Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) signale déjà la présence de pollens d’arbres allergisants, cyprès au sud, noisetiers au nord. Le risque de rhinite ou d’asthme à ces pneumallergènes guette les allergiques dans les (rares) périodes ensoleillées de ces prochains jours. Rappel de la conduite à tenir.

Le noisetier (Corylus avellana)

Le noisetier de la famille des bétulacées est le premier à polliniser dans le nord de la France. Des allergies croisées existent entre pollens des différents arbres de cette famille : aulne, charme et surtout bouleau (d’apparition un peu plus tardive). Les allergènes de ce dernier restent les plus connus avec des possibles allergies croisées alimentaires via les Bet v1 -like de la famille des PR10 : fruits crus (pomme, poire, fruits à noyaux), noisette, châtaigne, pomme de terre, arachide, céleri, carotte, kiwi.

Le cyprès

Quant au cyprès italien (Cupressus sempervirens), présent dans le pourtour méditerranéen, sa pollinisation est des plus précoces. Ses pollens de 20 à 30 µm possèdent à leur surface des orbicules de 300 à 600 nm contenant des allergènes facilement dispersibles sous différents facteurs (vent, polluants).

Plusieurs allergènes sont signalés mais seuls 4 sont répertoriés par la nomenclature internationale :

  • 100 % des allergiques réagissent à l’allergène majeur Cup s1 (pectate lyase) ;
  • l’allergène majeur Cup s2 en concerne 80 % ;
  • d’autres sont à l’origine d’allergies croisées alimentaires :
  • Cup s3 de la famille des thaumatine-like (TLP) peut entraîner des réactions croisées avec Pru p2 (TLP de la pêche), parfois graves ;
  • Cup s7 appartenant à la famille GRP (gibberellin-regulated protein) est responsable d’allergies croisées avec la peamacléine (Pru p7) de la pêche et une protéine des agrumes (citron, orange...), générant de tableaux de syndrome cyprès/pêche/agrumes (avec risque anaphylactique).

La pollinisation des autres Cupressaceae est plus tardive :

  • Genévrier cade (Juniperus oxycedrus) : octobre.
  • Cyprès bleu (Cupressus arizonica) : février et mars.
  • Genévrier commun (Juniperus communis) : avril.

Conduite à tenir

  • Les pollinoses aux arbres débutent en période hivernale. La récurrence des symptômes (rhinite, asthme, conjonctivite) à la même saison plusieurs années de suite doit inciter à adresser à l’allergologue pour un bilan (tests cutanés, dosages des IgE spécifiques). Cela permet de faire la distinction avec une rhinite imputée à tort aux acariens ou aux moisissures.
  • Recommander aux patients de suivre le calendrier pollinique sur le site du RNSA.
  • Rechercher d’éventuelles allergies alimentaires croisées.
  • Prescrire un traitement symptomatique 15 jours avant et pendant la saison pollinique concernée.
  • Envisager une désensibilisation par voie sublinguale à débuter quelques semaines avant la saison présumée de la pollinisation 3 à 5 années d’affilée.

Pour en savoir plus
Réseau national de surveillance aérobiologique. Carte du risque d’allergie aux pollens. 2024.
WHO. Allergen nomenclature : Cupressus sempervirens. 2019.
Shahali Y, Sutra JP, Hilger C, et al. Identification of a polygalacturonase (Cup s 2) as the major CCD-bearing allergen in Cupressus sempervirens pollen.  Allergy 2017;72(11):1806-10.
Charpin D, Pichot C, Belmonte J, et al. Cypress Pollinosis: from Tree to Clinic.  Clin Rev Allergy Immunol 2019;56(2):174-95.

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