Si certains travaux ont suggéré les bénéfices cardiométaboliques des régimes végétariens, il s’agit d’études observationnelles avec de nombreux facteurs confondants (liés au mode de vie mais aussi à la génétique). Une étude originale conduite chez des vrais jumeaux est assez convaincante…

Cet essai randomisé, paru dans le JAMA , a été conduit entre mars et juillet 2022 aux États-Unis. Vingt-deux paires de vrais jumeaux (N = 44) ont été recrutés et assignés aléatoirement pour suivre soit un régime omnivore équilibré soit un régime végétalien (vegan) équilibré pendant 8 semaines (un jumeau de chaque paire par bras).

Deux tiers des participants (77,3 %) étaient des femmes, l’âge moyen était de 39,6 ans, l’IMC moyen était 25,9 mg/m2 , la PA moyenne était 124/75 mmHg et le LDL-c moyen était 114,6 mg/dL à l’inclusion. Les critères d’exclusion étaient : poids ≤ 45 kg ; IMC ≥ 40 kg/m2 ; taux de LDL-c ≥ 190 mg/dL ; PAS ≥ 160 mmHg ou PAD ≥ 90 mmHg ; grossesse.

Deux régimes équilibrés, dont un végétalien, sur 2 mois

Les participants devaient suivre le régime assigné pendant 8 semaines. Les 4 premières semaines, les repas leur étaient livrés ; les 4 dernières, les participants fonctionnaient en autonomie. Ils bénéficiaient durant toute l’étude d’instructions écrites, d’un soutien par des diététiciens et de cours afin de pouvoir suivre au plus près leurs régimes.

Les deux régimes, végétalien comme omnivore, étaient composés de façon à être sains, en mettant l’accent sur la consommation de fruits, légumes et céréales complètes. Les participants étaient exhortés à favoriser les aliments non transformés et à restreindre ceux ayant des sucres ajoutés.

Ainsi, la proportion de légumes a augmenté dans les deux groupes pendant l’étude : principalement légumes verts et autres légumes, ainsi que légumineuses. Comme prévu, le régime végétalien avait une proportion quasi nulle de protéines animales (certains participants ont toutefois consommé du poisson et des œufs) et la consommation de produits à base de soja (tofu, tempé), de « veggie burgers  » et de noix en tant que sources alternatives de protéines a augmenté. Le groupe omnivore a, quant à lui, augmenté la consommation de protéines animales ; les sources principales étaient les volailles, le bœuf, le poisson et les œufs.

L’ingestion de glucides était plus importante en quantité absolue dans le groupe végétalien ; dans les deux groupes, les sources de glucides étaient principalement les féculents et les sucres naturels. Sur l’apport total de graisses, la part de graisses mono- et polyinsaturées a augmenté dans les deux bras par rapport à avant l’étude, mais davantage dans le végétalien (d’environ 6 et 14 points de pourcentage respectivement) ; la part de graisses saturées a diminué dans les deux bras, mais davantage chez les végétaliens (6 et 13 points de pourcentage respectivement). La consommation de céréales complètes a augmenté dans les deux groupes ; celle de fibres (solubles et insolubles) également, en particulier dans le groupe végétalien. La quantité de sucres ajoutés a diminué dans les deux groupes. Enfin, les participants du bras végétalien n’ont reçu aucune supplémentation (B12, fer, etc.).

Globalement, les apports énergétiques quotidiens ont diminué dans les deux bras par rapport à l’alimentation suivie avant l’inclusion, même si la restriction calorique ne faisait pas partie des instructions données par les chercheurs.

Diminution significative du LDL-c et du poids

Le critère principal de jugement était la différence à 8 semaines dans les taux de LDL-c par rapport à l’inclusion. Les critères secondaires incluaient les changements dans le poids et dans d’autres facteurs cardiométaboliques (glycémie, insulinémie, taux d’HDL-c, de triglycérides).

À l’issue de l’étude, les jumeaux végétaliens avaient une diminution significative des taux de LDL-c  : en moyenne, - 13,9 mg/dL (IC95 % : - 25,3 à - 2,4 mg/dL ; p = 0,02), alors que les jumeaux omnivores n’avaient pas de changement de ce paramètre, en moyenne, par rapport à l’inclusion. La diminution de l’insulinémie (- 2,9 mUI/mL en moyenne ; IC95 % : - 5,3 à - 0,4 mUI/mL ; p = 0,03) et du poids (- 1,9 kg  ; IC95 % : - 3,3 à - 0,6 kg ; p = 0,01) étaient aussi considérées significatives dans le groupe végétaliens.

Les chercheurs en ont conclu qu’un régime végétaliens équilibré peut avoir davantage de bénéfices cardiométaboliques qu’un régime omnivore équilibré, et qu’il peut donc être conseillé aux patients désireux d’améliorer leur santé cardiovasculaire. Ces résultats confirment ceux d’études randomisées précédentes qui suggéraient des bénéfices significatifs des régimes végétariens et végétaliens sur divers paramètres cardiovasculaires.

Néanmoins, si l’avantage principal de cette étude est d’avoir recruté des vrais jumeaux – permettant de contrôler automatiquement pour des facteurs de confusion génétiques et environnementaux –, ses résultats ne sont pas généralisables à tous types de populations car il s’agissait d’un échantillon de volontaires sains, sans comorbidités. Par ailleurs, étant donné la durée relativement courte du suivi, davantage d’études sont nécessaires pour évaluer autant la stabilité des résultats que la faisabilité du maintien de ce régime restrictif sur le long terme, ainsi que les risques de carences. Rappelons que le régime végétalien est dangereux chez l’enfant, les femmes enceintes et les adultes à risque de carences (ostéoporose, sarcopénie…). 

Pour en savoir plus
Landry MJ, Ward CP, Cunanan KM, et al. Cardiometabolic Effects of Omnivorous vs Vegan Diets in Identical Twins.  JAMA Netw Open 2023;6(11):e2344457.
À lire aussi :
Bouteloup C. Les régimes alimentaires « à la mode » peuvent-ils être dangereux ?  Rev Prat 2019;69(10):1051-4.
Desbouys L, Rouche M. Item 248. Prévention primaire par la nutrition chez l’adulte et chez l’enfant.  Rev Prat 2022;72(5):559-67.
https://www.larevuedupraticien.fr/article/pourquoi-est-il-si-difficile-de-savoir-si-un-aliment-est-bon-ou-mauvais-pour-la-sante

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