La médecine de précision doit permettre une optimisation thérapeutique en augmentant l’efficacité médicamenteuse, diminuant les effets indésirables et finalement réduisant les coûts. Elle est fondée sur la définition d’endotypes (clusters) pour classer les patients en groupes homogènes. Elle n’est applicable que si la maladie visée a une forte variabilité dans l’évolution, la gravité et les réponses thérapeutiques et si cette variabilité est prévisible au moment du diagnostic, avec une alternative thérapeutique.La médecine métabolique est à mi-chemin, avec une petite fraction croissante de patients éligibles à une médecine de précision. Il y a au moins 500 millions de diabétiques dans le monde, dont 90 % de type 2 (DT2), et ce nombre devrait dépasser 700 millions avant 2050. La médecine de précision est applicable au diabète du fait de sa nature multifactorielle à forte composante génétique : l’héritabilité du DT2 est d’environ 70 %. Une trentaine de gènes responsables du développement de formes monogéniques de diabète non auto-immun ont été identifiés : leurs mutations entraînent un diabète à début très précoce, généralement non associé à un surpoids et à forte pénétrance familiale. La totalité de ces gènes est exprimée dans les cellules bêta endocrines des îlots pancréatiques. Le diagnostic génétique a deux intérêts : il permet, d’une part, un conseil génétique familial et, d’autre part, l’identification de la mutation pour, dans 80 % des cas, mettre en route une thérapeutique de précision, adaptée à la mutation.Le principal obstacle à la généralisation de cette médecine génomique est l’absence d’accès facile et rapide au diagnostic génétique en France. Le développement de centres de diagnostic génétique à haut débit, accrédités par le Comité français d’accréditation (COFRAC) devrait changer la donne. Par ailleurs, fondés sur les données de l’analyse par GWAS (Genome-Wide Association Study, ou étude d’association pangénomique) de la gigantesque UK Biobank (500 000 personnes), des scores génétiques prédicteurs du risque de survenue tardive de DT2 ont été développés.
Philippe Froguel, 8199-EGID, Inserm, CNRS, Institut Pasteur de Lille, Lille, France, et Imperial College of London, Londres, Angleterre.
8 novembre 2022