La promotion du dépistage du cancer du sein d’Octobre rose se termine et une nouvelle action de santé publique, #MoisSansTabac,1 débute en novembre. C’est la 5e édition de cette campagne conçue par Santé publique France en lien avec le ministère des Solidarités et de la Santé et l’Assurance maladie. Deux cent mille personnes ont participé à cette opération l’année dernière, principalement les 25-45 ans, et 800 000 inscriptions ont été comptabilisées depuis sa création en 2016.
Les derniers chiffres du tabagisme en France proviennent du Baromètre de Santé publique France2 à partir d’une enquête réalisée lors du premier semestre 2019. Un tiers des 18-75 ans interrogés déclaraient fumer, et ce tous les jours pour un quart de cette tranche d’âge. Sans véritables différences par rapport aux chiffres constatés en 2018, ces pourcentages deviennent très significatifs en comparaison avec ceux de 2014. En 5 ans, le tabagisme a baissé de 4 points, et de 4,5 points pour son usage quotidien toutes classes d’âges confondues, chez les hommes comme chez les femmes et quel que soit le niveau d’études ou de revenus. Les outils proposés par #MoisSansTabac et les autres mesures réglementaires ou de prévention semblent porter leurs fruits. Initiées dans le premier Programme national de réduction du tabagisme (PNRT) adopté en 2014, elles ont été reconduites par le Programme national de lutte contre le tabagisme en 2018 (PNLT 2018-2022).3 Toutefois, l’impact des inégalités sociales ne s’améliorent pas depuis 2016, avec des différences significatives marquées entre chômeurs et actifs (17 points) et entre bas et hauts revenus (12 points). Ce constat doit faire imaginer des actions plus spécifiques en direction de ces populations à risque accru.
Globalement, ces chiffres sont encourageants mais ils s’inscrivent dans un contexte sanitaire et social très différent des années précédentes. Dès lors, faut-il s’attendre à des modifications comportementales des fumeurs face au confinement et maintenant aux couvre-feu ? La peur de la maladie pour soi ou pour les siens, l’isolement social, les problèmes financiers, la crainte du chômage et les licenciements sont susceptibles d’accroître le tabagisme ou d’être à l’origine de rechutes. Une première réponse nous est fournie par une enquête4 menée dès le début du confinement : 90 % des personnes interrogées affirmaient fumer un quart de paquet supplémentaire chaque jour, en particulier les 25-34 ans et les télétravailleurs.
Même si la progression des consultations du site #MoisSansTabac et des inscriptions à certains de ses outils va dans le bon sens, elle reste encore modeste. En tant que généralistes, nous devons nous associer à cette action de santé publique : l’afficher en salle d’attente,5 en parler en consultation, en donner l’adresse internet. Il faut aussi renforcer nos démarches spécifiques, que ce soit en actualisant le statut tabagique de l’ensemble de nos patients, en utilisant l’outil simple et efficace de l’intervention brève (conseil minimal), en menant des entretiens motivationnels, ou en prescrivant des médicaments de première et de seconde ligne. La construction d’un partenariat avec un correspondant tabacologue facilement disponible, réactif et ouvert, parachève idéalement la liste de ces actions.
1. Site Mois sans tabac (Tabac info service). https://bit.ly/3midPZl
2. Josseran J. Lutte contre le tabac : une prévention à réinventer sans cesse. BEH 2020 (n° 14). https://bit.ly/34e6K5W
3..Programme national de lutte contre le tabagisme (2018-2022). https://bit.ly/2ZbEwTA
4..Santé publique France.Tabac, alcool : quel impact du confinement sur la consommation des Français ? https://bit.ly/3obCWyO
5. Dépliant #MoisSansTabac https://bit.ly/2H4lBqO