En France, la médecine générale (MG) est devenue une spécialité en 2004, avec la création du diplôme d’études spécialisées. C’est alors que sa filière universitaire (FUMG) émerge, avec la nomination des premiers chefs de clinique puis des maîtres de conférences et des professeurs de médecine générale. Au sein des départements universitaires de médecine générale (DUMG) des facultés de médecine, ils travaillent au développement de projets de recherche, à l’accompagnement pédagogique et à l’enseignement en 2e et 3e cycle.

Quel objectif ?

Jusque-là, l’essentiel des données issues de la recherche médicale provenait des structures hospitalo-universitaires et servait de support aux recommandations de bonnes pratiques cliniques. Or, en 1961, White ouvrait déjà la réflexion sur les limites de ce système : le carré de White1 illustre bien le fait que les malades pris en charge par les centres hospitalo-­universitaires représentent une toute petite partie des personnes potentiellement exposées à un problème de santé (1/1 000). Les patients qui consultent dans les cabinets de ville ayant des profils sociodémographiques et médicaux différents, il est légitime de se demander si ces recommandations sont pertinentes en soins primaires.
Ainsi, un des intérêts majeurs à structurer et développer la recherche en MG est de recueillir des données représentatives des patients ambulatoires afin de mieux adapter nos pratiques et l’organisation du système de santé.

Quels défis ?

Tout d’abord, la structuration de la recherche en MG est encore amenée à évoluer. Les DUMG doivent bénéficier des moyens humains et financiers assurant la pérennité de la FUMG, afin de dispenser une formation de qualité pour ses membres, de développer des projets propres aux soins primaires et des collaborations avec les autres disciplines (autres spécialités médicales, sciences humaines et sociales ou de l’éducation…).
Par ailleurs, créer des réseaux nationaux et locaux d’investigateurs permettrait un recueil de données de terrain. La participation des médecins généralistes serait ainsi facilitée au sein de leur cabinet, selon leur disponibilité et leurs domaines de prédilection.
De tels réseaux sont en gestation via le Collège national des généralistes enseignants. De plus, un « annuaire recherche » pour le partage de connaissances et de compétences entre chercheurs en soins primaires est en cours d’élaboration par l’association FAYR-GP (French Association of Young Researchers in General Practice).
Depuis octobre 2017,2 les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) peuvent obtenir le statut de MSP « universitaire » (MSPU). L’objectif est d’accorder plus de place à la formation et à la recherche en soins primaires. Plusieurs structures sont déjà en place et peuvent être une ressource dans les territoires sur un plan méthodologique, humain, matériel ou financier.
Tout médecin généraliste peut s’investir dans la recherche à différents niveaux : collecte de données, participation en tant qu’investigateur à des projets et/ou encadrement de travaux d’étudiants tels que les thèses de médecine. Le statut de maître de stage des universités (MSU), en lien avec les DUMG, facilite ces démarches. Cependant, une formation ou l’utilisation d’outils spécifiques est parfois nécessaire. C’est le cas du recueil de données qui, dans l’idéal, devrait se faire à partir d’un codage commun des informations obtenues en consultation pour une analyse homogène des pratiques et la production de recommandations plus adaptées aux soins primaires.3
Enfin, la recherche en MG contribue au rayonnement de la discipline, notamment par la présentation de travaux lors des congrès et/ou leur publication dans des revues nationales ou internationales.
Avec l’épidémie de Covid-19, la question se pose plus que jamais de recueillir et analyser des données issues des cabinets de ville, là où consultent la majorité des patients suspects ou diagnostiqués. Des études nationales de grande ampleur sont actuellement menées en ambulatoire ! De nombreux enseignements sont sans doute à tirer de cette crise sanitaire...
Références
1. White KL, Williams TF, Greenberg BG. The ecology of medical care. N Engl J Med 1961;265:885-92.
2. Arrêté du 18 octobre 2017 fixant les modalités de fonctionnement, d’organisation et d’évaluation des centres de santé pluriprofessionnels universitaires et des MSPU. https://bit.ly/3gK1CdP
3. Letrilliart L. CISP-2 : quésaco ? Exercer 2014;114:158-61.

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