Les solutés de perfusion sont fréquem­ment utilisés chez les enfants hospitali­sés. L’administration de solutés hypoto­niques par voie intraveineuse a longtemps constitué la référence en pédiatrie. L’ex­plication se trouve probablement dans l’empirisme des recommandations ini­tiales qui ont prôné l’utilisation préférentielle de solutés glucosés, mais hypotoniques du fait d’un contenu insuffisant en sodium. Le risque d’hyponatrémie (< 135 mmol/L) est accru par la survenue d’un syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique (SIADH) au cours de pathologies aiguës (bronchiolite, gastro-entérite…). L’hyponatrémie sévère (< 130 mmol/L) expose à de graves compli­cations neurologiques, responsables parfois de lourdes séquelles ou du décès. Au cours des dernières années, le risque d’hyponatrémie lié à l’utilisation de solu­tés hypotoniques a été dénoncé, des pro­grès sont intervenus dans la compréhen­sion de l’oedème cérébral et du syndrome de démyélinisation osmotique, enfin des essais randomisés ont apporté la preuve de la supériorité des solutés isotoniques sur les solutés hypotoniques. Cependant, les pratiques n’ont guère évolué en France, comme l’atteste une enquête sur les hypo­natrémies menée à l’hôpital Louis-Mourier (Colombes) et l’analyse des com­mandes de solutés pour perfusion à l’As­sistance publique-Hôpitaux de Paris en 2017. Aussi serait-il souhaitable que des recommandations françaises soient émises et soutenues par l’Académie natio­nale de médecine. 

Jean-Christophe Mercier, université Paris Diderot, ancien chef du service des urgences pédiatriques, hôpital Robert-Debré, Paris

25 juin 2019