Le nombre d’actes d’imagerie réalisés en pédiatrie augmente en France. Les enfants sont une population particulièrement sensible aux rayonnements ionisants qui induisent un sur-risque carcinologique faible mais statistiquement significatif. Ce risque impose des mesures de radioprotection : optimisation des doses délivrées et nécessité de justifier les actes réalisés, voire de les substituer par des techniques non irradiantes.
L’exposition des enfants aux rayonnements ionisants comporte des risques qu’il convient d’évaluer en fonction du bénéfice diagnostique attendu des examens d’imagerie médicale.
Quelles expositions des enfants aux rayonnements ionisants ?
Actes d’imagerie chez les enfants en France
À partir des bases de l’Assurance maladie, et plus particulièrement des données de l’échantillon généraliste des bénéficiaires (EGB) qui représente environ 1 % de la population française, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) réalise périodiquement un bilan de l’ensemble des actes diagnostiques utilisant les rayonnements ionisants (système ExPRI). Le dernier bilan, réalisé en 2018,1 a montré qu’environ 604 actes diagnostiques pour 1 000 enfants de 0 à 15 ans ont été réalisés en 2015.
La répartition des actes par modalité d’imagerie, respectivement en nombre d’actes (fig. 1A ) et en dose efficace collective (fig. 1B ), est représentée page suivante.
Les actes les plus fréquents chez les enfants concernaient très majoritairement la radiologie conventionnelle et dentaire (environ 56 % et 41 %, respectivement). La dose efficace collective, c’est-à-dire la somme des doses efficaces de l’ensemble des examens des enfants de l’échantillon pour l’année 2015, était très majoritairement due à la radiologie conventionnelle et à la scanographie (environ 53 % et 40 %, respectivement,fig. 1B ).
La proportion d’enfants ayant bénéficié d’au moins un acte diagnostique en 2015 (c’est-à-dire les enfants « exposés ») était de 31 %.1 Leur dose efficace annuelle moyenne s’élevait à 0,43 mSv. L’exposition était extrêmement hétérogène, avec la moitié des enfants exposés ayant reçu une dose efficace annuelle cumulée inférieure ou égale à 0,02 mSv. Parmi les enfants exposés, ceux âgés de moins de 1 an représentaient la catégorie d’âge la plus exposée, avec une dose efficace annuelle médiane de 0,55 mSv.
De plus, l’IRSN s’est intéressé à l’évolution des pratiques pour les actes de scanographie chez les enfants sur la période 2012-2018.2 Cette étude, publiée en 2022, a montré que, en moyenne sur cette période, 1,1 % d’enfants de moins de 16 ans avaient bénéficié d’au moins un acte scanner par an. Le nombre moyen d’actes scanner par an par enfant était de 1,23 ; 11 à 16 % de ces enfants avaient eu deux scanners ou plus selon l’année considérée. La fréquence annuelle d’actes scanner variait fortement selon l’âge de l’enfant : environ 15 ‰ pour les moins de 1 an, moins de 10 ‰ entre 1 et 9 ans et plus de 35 ‰ à 15 ans.
Sur la période étudiée, la fréquence annuelle d’actes scanner était relativement constante (tous âges et sexes confondus) et fluctuait autour de 13,7 actes pour 1 000 enfants (fig. 2 ).
L’étude de l’évolution des actes d’imagerie par résonance magnétique (IRM), réalisée dans le même temps, a montré que, contrairement au scanner, la fréquence annuelle d’actes IRM a augmenté nettement (+59 %) sur la période 2012-2018.2 Le scanner et l’IRM ayant un nombre important d’indications communes et les recommandations des professionnels allant dans le sens d’un transfert de certains actes scanner vers l’IRM, ces résultats semblent confirmer le suivi des recommandations vis-à-vis du choix de l’IRM en remplacement du scanner lorsque c’est possible.
