Un travail paru dans Nature Medicine a essayé de répondre à cette question. Les chercheurs anglais ont utilisé les IRM fonctionnelles réalisées dans deux essais cliniques ayant testé l’efficacité antidépressive de la psilocybine. Dans le premier, les IRM étaient effectuées avant prise de psilocybine, puis un jour après (N = 16 patients). Dans le deuxième (évoqué précédemment), elles l’étaient avant la première prise de l’antidépresseur, puis 6 semaines après (N = 43 patients).
Les images du cortex cérébral des patients ont été segmentées en 100 régions d’intérêt, afin de calculer le niveau de ségrégation entre les réseaux cérébraux, ces régions cérébrales d’intérêt fortement interconnectées. Dans chacun des essais cliniques, l’effet antidépresseur de la psilocybine s’est avéré d’autant plus rapide, marqué et durable qu’il était corrélé à la diminution de la ségrégation entre réseaux cérébraux. Une corrélation qui ne se retrouvait pas avec l’escitalopram.
De fait, la psilocybine agit sur le cerveau en activant des neurones spécifiques aux réseaux cérébraux impliqués dans l’attention, la réalisation de tâches complexes et l’activité cognitive spontanée autocentrée. Or une ségrégation accrue de ces réseaux cérébraux est associée aux ruminations. La psilocybine tirerait donc ses propriétés antidépressives du recâblage de réseaux de neurones « encroûtés » dans l’introspection et la rigidité cognitive. De quoi faire entrer dans notre pharmacopée cette drogue relativement sûre, moyennant un étroit suivi médical.