La psilocybine – psychédélique dont les résultats contre la dépression s’accumulent et sont de mieux en mieux compris – serait-elle efficace dans le traitement de l’alcoolodépendance ? C’est ce que montre pour la première fois un essai randomisé en double aveugle contre placebo publié dans le JAMA Psychiatry. Explications…

Un essai ouvert publié en 2015 indiquait une bonne tolérance de la psilocybine par les patients alcooliques, et d’importantes réductions de consommation d’alcool sur 32 semaines. Mais l’efficacité de cette molécule n’avait pas été confirmée par une étude randomisée jusqu’à maintenant.

C’est donc chose faite : les auteurs ont mené un essai randomisé en double aveugle sur 95 participants alcoolodépendants non traités et ne consommant pas de psychédéliques (âge moyen = 46 ans ; 42 femmes).

Les participants dans le groupe « psilocybine » (49 personnes) ont reçu cette molécule (per os) durant 2 jours – le premier à la deuxième semaine de suivi (à la dose de 25 mg/70 kg), puis à la quatrième semaine du suivi (à une posologie de 30 à 40 mg/70 kg, en fonction de la réponse subjective au premier traitement) –, tandis que le groupe placebo (46 patients) a reçu, à la place, de la diphénhydramine, un antihistaminique (50 mg puis 100 mg).

Lors de chaque journée de prise médicamenteuse, les patients des deux groupes sont restés au moins 8 heures en session avec leur thérapeute à partir de leur prise médicamenteuse (9 h du matin), pour s’assurer de son bon déroulement. Tous les participants ont suivi 12 séances de psychothérapie – incluant notamment un entretien motivationnel et de la thérapie cognitivo-comportementale – étalées jusqu’à 1 mois après la dernière prise médicamenteuse.

Le critère de jugement principal était le pourcentage de jours de surconsommation d’alcool dans les 32 semaines de suivi.

Le pourcentage de jours de consommation excessive d’alcool à la 32e semaine plonge à 9,7 % dans le groupe traité à la psilocybine contre 23,6 % dans le groupe contrôle ayant pris de la diphénhydramine, soit une différence moyenne de 13,9 % qui s’avère significative (P = 0,01). Le nombre de jours de consommation d’alcool a également diminué dans le groupe traité à la psilocybine. Même si les auteurs notent que leur randomisation est peu efficace, puisque plus de 90 % des patients et des thérapeutes ont deviné l’attribution au groupe psilocybine ou placebo, ils concluent à la robustesse des effets de la psilocybine dans la diminution de la consommation alcoolique chez les patients alcoolodépendants.