Efia, 32 ans, consulte car, depuis quelques jours, elle se plaint d’une hypersialorrhée très handicapante. En effet, elle est obligée d’utiliser de manière régulière des mouchoirs car elle n’arrive pas à étancher une sécrétion salivaire continue. Même son sommeil est perturbé par une sensation d’oppression induite par l’accumulation de salive au niveau de l’œsophage. Elle est inquiète car elle est actuellement enceinte (fin du premier trimestre) et elle craint que cette situation ne soit à l’origine d’une fausse couche.
L’examen clinique se révèle tout à fait normal. En particulier l’examen de sa cavité buccale ne met en évidence aucune anomalie. Le diagnostic d’hypersialorrhée (ou ptyalisme) gravidique est posé.
Le ptyalisme gravidique est une hypersalivation observée le plus fréquemment en début de grossesse mais pouvant survenir à tous les trimestres de celle-ci. Il disparaît au décours de l’accouchement.1,4 En général peu ou mal connu des professionnels de santé, il est souvent classé dans les signes sympathiques de la grossesse.
Son incidence est mal définie : les études montrent une fréquence variant entre 0,08 et 2,4 %.1,2
Des différences ethniques en termes d’incidence sont décrites : les patientes originaires d’Afrique subsaharienne ou du Japon sont les plus concernées.1,3
C’est une affection bénigne mais dont le retentissement est important sur la qualité de vie des parturientes.
La physiopathologie du ptyalisme n’est pas encore bien élucidée.
Plusieurs hypothèses étiologiques sont évoquées :1,2,4
– une origine hormonale, avec l’implication des œstrogènes mais aussi de l’hormone chorionique (β-HCG) ;
– une origine infectieuse favorisée par une mauvaise hygiène buccodentaire et secondaire à une modification du pH salivaire sur syndrome dyspeptique ;
– une origine digestive, avec exacerbation d’un reflux gastro-œsophagien ;
– une hyperstimulation du nerf parasympathique.
Sur un plan clinique, les patientes décrivent souvent une sensation d’amertume buccale, et crachent sans cesse pour rejeter cet excès de salive qui les étouffe.1-3
L’hypersalivation peut engendrer des dysphonies, du fait de sa persistance. Des troubles digestifs (nausées et parfois vomissements, anorexie) sont également décrits, ainsi que des troubles du sommeil, avec une asthénie secondaire.
L’examen clinique est le plus souvent normal, mais il existe parfois un érythème des joues ainsi qu’une hypertrophie des glandes salivaires.
Aucun traitement n’a démontré son efficacité sur ce trouble.1-4 Certains recommandent une bonne hydratation et le recours à des gommes à mâcher.
Enfin, les médecines alternatives comme l’acupuncture ou l’hypnose sont une option.
1. Suzuki S, Fuse Y. Clinical significance of ptyalism gravidarum. Arch Gynecol Obstet 2013;287(4):629-31.
2. François K. L’hypersalivation gravidique, un symptôme invalidant. Sages-femmes 2020;19(1):37-9.
3. Bronshtein M, Gover A, Beloosesky R, et al. Characteristics and Outcomes of Ptyalism Gravidarum. Isr Med Assoc J 2018;20(9):573-5.
4. Nazik E, Eryilmaz G. Incidence of pregnancy-related discomforts and management approaches to relieve them among pregnant women. J Clin Nurs 2014;23(11-12):1736-50.
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