Afin de répondre à cette question, une équipe de chercheurs a réalisé un essai ouvert randomisé multicentrique dans 44 hôpitaux chinois : 821 patients âgés de plus de 18 ans ayant subi une thrombectomie d’un large vaisseau intracrânien couronnée de succès et ayant une pression artérielle systolique élevée (> 140 mmHg pendant plus de 10 minutes) ont été aléatoirement répartis par un programme informatique dans deux bras, pour recevoir différents traitements antihypertenseurs en IV.
Le premier groupe (N = 404 patients analysés) a subi un traitement intensif, abaissant la pression artérielle systolique en-deçà de 120 mmHg pendant les 72 heures suivant la thrombectomie. Le deuxième groupe (N = 406 patients analysés), un groupe contrôle, a reçu un traitement plus modéré, visant simplement à maintenir la pression artérielle systolique entre 140 et 180 mmHg pendant les 72 heures suivant l’opération. Le critère de jugement principal était la récupération fonctionnelle 90 jours après l’AVC, en se basant sur l’échelle de Rankin modifiée (de 0 : pas de symptômes ; à 6 : décès). Les critères secondaires comprenaient le nombre de personnes atteintes de handicap majeur à 90 jours (score de 3 à 5 sur l’échelle de Rankin).
Les auteurs ont publié leurs résultats fin octobre dans le Lancet. La probabilité d’une moindre récupération fonctionnelle à 90 jours, le critère principal, s’avère plus importante dans le groupe ayant subi le traitement intensif (odds ratio (OR) = 1,37 ; intervalle de confiance à 95 % (IC95 %) = [1,07 ; 1,76]). Ce groupe montre également une détérioration neurologique précoce plus fréquente que le groupe contrôle (OR = 1,53 ; IC95 % = [1,18 ; 1,97]), ainsi qu’un risque plus important de handicap majeur à 90 jours (43 % vs 28 % dans le groupe contrôle ; p-value < 0,0001). Les auteurs en concluent qu’après une thrombectomie de larges vaisseaux intracrâniens, il faut éviter l’abaissement intensif de la pression artérielle.