La répartition des actes par modalité d’imagerie, respectivement en nombre d’actes (
Les actes les plus fréquents chez les enfants concernaient très majoritairement la radiologie conventionnelle et dentaire (environ 56 % et 41 %, respectivement). La dose efficace collective, c’est-à-dire la somme des doses efficaces de l’ensemble des examens des enfants de l’échantillon pour l’année 2015, était très majoritairement due à la radiologie conventionnelle et à la scanographie (environ 53 % et 40 %, respectivement,
La proportion d’enfants ayant bénéficié d’au moins un acte diagnostique en 2015 (c’est-à-dire les enfants « exposés ») était de 31 %.1 Leur dose efficace annuelle moyenne s’élevait à 0,43 mSv. L’exposition était extrêmement hétérogène, avec la moitié des enfants exposés ayant reçu une dose efficace annuelle cumulée inférieure ou égale à 0,02 mSv. Parmi les enfants exposés, ceux âgés de moins de 1 an représentaient la catégorie d’âge la plus exposée, avec une dose efficace annuelle médiane de 0,55 mSv.
De plus, l’IRSN s’est intéressé à l’évolution des pratiques pour les actes de scanographie chez les enfants sur la période 2012-2018.2 Cette étude, publiée en 2022, a montré que, en moyenne sur cette période, 1,1 % d’enfants de moins de 16 ans avaient bénéficié d’au moins un acte scanner par an. Le nombre moyen d’actes scanner par an par enfant était de 1,23 ; 11 à 16 % de ces enfants avaient eu deux scanners ou plus selon l’année considérée. La fréquence annuelle d’actes scanner variait fortement selon l’âge de l’enfant : environ 15 ‰ pour les moins de 1 an, moins de 10 ‰ entre 1 et 9 ans et plus de 35 ‰ à 15 ans.
Sur la période étudiée, la fréquence annuelle d’actes scanner était relativement constante (tous âges et sexes confondus) et fluctuait autour de 13,7 actes pour 1 000 enfants (
L’étude de l’évolution des actes d’imagerie par résonance magnétique (IRM), réalisée dans le même temps, a montré que, contrairement au scanner, la fréquence annuelle d’actes IRM a augmenté nettement (+59 %) sur la période 2012-2018.2 Le scanner et l’IRM ayant un nombre important d’indications communes et les recommandations des professionnels allant dans le sens d’un transfert de certains actes scanner vers l’IRM, ces résultats semblent confirmer le suivi des recommandations vis-à-vis du choix de l’IRM en remplacement du scanner lorsque c’est possible.
Niveaux de référence diagnostiques (NRD) en baisse
Le code de la santé publique pré-voit que des « niveaux de référence diagnostiques » (NRD) soient établis pour les actes diagnostiques présentant un enjeu de radioprotection (les plus fréquents et/ou les plus irradiants). Les NRD sont des indicateurs de dose délivrée au patient et constituent ainsi un outil pour l’optimisation des expositions des patients dans le domaine de l’imagerie médicale, c’est-à-dire la recherche du bon équilibre entre la dose délivrée au patient et la qualité de l’image nécessaire au médecin pour établir son diagnostic ou réaliser son intervention. Les NRD ne sont cependant pas des limites d’exposition. D’après les données pédiatriques transmises par les établissements de santé et analysées dans le cadre du système des NRD géré par l’IRSN, les doses reçues par les enfants pour un scanner de la tête (enfants de 10 kg), de l’abdomen-pelvis (enfants de 20 kg) ou du thorax (enfants de 20 kg) montrent une tendance à la baisse entre 2011-2012 et 2016-2018, respectivement de 35 %, 42 % et 45 %.
En radiologie conventionnelle, on note également cette tendance à la baisse des doses sur cette même période.
En radiologie conventionnelle, on note également cette tendance à la baisse des doses sur cette même période.
Quels sont les risques radio-induits ?
Les enfants constituent une population sensible aux rayonnements ionisants
Le suivi à long terme des populations exposées aux bombardements de Hiroshima et de Nagasaki lors de la Seconde Guerre mondiale a permis de montrer que le risque de développer un cancer radio-induit était plus important pour une même dose pour une exposition à un jeune âge que chez un adulte.3
De même, après la catastrophe de Tchernobyl, en avril 1986, l’excès de cancer de la thyroïde a été mis en évidence de façon claire chez les enfants exposés alors que cet excès reste discuté après exposition à l’âge adulte.4
En effet, les enfants présentent une croissance globale qui donne lieu à une multiplication cellulaire intense. En cas de cassure de l’ADN par les rayonnements ionisants, la mauvaise réparation du matériel génétique peut entraîner une mutation cellulaire, qui est la première étape vers un processus de cancérogenèse.
