L’incidence des infections disco-vertébrales (IDV), de 2,2 à 11,3/100 000 en population générale, augmente après 70 ans. Le délai diagnostique est de 30 jours. Elles sont associées à une mortalité de 3 à 24 % à 1 an et à une morbidité élevée : perte d’autonomie, douleurs, complications médullaires dans 5 à 20 % des cas.
Les bactéries le plus souvent en cause sont Staphylococcus aureus, staphylocoques à coagulase négative, Streptococcus spp.
Les facteurs de mauvais pronostic sont :
- âge > 75 ans,
- déficit neurologique au moment du diagnostic,
- endocardite associée,
- patients dialysés,
- absence de documentation microbiologique,
- IDV liée à Staphylococcus aureus.
Les infections disco-vertébrales sont associées à une :
- fièvre : dans 50 % des cas,
- bactériémie dans 75 % des cas,
- endocardite infectieuse dans 5 à 20 % des cas.
Quand suspecter une infection disco-vertébrale ?
Une IDV doit être recherchée devant :
- une « lombalgie » associée à un signal d’alerte (drapeau rouge) :
- fièvre,
- âge ≥ 55 ans,
- douleur thoracique (rachialgie dorsale),
- usage intraveineux de drogue,
- douleur de type « inflammatoire » ;
- toute rachialgie ou radiculalgie :
- fébrile et récente ou chronique qui s’aggrave,
- associée à une bactériémie,
- associée à une CRP élevée ;
- fièvre et/ou rachialgie et/ou élévation de la CRP et/ou trouble cicatriciel après une intervention rachidienne ou péri-rachidienne.
Attention : un déficit sensitivo-moteur impose en urgence l’avis d’un neurochirurgien.
La conduite à tenir est résumé dans l’arbre décisionnel en figure ci-contre.
Comment confirmer le diagnostic ?
L’IRM doit être réalisée en première intention (hors contexte postopératoire précoce, < 1 mois) :
- en urgence, en cas de complication neurologique au début ou au cours du suivi ;
- dans les 72 h en l’absence de complications neurologiques ;
- en cas de normalité et de forte suspicion d’IDV, l’IRM doit être répétée en raison du possible décalage entre la symptomatologie et les signes radiologiques en IRM (10 j).
Si contre-indications à l’IRM : TEP scanner.
La scintigraphie (quel que soit le marqueur utilisé) n’est plus recommandée.
Attention : s’il faut recommander un décubitus dorsal strict en attendant l’IRM, il faut lever les patients très rapidement (arrêt de la table de verticalisation) dès le feu vert des radiologues ou chirurgiens ou rhumatos ou spécialistes de la statique rachidienne (pour éviter les complications de décubitus surtout chez la personne âgée).
Pour confirmer le diagnostic, les examens biologiques recommandés sont :
- CRP
- Au moins 2 paires d’hémocultures aérobies/anaérobies, d’un volume de 10 mL, prélevées avant le début de l’antibiothérapie (même en l’absence de fièvre).
Si les hémocultures sont négatives, des prélèvements disco-vertébraux doivent être effectués.
Le traitement IV est réservé aux patients bactériémiques (notamment staphylocoque et streptocoque) et le relais per os est possible après avoir éliminé l’endocardite. Après ponction-biopsie disco-vertébrale, on peut faire un traitement d’emblée per os. La durée est de 6 semaines.