Très attendus, les résultats d’une nouvelle étude de pharmaco-épidémiologie sur le risque de méningiome associé aux progestatifs et à la progestérone viennent d’être publiés. Certains produits seraient incriminés, mais pas d’autres…

Les progestatifs sont utilisés dans des nombreuses indications : pathologies gynécologiques (endométriose, fibromes, règles particulièrement longues et/ou abondantes, troubles du cycle), traitement hormonal substitutif (y compris ménopause), obstétrique (stérilité par insuffisance lutéale, avortements à répétition).

Entre 2019 et 2020, des études épidémiologiques successives d’Épi-phare ont démontré un surrisque de méningiome, qui augmente avec la dose cumulée reçue, pour trois progestatifs (Androcur, Lutenyl, Lutéran et génériques). Ces derniers ont donc fait l’objet d’un changement des règles de prescription et renouvellement.

Mais des signalements de pharmacovigilance de méningiomes associés à d’autres progestatifs (médrogestone, progestérone 100 ou 200 mg, dydrogestérone et dienogest) ont suggéré un possible effet « classe » aussi pour toutes les autres molécules. Une alerte a ainsi été donnée par l’ANSM en mars 2023, suscitant toutefois une vive réaction de la part des sociétés savantes de gynécologie, inquiètes des conséquences de la médiatisation d’un tel message chez les femmes, alors qu’il s’agissait de « suggestions » d’un risque non évalué pour les progestatifs concernés.

Trois progestatifs incriminés, trois innocentées

Épi-phare a donc conduit une étude à partir des données du Système national des données de santé (SNDS), visant à évaluer chez les femmes le risque de méningiome intracrânien lié à l’utilisation de progestatifs (progestérone, médrogestone, médroxyprogestérone, dydrogestérone, promégestone, diénogest) et des dispositifs intra-utérins au lévonorgestrel.

Cette étude menée chez plus de 18 000 femmes opérées d’un méningiome et plus de 90 000 femmes « témoins » entre 2009 et 2018 montre que l’utilisation prolongée de promégestone (Surgestone 0,5 mg), de médrogestone (Colprone 5 mg) ou d’acétate de médroxyprogestérone (Depo Provera 150 mg / 3 ml) est associée à un surrisque de méningiome. Celui-ci est augmenté lorsque la durée d’utilisation de ces médicaments à la posologie autorisée par l’AMM dépasse 1 an, comme c’est le cas avec les acétates de chlormadinone (Lutéran et génériques), de nomegestrol (Lutényl et génériques) et de cyprotérone (Androcur et génériques). Les risques relatifs sont indiqués dans le tableau ci-contre.

Mais bonne nouvelle : pas de surrisque de méningiome avec les DIU au lévonorgestrel 13,5 et 52 mg ou l’exposition à la progestérone (par voie orale, intra-vaginale et cutanée ; Utrogestan et génériques) et à la dydrogestérone (Duphaston, Climaston).

Des études complémentaires sur le diénogest (Visanne et génériques), remboursé depuis 2020, sont à envisager. Pour rappel, la promégestone n’a plus d’AMM en France depuis octobre 2021.

Quelles conséquences ?

L’ANSM précise que nouvelle réunion du comité scientifique temporaire (CST) portant sur les progestatifs est prévue pour déterminer les mesures de protection à prendre concernant ces 3 progestatifs (promégestone, médrogestone, médroxyprogestérone) afin de réduire le risque de méningiome associé. Les sociétés savantes de gynécologie (CNGOF, GEMVI, CNEGM, FNCGM, SFG, CNPGO-GM, SEUD, FFER, SMR) et la Société française d’endocrinologie (SFE) ainsi que les autres parties prenantes qui ne peuvent être représentées au sein du CST, notamment en raison des règles déontologiques, ont été invitées à s’exprimer dans le cadre d’auditions lors du comité ou par une contribution écrite.

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