Par ailleurs, les cancers radio-induits surviennent souvent après une latence de plusieurs dizaines d’années, compatible avec l’espérance de vie prolongée des enfants.
De même, après la catastrophe de Tchernobyl, en avril 1986, l’excès de cancer de la thyroïde a été mis en évidence de façon claire chez les enfants exposés alors que cet excès reste discuté après exposition à l’âge adulte.4
En effet, les enfants présentent une croissance globale qui donne lieu à une multiplication cellulaire intense. En cas de cassure de l’ADN par les rayonnements ionisants, la mauvaise réparation du matériel génétique peut entraîner une mutation cellulaire, qui est la première étape vers un processus de cancérogenèse.
Par ailleurs, les cancers radio-induits surviennent souvent après une latence de plusieurs dizaines d’années, compatible avec l’espérance de vie prolongée des enfants.
Exposition médicale diagnostique : quels risques attendus ?
Les expositions aux fortes doses de rayonnements ionisants, notamment dans le cadre de la radiothérapie, sont associées à une augmentation du risque de second cancer. Les rayonnements ionisants délivrés en imagerie diagnostique qui entrent, eux, dans le champ des faibles doses, essentiellement sous forme de rayons X, radiographies conventionnelles ou scanners, ont fait l’objet de plusieurs études épidémiologiques pour estimer le risque de cancer radio-induit.
En ce qui concerne la radiologie conventionnelle, plusieurs revues de la littérature, dont une méta-analyse parue en 2020,5 ne retrouvent pas d’augmentation du risque de cancer associé à ce type d’exposition. Cependant, cette méta-analyse met en évidence une augmentation statistiquement significative du risque de tumeur cérébrale et de leucémie après exposition au scanner.
Depuis 2012, plusieurs études de cohorte d’enfants exposés au scanner ont été publiées, et certaines ont montré des risques augmentés de leucémie et de tumeurs cérébrales en fonction de la dose reçue. Cependant, des limites méthodologiques ont été pointées, notamment concernant la possibilité d’un biais d’indication, l’augmentation du ris-que observée pouvant résulter de l’existence d’une maladie sous-jacente, notamment en cas de facteur de prédisposition au cancer.
En France, la cohorte « Enfant Scanner » mise en place en 2009 par l’IRSN en partenariat avec la Société francophone d’imagerie pédiatrique et prénatale (SFIPP) a inclus près de 100 000 enfants exposés à au moins un scanner avant l’âge de 10 ans sur la période 2000-2011 dans 21 centres hospitalo-universitaires (CHU) français. Pour individualiser les cas de cancer, la cohorte a été croisée avec le Registre national des cancers de l’enfant (RNCE), ainsi qu’avec le Système national des données de santé (SNDS) pour repérer les enfants ayant des facteurs de prédisposition au cancer. Une augmentation significative du risque de leucémie et de tumeur cérébrale en fonction de la dose reçue a été observée, même après exclusion des enfants ayant un facteur de prédisposition au cancer étudié. Ces résultats confortent l’hypothèse d’un sur-risque carcinologique, faible mais statistiquement significatif, aux doses employées en scanner chez l’enfant.6
Ces résultats ont été récemment confirmés par les résultats de l’étude européenne EPI-CT. Ce projet, financé par la Commission Européenne et coordonné par le Centre international de la Recherche sur le Cancer (CIRC), avait pour but de constituer une cohorte conjointe de 9 cohortes nationales d’Europe incluant près d’un million d’enfants exposés au scanner entre 1977 et 2014.7,8 Au cours du suivi, 165 cas de tumeurs cérébrales malignes et 790 cas d’hémopathies malignes (incluant 271 leucémies) ont été diagnostiqués. Les analyses montrent des excès de risque de développer un cancer du cerveau7 ou une hémopathie maligne8 après des examens scanners de la tête chez l’enfant et le jeune adulte ; ces risques augmentent d’autant plus que la dose cumulée augmente. Compte tenu des risques estimés dans ces études, pour 10 000 enfants ayant reçu un examen scanner délivrant une dose au cerveau estimée à 38 mGy (dose moyenne dans cette étude pour un scanner de la tête) ou une dose à la moelle osseuse estimée à 8 mGy (cette dose pouvant varier selon la partie du corps irradiée par les rayons X), on s’attend à observer 1 cas de tumeur cérébrale maligne attribuable à l’exposition aux rayonnements ionisants dans la période de 5 à 15 ans suivant l’examen et 1,4 cas d’hémopathie maligne dans la période de 2 à 12 ans suivant l’examen. La très grande taille de l’étude a permis de réaliser des analyses complémentaires pour vérifier la solidité des conclusions.
