Les thérapies psychosociales complètent la pharmacothérapie en psychiatrie, et répondent à la complexité des besoins des patients. Elles sont proposées après une évaluation multidisciplinaire, et déclinées dès la phase aiguë en un parcours de soins personnalisé qui mène vers l’inclusion sociale et le rétablissement. La remédiation cognitive en est une illustration, s’appuyant sur les points forts et les faiblesses cognitives d’une personne ayant un handicap psychique, apportant des stratégies destinées à améliorer la cognition, à acquérir autonomie ainsi qu’insertions sociale et professionnelle. Les programmes de remédiation cognitive sont choisis d’après le profil cognitif du patient et sont fonction de son projet de réhabilitation, après une évaluation clinique, neuropsychologique et fonctionnelle. Y sont éventuellement adjointes des techniques de transfert au quotidien pour des personnes à faible autonomie. Ces parcours de remédiation cognitive s’inscrivent au sein d’un modèle de soins, le modèle « tremplin », rampe de lancement qui mène « en fondu enchaîné » à la concrétisation du projet de la personne. Les thérapies psychosociales sont dispensées par des soignants formés auxquels s’adjoignent de nouveaux métiers du soin : job coach, pour l’emploi accompagné en milieu ordinaire, case manager, pour coordonner parcours de vie et de soins de la personne dans son environnement. Ces nouvelles pratiques en psychiatrie peuvent être déclinées à l’échelle d’un territoire, avec des orientations nouvelles pour les hôpitaux de jour, qui deviennent de véritables « sas de transition » vers l’inclusion sociale de patients à parcours complexes, ou pour les foyers de post-cure qui peuvent cibler l’acquisition de l’autonomie. À long terme, et plusieurs années après une remédiation cognitive personnalisée et envisagée dans un parcours de réhabilitation, sont constatés une meilleure insertion professionnelle, plus de retour aux études, un taux moindre de rechutes et plus de déterminants du rétablissement, à savoir plus de pratique d’activité physique ou de loisirs, avec un ressenti positif de cette période pour les patients. En France, la promotion récente de ces thérapies psychosociales par les tutelles devrait permettre une couverture de proximité sur l’ensemble du territoire national, pour une psychiatrie plus éthique et plus humaniste.Isabelle Amado, groupe hospitalier universitaire Paris, psychiatrie, neurosciences, site Sainte-Anne, Centre ressource national en remédiation cognitive et réhabilitation psychosociale Île-de- France
23 février 2021