Punaises par-ci, punaises par-là
Ces dernières années, le nombre de punaises de lit est en constante augmentation. Le pourcentage de foyers infectés est passé de 7 % en 2014 à environ 11 % en 2023 en France, selon un rapport de l’Anses.
Les punaises sont redoutées pour leurs piqûres qui peuvent provoquer des lésions cutanées sous forme de maculopapules de 5 mm à 2 cm. Au centre peut s’y trouver une croûte hémorragique ou une vésicule de liquide clair.
Si ces lésions sont bénignes et il n’a jamais été démontré, à ce jour, une transmission à l’homme de l’un des 45 agents pathogènes hébergés par les punaises de lit (dont Bartonella spp.), l’infestation affecte la qualité de vie des personnes. Elle peut notamment engendrer des effets psychologiques liés à la privation de sommeil, au traumatisme d’être envahi et piqué par des insectes « invisibles » et à la difficulté de s’en débarrasser.
La psychose installée autour de ces insectes fin 2023 a incité plusieurs personnes à utiliser un insecticide interdit depuis 2013 en France, le Sniper 1000 EC DDVP contenant du dichlorvos. Cette substance active de la famille des organophosphorés est classée comme mortelle par inhalation et toxique par contact avec la peau ou par ingestion, et peut causer des symptômes respiratoires, oculaires, cutanés et neurologiques.
Entre juin 2018 et juin 2023, l’Anses et les Centres antipoison ont recensé 163 cas d’intoxications en lien avec ce produit. Fin 2023, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) en a saisi plus de 400 flacons, vendus dans des commerces et plateformes de vente en ligne ainsi que via les réseaux sociaux. Des intoxications ont été enregistrées, particulièrement en Seine-Saint-Denis.
Réagir pour éviter l’infestation
Dans ce contexte, l’Académie nationale de médecine a rappelé que le traitement d’une infestation doit privilégier les moyens de lutte mécaniques et thermiques (v. ci-dessous) et, surtout, que le moyen le plus sûr pour échapper à toute piqûre reste d’identifier ces nuisibles au plus vite.
La classe sociale n’étant pas facteur de différenciation, n’importe qui peut être confronté à une infestation.
L’Académie de médecine propose :
- d’informer le public sur l’intérêt et les moyens pour effectuer un diagnostic de l’infestation par les punaises de lit au domicile et, plus particulièrement, une fiche éducative pour signaler les comportements à risque lors de déplacements (v. encadré ci-dessous) ;
- d’alerter les habitants sur le risque de dissémination rapide des punaises de lit au sein d’un immeuble et sur la nécessité d’un traitement qui, pour être efficace, sera long et coûteux, en rappelant que les compagnies d’assurance ne sont pas actuellement concernées par la lutte contre ces nuisibles ;
- de créer des fiches signalant l’auto-contrôle lorsque cela est effectué par des professionnels ;
- d’insérer un volet sur les punaises de lit dans les politiques sur l’hygiène des lieux d’habitation.
Que faire en cas d’infestation ?
En cas d’infestation, il est conseillé d’appliquer en priorité des moyens de lutte mécaniques et thermiques pour désinfecter des vêtements et objets infestés :
- les congeler à – 20 °C pendant au moins 48 h.
- laver les vêtements en machine pendant au moins une heure à 60 °C.
- les nettoyer à la vapeur à 120 °C (efficace pour éliminer tous les stades évolutifs du parasite).
En cas d’échec, la lutte chimique est une étape réservée aux professionnels car les punaises de lit ont en effet développé des résistances à la quasi-totalité des insecticides en vente libre et ces derniers ont des risques importants lorsqu’utilisés sans précaution. Pour bien choisir un professionnel de la désinsectisation, s’assurer qu’il soit labellisé « punaises de lit » et qu’il possède un certificat Certibiocide en cours de validité délivré par le ministère de la Transition écologique. Une liste d’entreprises qualifiées et formées est disponible en ligne sur des sites gouvernementaux et sur cs3d-expertise-punaises.fr.
Mesures pour prévenir une infestation par des punaises de lit
Chez soi
- Rechercher sur soi et sur ses animaux de compagnie toute trace de piqûre. Chez l’homme, les lésions créées par les piqûres peuvent ne pas être ressenties : 20 % des personnes sont insensibles.
- Détecter la présence de taches de sang sur le lit.
- Repérer les œufs ainsi que les exuvies (mues) laissées.
- Inspecter régulièrement la literie et les autres endroits propices à un hébergement de punaises au domicile (chaises et sofas, murs et plafonds, plinthes, autres mobiliers et objets en bois tels que cadres, tables de chevet…)
- En cas de doute, il existe de nombreux tests complémentaires sur le marché, capables de détecter la présence de punaises vivantes ou mortes. Ce diagnostic peut être confirmé par le passage d’un chien renifleur de punaises, dressé et entraîné, qui est la méthode de diagnostic la plus efficace (taux de réussite de 97,5 %).
Hors de chez soi
- Vérifier minutieusement lit, meubles, murs et sièges avant d’y déposer des affaires personnelles dessus.
- Inspecter régulièrement les sites à risque de propagation (locations saisonnières, hôtels, cinémas, transports en commun…).
UFC Que choisir. Un insecticide interdit provoque des intoxications. 6 décembre 2023.
Anses. Cafards, punaises de lits… les autorités sanitaires réitèrent leur alerte sur les dangers liés à l’emploi d’insecticides interdits. 5 décembre 2023.
Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Punaises de lit ? L'État vous accompagne. 30 janvier 2024.
Martin Agudelo L. Oh, punaise ! Rev Prat (en ligne) 21 août 2023.
Anses. Rapport relatif aux punaises de lit : impacts, prévention et lutte. 12 juillet 2023.