La diminution globale des doses délivrées au cours du temps par rapport à celles considérées dans l’étude EPI-CT, maintenant de l’ordre de 20 mGy au cerveau et de 3 mGy à la moelle osseuse, permettent de considérer qu’en France pour les niveaux moyens de dose actuels, moins d’un cas (0,5) de cancer du cerveau et moins d’un cas (0,5) d’hémopathie malignes en excès seraient observés dans les 10 ans suivant l’exposition à ce scanner de 10 000 enfants. Ce surrisque reste très faible au regard du bénéfice diagnostique des examens scanners.
En ce qui concerne la radiologie conventionnelle, plusieurs revues de la littérature, dont une méta-analyse parue en 2020,5 ne retrouvent pas d’augmentation du risque de cancer associé à ce type d’exposition. Cependant, cette méta-analyse met en évidence une augmentation statistiquement significative du risque de tumeur cérébrale et de leucémie après exposition au scanner.
Depuis 2012, plusieurs études de cohorte d’enfants exposés au scanner ont été publiées, et certaines ont montré des risques augmentés de leucémie et de tumeurs cérébrales en fonction de la dose reçue. Cependant, des limites méthodologiques ont été pointées, notamment concernant la possibilité d’un biais d’indication, l’augmentation du ris-que observée pouvant résulter de l’existence d’une maladie sous-jacente, notamment en cas de facteur de prédisposition au cancer.
En France, la cohorte « Enfant Scanner » mise en place en 2009 par l’IRSN en partenariat avec la Société francophone d’imagerie pédiatrique et prénatale (SFIPP) a inclus près de 100 000 enfants exposés à au moins un scanner avant l’âge de 10 ans sur la période 2000-2011 dans 21 centres hospitalo-universitaires (CHU) français. Pour individualiser les cas de cancer, la cohorte a été croisée avec le Registre national des cancers de l’enfant (RNCE), ainsi qu’avec le Système national des données de santé (SNDS) pour repérer les enfants ayant des facteurs de prédisposition au cancer. Une augmentation significative du risque de leucémie et de tumeur cérébrale en fonction de la dose reçue a été observée, même après exclusion des enfants ayant un facteur de prédisposition au cancer étudié. Ces résultats confortent l’hypothèse d’un sur-risque carcinologique, faible mais statistiquement significatif, aux doses employées en scanner chez l’enfant.6
Ces résultats ont été récemment confirmés par les résultats de l’étude européenne EPI-CT. Ce projet, financé par la Commission Européenne et coordonné par le Centre international de la Recherche sur le Cancer (CIRC), avait pour but de constituer une cohorte conjointe de 9 cohortes nationales d’Europe incluant près d’un million d’enfants exposés au scanner entre 1977 et 2014.7,8 Au cours du suivi, 165 cas de tumeurs cérébrales malignes et 790 cas d’hémopathies malignes (incluant 271 leucémies) ont été diagnostiqués. Les analyses montrent des excès de risque de développer un cancer du cerveau7 ou une hémopathie maligne8 après des examens scanners de la tête chez l’enfant et le jeune adulte ; ces risques augmentent d’autant plus que la dose cumulée augmente. Compte tenu des risques estimés dans ces études, pour 10 000 enfants ayant reçu un examen scanner délivrant une dose au cerveau estimée à 38 mGy (dose moyenne dans cette étude pour un scanner de la tête) ou une dose à la moelle osseuse estimée à 8 mGy (cette dose pouvant varier selon la partie du corps irradiée par les rayons X), on s’attend à observer 1 cas de tumeur cérébrale maligne attribuable à l’exposition aux rayonnements ionisants dans la période de 5 à 15 ans suivant l’examen et 1,4 cas d’hémopathie maligne dans la période de 2 à 12 ans suivant l’examen. La très grande taille de l’étude a permis de réaliser des analyses complémentaires pour vérifier la solidité des conclusions.
