À l’intersection de la nutrition et la chronobiologie, la chrononutrition est en plein essor. D’après les dernières données, comment répartir les prises alimentaires au cours de la journée pour réduire le risque cardiovasculaire ? Sauter le petit déjeuner a-t-il des conséquences ? L’Anses a fait le point.

Dîner tôt… et léger

Selon un rapport de l’Anses analysant l’ensemble de la littérature scientifique relative à la chrononutrition, malgré le manque d’études robustes, les données disponibles indiquent qu’il existe un lien entre un apport énergétique élevé dans la soirée et une augmentation du risque d’obésité.

Par ailleurs, une étude récente de l’Inserm sur plus de 100 000 participants de la cohorte française NutriNet-Santé (79 % de femmes ; âge moyen : 42 ans) a étudié l’association entre les horaires des repas et l’incidence des maladies cardiovasculaires (MCV).

Ses conclusions : un horaire tardif pour la dernière prise alimentaire de la journée était associé à un risque CV global plus élevé ; une personne dînant après 21 h aurait en effet 13 % plus de risque de MCV qu’une personne dînant avant 20 h, et jusqu’à 28 % plus de risque cérébrovasculaire.

D’où la recommandation de l’Anses : prendre un dîner léger le soir et manger suffisamment tôt pour respecter un délai d’environ deux heures entre le dîner et le coucher.

Sauter le petit déjeuner, c’est grave ?

D’après plusieurs études, un petit-déjeuner tardif voire son absence sont associés à une augmentation du risque CV chez l’adulte.

Chez l’enfant, les données ne permettent pas de conclure sur l’association entre l’absence de petit déjeuner et la prise de poids, ou d’éventuelles conséquences cardiométaboliques. En ce qui concerne les performances cognitives, les revues systématiques, de qualité limitée, incluent des études d’intervention le plus souvent de très courte durée et ne sont pas concluantes. Toutefois, dans certaines études, l’absence de petit déjeuner est associée à des rythmes de vie (manque de sommeil, faible niveau d’activité physique, coucher tardif) et à une qualité nutritionnelle défavorables à la santé cardiométabolique. Ainsi, il est possible que l’absence de petit déjeuner soit uniquement un marqueur d’un mode de vie favorisant la prise de poids et les désordres métaboliques.

Par conséquent, l’Anses recommande de rechercher les causes de l’absence de petit déjeuner tels que le manque d’appétit lié à un dîner trop copieux ou trop tardif ou une durée de sommeil trop courte, cette dernière étant fréquemment à l’origine d’une baisse de l’activité physique spontanée.

Par ailleurs, elle considère à ce jour que la mise en place d’un dispositif de distribution de petits déjeuners dans les écoles, expérimentée dans certaines écoles primaires volontaires des réseaux d’éducation prioritaire, n’est pas soutenue par l’analyse des données scientifiques de la littérature. En augmentant les apports énergétiques, la prise d’un petit déjeuner supplémentaire pourrait notamment aggraver le risque de surpoids et d’obésité ou déséquilibrer le régime alimentaire, a fortiori si les aliments sont riches en sucre.

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