1 En France, la majorité des cancers du poumon (85 %) surviennent chez des patients tabagiques ou tabagiques sevrés. La durée du tabagisme a un impact plus important que la quantité fumée sur le risque de cancer du poumon. Le tabagisme passif serait responsable d’environ 25 % des cancers du non-fumeur. La prévention est donc un axe majeur : éviter que les jeunes s’initient au tabac et favoriser le sevrage tabagique. Le sevrage diminue significativement le risque de survenue d’un cancer du poumon quel que soit l’âge auquel le tabac est interrompu.
2 Les mesures pour favoriser le sevrage tabagique comportent les mesures de santé publique pour « dénormaliser » le tabac (paquet neutre, interdiction de la publicité, augmentation du prix) et les traitements qui ont démontré leur efficacité dans le sevrage tabagique associés aux thérapies cognitives et comportementales.
3 D’autres cancérogènes tels que le radon ou l’amiante augmentent le risque de cancer du poumon ; pour l’amiante, ce risque est plus qu’additif avec le tabac. Si une exposition à l’amiante dans le cadre professionnel est suspectée, une demande de reconnaissance de maladie professionnelle (Tableau 30 bis) doit être faite.
4 Quel que soit le stade du cancer, le sevrage tabagique est bénéfique et doit être encouragé. Dans les stades localisés, la poursuite du tabac est associée à une diminution de la survie par augmentation du risque de récidive, de développer un deuxième cancer, et du fait du risque cardiovasculaire. Chez les patients opérables, le sevrage diminue de moitié les complications postopératoires. Le tabac est un inducteur enzymatique et peut modifier le métabolisme de certains médicaments. Dans les stades métastatiques, plusieurs études suggèrent aussi un bénéfice du sevrage.
5 Seul le scanner thoracique faiblement dosé sans injection de produit de contraste a démontré son efficacité comme moyen de dépistage des cancers du poumon. En effet, deux études de grande ampleur ont montré une réduction ­significative de la mortalité par cancer du poumon entre 20 et 25 % chez les sujets randomisés dans le groupe « scanner ». Le bénéfice est donc incontestable et se traduit même par une diminution de la mortalité globale de 6,7 %, ce qui est exceptionnel. L’impact du dépistage des cancers du sein ou du côlon sur la survie globale est moindre.
6 Associé au sevrage tabagique, le bénéfice du dépistage est encore plus important.
7 Tous les fumeurs ne doivent pas être dépistés. Le bénéfice du dépistage a été prouvé chez des sujets de 50 à 74 ans ayant fumé plus de 15 cigarettes par jour pendant au moins 25 ans ou plus de 10 cigarettes par jour pendant au moins 30 ans, sevrés depuis moins de 10 ans et aptes à recevoir un traitement curatif.
8 Plusieurs questions restent non résolues, en particulier le rythme des scanners et la place des biomarqueurs.
9 Tout dépistage organisé implique une organisation et un financement. Favoriser l’adhésion de la population éligible sera un enjeu important.
10 Aujourd’hui, il n’y a pas de dépistage organisé des cancers du poumon en France. Plusieurs sociétés savantes et associations de patients ­appellent à l’implémentation de ce dépistage au vu des bénéfices majeurs attendus.