Dans les zones tempérées telles que la France, une augmentation des infections à entérovirus (EV) est observée chaque année en été et automne : habituellement, un pic en juin-juillet et un second pic de moindre ampleur en automne.
Entre 2020 et 2022, les niveaux d’infections à EV étaient très en deçà des pics observés entre 2016 et 2019, en raison des mesures barrières anti-Covid. Cela a entraîné la constitution d’un réservoir de jeunes enfants non immunisés nés depuis 2020, qui pourrait expliquer en partie l’augmentation de la proportion d’infections néonatales observée en 2022 (25,7 % des infections à EV contre 12,8 % sur la période 2016-2021).
En 2023, le bilan au 5 juillet montre une recrudescence des infections à EV depuis la semaine S26 (26 juin au 2 juillet). Depuis la semaine S23, une augmentation du nombre de passage aux urgences et d’hospitalisation pour méningite virale est observée dans le réseau Oscour, atteignant depuis des niveaux comparables à ceux de 2018 (figure). Cela pourrait indiquer un pic estival attendu dans les prochaines semaines.
Conduite à tenir
Toute symptomatologie fébrile associée à une symptomatologie neurologique doit faire évoquer le diagnostic d’infection à entérovirus. L’évolution des méningites se fait en règle générale vers la guérison, et tout traitement antibiotique est inutile.
Dans le contexte épidémiologique actuel, une vigilance particulière doit être apportée devant :
– Les tableaux de sepsis néonatal et toute infection néonatale associée à une insuffisance hépatique grave, une entérocolite, une méningo-encéphalite ou une myocardite pour lesquels une infection à EV doit être évoquée et recherchée. La recherche du génome des EV dans le sang doit être réalisée en parallèle des recherches dans le LCS (si disponible) et les échantillons périphériques (échantillons nasopharyngés, selles). La recherche du génome des entérovirus (RT-PCR) doit également être réalisée chez la mère, en particulier en cas de syndrome digestif ou pseudo-grippal dans les 72 h avant l’accouchement. Pour rappel, les infections néonatales précoces à E11 sont d’aggravation parfois rapide et brutale.
– Toute symptomatologie sévère, en particulier neurologique, pouvant évoquer un diagnostic d’infection à entérovirus. La recherche du génome des EV dans le LCS doit être complétée par la réalisation de prélèvements périphériques pour confirmer le diagnostic, et permettre le génotypage de l’EV en cause.
Enfin, toute infection néonatale ou atteinte neurologique sévère associée à une infection à EV doit être signalée aux laboratoires du CNR.
Dans l’entourage des patients, le renforcement des règles d’hygiène familiale et/ou collective (lavage des mains notamment) est impératif afin de limiter la transmission de ces virus, notamment aux personnes immunodéprimées ou aux femmes enceintes.