La mise en libre accès des articles scientifiques avait initialement pour buts de permettre à tous de disposer de contenus scientifiques sans frais d’abonnement et d’éviter de limiter la publication aux articles susceptibles d’intéresser essentiellement les pays les plus favorisés. Pour que cela soit possible, les coûts ont été transférés des lecteurs aux auteurs : les principales revues de renom demandent désormais des frais de publication, dans une politique dite « auteur-payeur ». 

Mais cela a eu pour effet de favoriser les publications en ligne, aux dépens du papier, faisant le lit d’une piètre qualité. Les frais de publication dans des revues réputées deviennent inaccessibles pour la plupart : par exemple, depuis 2021, la revue Nature demande 9 500 euros aux auteurs pour la publication de leur article ! Des revues décomplexées et mercantiles, dites « prédatrices » (ou illégitimes, ou frauduleuses), se sont donc engouffrées dans la brèche et emparées du marché. En libre accès, ces « revues prédatrices » publient des articles sans relecture experte ni normes rigoureuses. Elles tirent bénéfice des besoins de publication à peu de frais d’auteurs pour nourrir leur curriculum vitæ.1

Face à la floraison exponentielle de ces « revues prédatrices », la Conférence des doyens de médecine (CDD) et le Conseil national des universités (CNU Santé) ont publié un excellent rapport listant les revues recommandables – dont La Revue du Praticien fait évidemment partie ! Ils en dénombrent 3 400, face aux 15 500 non recommandables (chiffres de 2022, d’après la société privée Cabells).2,3 Ce rapport précise que « les revues dites prédatrices (…) constituent une menace croissante et mondiale, dupent les auteurs et les lecteurs et participent à la mauvaise conduite scientifique » et que la présence d’une revue dans leur liste « n’est [évidemment] pas non plus une garantie contre la publication d’articles médiocres, frauduleux ou ne respectant pas complètement les principes de l’intégrité scientifique. C’est seulement une indication pour l’auteur ou le lecteur que la revue scientifique qui y figure semble bien conforme aux exigences de qualité et d’intégrité prônées ».2

Les membres des CDD et CNU Santé proposent 19 clés pour aider auteurs et lecteurs à détecter une « revue prédatrice » : délai court entre soumission et publication, frais peu clairs de soumission, politique agressive et sans discernement de la sollicitation des articles, comité de rédaction non connu avec très peu d’informations sur l’affiliation de chacun, fautes d’orthographe dans les articles ou sur le site internet de la revue, etc.2

Dans ce contexte, La Revue du Praticien Médecine générale tient, comme sa grande sœur plus académique, une place solide : elle est une revue de formation médicale francophone à comité de lecture, sous formats papier et numérique complémentaires, qui fournit des textes de qualité à ses abonnés médecins grâce au concours de conseillers, auteurs et contributeurs fidèles et dont l’expertise est reconnue. Chaque article, commandé ou reçu spontanément, est analysé par les membres du comité scientifique, puis adapté et complété par la rédaction – si nécessaire – pour être directement utile aux lecteurs ; il est ensuite mis en maquette par une équipe d’une rare adaptabilité et efficacité, plusieurs fois relus par des correctrices de talent et par la rédaction, avant d’être validé par son ou ses auteurs. Une chaîne soudée et engagée que nous avons l’immodestie de croire constituée d’intelligence « naturelle » dans un souci d’éviction maximale de l’artificialité… 

Références 
1.Vakil C. Les revues prédatrices : mise en garde à l’inten­tion des auteurs et des lecteurs. Can Fam Physician 2019;65(2):97-9.
2. La Conférence des doyens de médecine et du CNU Santé luttent contre les « revues prédatrices » (en ligne, consulté en octobre 2023). Mis à jour le 29 juin 2023. Disponible sur https://bit.ly/3FxgoSK 
3. Cabells Predatory Reports (en ligne, consulté en octo­bre 2023). Mis à jour le 7 décembre 2022. Disponible sur https://bit.ly/493Yqot