (emtricitabine-ténofovir DF), pris avant l’exposition, en prévention de l’infection par le VIH. C’est le début de l’ère de la « PrEP », ou prophylaxie pré-exposition.
Ainsi, l’association d’emtricitabine et de ténofovir DF est maintenant indiquée en tant que traitement préventif du VIH, chez des sujets particulièrement exposés au risque de transmission par voie sexuelle, en particulier les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) multipartenaires. Deux modalités de prises sont possibles chez les hommes : une prise discontinue (2 comprimés 2 h à 24 h avant le risque sexuel, puis 1 comprimé 24 h après la première prise, et encore 1 comprimé 48 h après la première prise) ou une prise quotidienne d’un comprimé par jour. Chez les femmes, seul le schéma continu est valable. La prescription d’un tel traitement suppose un suivi régulier, en règle générale trimestriel, comprenant un dépistage des IST adapté aux prises de risque du patient.
L’ensemble de ces efforts doit être maintenu afin de parvenir aux objectifs « 95-95-95 » définis par l’ONUSIDA pour 2030, en gardant à l’esprit que c’est actuellement le premier chiffre, reposant sur le dépistage, qui reste le moins satisfaisant.