La question de l’équité en santé et des effets des disparités sociales et culturelles sur la santé mentale a essentiellement été posée aux États-Unis et dans les pays anglo-saxons. L’analyse de la littérature internationale a permis de la poser pour la santé mentale des enfants et des adolescents. Les enfants migrants (de première et seconde génération) sont particulièrement vulnérables ; leur santé mentale est moins bonne que celle des enfants natifs et ils souffrent plus souvent de pathologies psychiques, tant en France que dans le monde. Ces disparités sont avant tout liées aux parcours de vie de leurs parents, ou à leur propre parcours, mais aussi à un accès plus difficile au système de soins pédopsychiatriques (question de langue, de représentations de leurs besoins) ; les discriminations et le racisme aggravent leurs souffrances psychiques. Ces discriminations appartiennent à la société et au champ de la santé. S’inspirer d’exemples de programmes, dans le monde, et de recherches transculturelles, en France, peut contribuer à protéger ces enfants et adolescents ainsi que leur famille. Ainsi, il convient de mieux évaluer et de valoriser leurs compétences langagières (outil ELAL [Évaluation langagière pour allophones et primo-arrivants] d’Avicenne), de mieux les évaluer sur le plan psychologique (test Temas [Tell-me-a-story]), de prendre en charge la souffrance des nourrissons et des enfants et d’essayer les psychothérapies transculturelles. La santé mentale des enfants de mi­grants reste négligée alors que son impact sur le bien-être des enfants et des adultes qu’ils deviendront, sur la santé publique et sur l’économie est très important.

Marie-Rose Moro, Maison de Solenn, maison des adolescents de l’hôpital Cochin, Paris.

1er mars 2022