La diminution globale des doses délivrées au cours du temps par rapport à celles considérées dans l’étude EPI-CT, maintenant de l’ordre de 20 mGy au cerveau et de 3 mGy à la moelle osseuse, permettent de considérer qu’en France pour les niveaux moyens de dose actuels, moins d’un cas (0,5) de cancer du cerveau et moins d’un cas (0,5) d’hémopathie malignes en excès seraient observés dans les 10 ans suivant l’exposition à ce scanner de 10 000 enfants. Ce surrisque reste très faible au regard du bénéfice diagnostique des examens scanners.
La radioprotection des patients repose sur la justification et l’optimisation des actes d’imagerie
Les trois grands principes de la radioprotection sont la justification, l’optimisation et la limitation. Dans le domaine médical, la limitation ne s’applique pas au patient pour des raisons évidentes, mais elle concerne le personnel. Il est donc essentiel de se concentrer sur la justification et l’optimisation, et de connaître les considérations éthiques sur lesquelles repose la radioprotection.
Choix de l’imagerie diagnostique en fonction de l’indication
Le principe de justification est d’évaluer le rapport bénéfice/risque de l’exposition d’un patient aux rayonnements ionisants. Si ce principe fait partie intégrante de tout raisonnement médical, son application est exigée par la directive Euratom 2013/59. La transcription en droit français de cette directive européenne dans le code de la santé publique (CSP) impose que « le ministre chargé de la Santé ou l’organisme qu’il désigne établit et diffuse un guide définissant les indications médicales justifiant les actes exposant à des rayonnements ionisants… » (art. R1333-47).
Dès 2001, la Société française de radiologie (SFR) a réalisé, avec la Société française de médecine nucléaire (SFNM), un premier guide intitulé Guide du bon usage des examens d’imagerie. En 2013, ce guide a été revu et mis à disposition en format numérique. Il permet de répondre à l’obligation faite aux demandeurs et réalisateurs des actes utilisant des rayonnements ionisants (article R1333-52 du CSP) de vérifier sa justification. Pour se concentrer sur les indications les plus fréquentes, un nouveau guide électronique utilisable sur smartphone a été élaboré par la SFR avec le Collège de la médecine générale et la SFNM. Ce guide ADERIM (Aide à la demande d’examens de radiologie et imagerie médicale) dispose de trois modes de recherche : par motif de consultation, par pathologie ou par mot-clé. Il donne également une indication sur le niveau de dose délivrée par l’examen proposé. Le guide est disponible sur internet (https://aderim.radiologie.fr/).
Pour mettre en œuvre le principe de justification, tous les profession-nels de santé demandeurs ou qui concourent à la réalisation d’actes utilisant les rayonnements ionisants ont une obligation de formation à la radioprotection des patients.
Dès 2001, la Société française de radiologie (SFR) a réalisé, avec la Société française de médecine nucléaire (SFNM), un premier guide intitulé Guide du bon usage des examens d’imagerie. En 2013, ce guide a été revu et mis à disposition en format numérique. Il permet de répondre à l’obligation faite aux demandeurs et réalisateurs des actes utilisant des rayonnements ionisants (article R1333-52 du CSP) de vérifier sa justification. Pour se concentrer sur les indications les plus fréquentes, un nouveau guide électronique utilisable sur smartphone a été élaboré par la SFR avec le Collège de la médecine générale et la SFNM. Ce guide ADERIM (Aide à la demande d’examens de radiologie et imagerie médicale) dispose de trois modes de recherche : par motif de consultation, par pathologie ou par mot-clé. Il donne également une indication sur le niveau de dose délivrée par l’examen proposé. Le guide est disponible sur internet (https://aderim.radiologie.fr/).
Pour mettre en œuvre le principe de justification, tous les profession-nels de santé demandeurs ou qui concourent à la réalisation d’actes utilisant les rayonnements ionisants ont une obligation de formation à la radioprotection des patients.
Optimisation des doses grâce aux progrès techniques
L’optimisation des doses délivrées revient aux professionnels de santé qui réalisent les actes. Cette optimisation repose sur le principe ALARA (As low as reasonably achievable). Si ce principe requiert d’utiliser la dose d’exposition la plus faible raisonnablement possible, il ne faut pas perdre de vue que la qualité de l’image doit être suffisante pour interpréter l’examen.
L’application de ce principe d’optimisation est mise en place très en amont de la réalisation de l’acte d’imagerie, dès le choix du matériel. En effet, les progrès technologiques permettent de diminuer les doses délivrées aux patients. En tomodensitométrie, technique qui expose le plus les patients en imagerie diagnostique, de nouveaux algorithmes (reconstructions itératives et intelligence artificielle) permettent de réduire la dose délivrée en réduisant le bruit de l’image tout en conservant la résolution spatiale et le contraste par rapport aux techniques plus anciennes. Les professionnels de santé (médecins, physiciens médicaux, manipulateurs radio) déterminent également des protocoles d’examens les plus adaptés aux patients en tenant compte de l’âge, de la morphologie et de la pathologie recherchée. Le compte-rendu d’examen comporte des indices dosimétriques (indice « Produit dose surface » en imagerie conventionnelle et indice « Produit dose longueur » en tomodensitométrie) qui permettent d’évaluer le niveau de dose délivrée lors d’un examen. Ces indices permettent également aux équipes d’évaluer et de comparer leurs pratiques par rapport aux NRD. Par ailleurs, en lien avec le principe d’optimisation, les équipements ont une obligation de maintenance et d’assurance de la qualité pour garantir leurs performances en dose et qualité d’image dans le temps.
L’application de ce principe d’optimisation est mise en place très en amont de la réalisation de l’acte d’imagerie, dès le choix du matériel. En effet, les progrès technologiques permettent de diminuer les doses délivrées aux patients. En tomodensitométrie, technique qui expose le plus les patients en imagerie diagnostique, de nouveaux algorithmes (reconstructions itératives et intelligence artificielle) permettent de réduire la dose délivrée en réduisant le bruit de l’image tout en conservant la résolution spatiale et le contraste par rapport aux techniques plus anciennes. Les professionnels de santé (médecins, physiciens médicaux, manipulateurs radio) déterminent également des protocoles d’examens les plus adaptés aux patients en tenant compte de l’âge, de la morphologie et de la pathologie recherchée. Le compte-rendu d’examen comporte des indices dosimétriques (indice « Produit dose surface » en imagerie conventionnelle et indice « Produit dose longueur » en tomodensitométrie) qui permettent d’évaluer le niveau de dose délivrée lors d’un examen. Ces indices permettent également aux équipes d’évaluer et de comparer leurs pratiques par rapport aux NRD. Par ailleurs, en lien avec le principe d’optimisation, les équipements ont une obligation de maintenance et d’assurance de la qualité pour garantir leurs performances en dose et qualité d’image dans le temps.
Quelle information donner au patient ?
Dans ce domaine comme pour tout acte médical, il est important d’informer et d’éclairer le patient ou ses représentants légaux afin d’obtenir son consentement. Le rapport 138 de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) a défini les valeurs fondamentales suivantes : dignité, prudence, justice et rapport bénéfice/non-malfaisance. Ces valeurs doivent être le cœur de la décision médicale. Il est clair que lorsqu’un acte d’imagerie interventionnelle risque d’entraîner des effets indésirables transitoires ou définitifs, comme un érythème ou une dépilation, il est indispensable d’en informer le patient. Plus complexe est l’attitude à adopter concernant les très faibles doses. Par exemple, est-il nécessaire de délivrer une information sur les effets des rayonnements ionisants à un patient qui a manifestement une fracture de l’avant-bras ? La radiographie est indispensable à sa bonne prise en charge, les doses engagées sont minimes sur une zone anatomique peu radiosensible et sans qu’il y ait de preuve claire sur la potentialité d’effets indésirables. Doit-on dans ce cas délivrer une information qui pourrait malgré toutes les précautions se révéler anxiogène, ou simplement mettre à disposition des patients une information sur les rayonnements ionisants et répondre à leurs interrogations ? Cela nécessite de réfléchir sur ce point en coopération avec les associations de patients. Il est à noter l’existence d’un guide, publié en 2016 par l’OMS et traduit en français par l’ISRN en 2022, pour les professionnels de santé afin de les aider à communiquer sur les risques liés aux rayonnements ionisants en imagerie pédiatrique.9
Sensibiliser les professionnels de santé et informer les patients
La médecine moderne bénéficie de l’imagerie utilisant les rayonnements ionisants. Cependant, ces examens, même s’ils délivrent globalement de faibles doses de rayonnements ionisants, ne sont pas dénués de risque à plus ou moins long terme, comme le montrent les études épidémiologiques récemment publiées sur le risque radio-induit de cancer après exposition au scanner dans l’enfance. Ce risque fait déjà l’objet de mesures de radioprotection, reposant sur l’optimisation des doses délivrées et sur la nécessité de justifier les actes réalisés, voire de les remplacer par des techniques non irradiantes telles l’échographie et l’IRM. La sensibilisation des médecins demandeurs de l’examen au risque radio-induit pour des faibles doses ainsi que l’appropriation d’outils tels que le guide ADERIM doivent permettre de diminuer l’exposition des patients. Informer les patients et leurs représentants légaux sur les risques doit être fait de façon adaptée afin d’obtenir leur consentement éclairé sans cependant être anxiogène pour un risque qui reste très faible par rapport au bénéfice attendu.
Références
1. Exposition des enfants aux rayonnements ionisants due aux actes d’imagerie médicale diagnostique réalisés en France en 2015. Étude ExPRI pédiatrique 2015. Site de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. https://vu.fr/xGnkm
2. Actes scanner chez les enfants en France sur la période 2012-2018 et exposition radiologique associée. Avril 2022. Site de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. https://vu.fr/vrvwD
3. Grant EJ, Brenner A, Sugiyama H, Sakata R, Sadakane A, Utada M, et al. Solid cancer incidence among the Life Span Study of atomic bomb survivors: 1958-2009. Radiat Res 2017;187(5):513-37.
4. Cardis E, Kesminiene A, Ivanov V, Malakhova I, Shibata Y, Khrouch V, et al. Risk of thyroid cancer after exposure to131I in childhood. J Natl Cancer Inst 2005;97(10):724-32.
5. Abalo KD, Rage E, Leuraud K, Richardson DB, Ducou Le Pointe H, Laurier D, et al. Early life ionizing radiation exposure and cancer risks: Systematic review and meta-analysis. Pediatr Radiol 2021;51(1):45-56.
6. Foucault A, Ancelet S, Dreuil S, Caër-Lorho S, Ducou Le Pointe H, Brisse H, et al. Childhood cancer risks estimates following CT scans: An update of the French CT cohort study. Eur Radiol 2022;32(8):5491-8.
7. Hauptmann M, Byrnes G, Cardis E, Bernier MO, Blettner M, Dabin J, et al. Brain cancer after radiation exposure from computed tomography examinations of children and young adults: Results from the EPI-CT cohort study. Lancet Oncol 2023;24(1):45-53.
8. Bosch de Basea Gomez M, Thierry-Chef I, Harbron R, Hauptmann M, Byrnes G, Bernier MO, et al. Risk of hematological malignancies from CT radiation exposure in children, adolescents and young adults. Nat Med 2023. doi:10.1038/s41591-023-02620-0. Online ahead of print.
9. Communiquer sur les risques des rayonnements ionisants en imagerie pédiatrique. 1er avril 2022. Site de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. https://vu.fr/LgIrG
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