L’activité physique ayant montré de multiples bénéfices pendant et après un cancer de la prostate, l’Association française d’urologie (AFU) a organisé cette année la deuxième édition de sa campagne de sensibilisation avec l’ascension du mont Ventoux à vélo. Passionnés de cyclisme, interpellés par cette opération de communication, impliqués dans la lutte contre le cancer de la prostate ou tout simplement intéressés par cet événement, environ 500 personnes ont participé à cet événement sportif le samedi 3 juin 2023.
Par la deuxième édition d’un événement sportif, l’Association française d’urologie (AFU) a souhaité communiquer sur l’importance du sport dans la vie et dans la maladie, et mieux faire connaître le cancer de la prostate, premier cancer de l’homme. Sans vouloir être une course ou une compétition, ce rendez-vous annuel a pour but de rassembler les acteurs du monde médical avec les patients, les passionnés de vélo et toute personne qui souhaite y participer. Bernard Hinault, cycliste célèbre au palmarès exceptionnel et ambassadeur de la campagne, était en première ligne pour s’engager dans cette action en gravissant à nouveau le mythique mont Ventoux, passage classique du Tour de France.
Pourquoi communiquer sur le cancer de la prostate ?
Le cancer de la prostate occupe malheureusement encore la première place du podium, avec plus de 50 000 nouveaux cas tous les ans et entraîne 8 000 décès par an. Grâce à un diagnostic précoce et à l’incroyable révolution des traitements au cours des 20 dernières années (arrivées des chimiothérapies par taxane, des nouvelles hormonothérapies et plus récemment des inhibiteurs de PARP), l’amélioration de sa prise en charge et la réduction de sa mortalité sont notables. L’espérance de vie des patients atteints à un stade métastatique augmente de façon significative. La prise en charge précoce reste cependant la meilleure façon d’améliorer le pronostic : l’utilisation du dosage du PSA (prostate specific antigen), l’examen clinique et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) prostatique permettent la détection à bon escient du cancer à un stade localisé et évitent le surdiagnostic et le surtraitement. Au stade localisé, les traitements sont curatifs ou une simple surveillance suffit. À un stade métastatique, les traitements hormonaux de nouvelle génération, la chimiothérapie et les thérapies ciblées en cas de mutations de certains gènes ne font que ralentir l’évolution.
Peut-on espérer un programme national de diagnostic précoce du cancer de la prostate ?
Contrairement aux cancers du sein ou colorectal qui bénéficient de campagnes actives de sensibilisation et de dépistage de la part de l’Assurance maladie, aucune action n’est menée pour informer sur le cancer de la prostate qui reste pourtant le cancer le plus fréquent chez l’homme. Un espoir vient de la Communauté européenne qui a, en décembre 2022, rendu ses nouvelles recommandations1 concernant le dépistage des cancers : une avancée majeure est à noter concernant le cancer de la prostate qui entre dans le cadre des cancers à dépister. Ce texte précise cependant que les États membres doivent explorer la faisabilité et l’efficacité du dépistage organisé du cancer de la prostate chez les hommes, sur la base du test du PSA en combinaison avec l’IRM.
En attendant la mise en place d’une campagne nationale par les autorités, l’AFU, comme toutes les associations d’urologues, de cancérologues et de radiothérapeutes, met en place des campagnes d’information pour le grand public afin de sensibiliser les hommes à s’intéresser à leur prostate, pas uniquement en cas de troubles urinaires parfois gênants et liés dans la majorité des cas à un simple adénome de la prostate, mais aussi et surtout pour un diagnostic précoce, en particulier pour les patients à risque : origine afro-antillaise, mutation des gènes BRAC1 et BRAC2, antécédent familial de trois cas de cancers ou deux cas survenus avant 55 ans.
En attendant la mise en place d’une campagne nationale par les autorités, l’AFU, comme toutes les associations d’urologues, de cancérologues et de radiothérapeutes, met en place des campagnes d’information pour le grand public afin de sensibiliser les hommes à s’intéresser à leur prostate, pas uniquement en cas de troubles urinaires parfois gênants et liés dans la majorité des cas à un simple adénome de la prostate, mais aussi et surtout pour un diagnostic précoce, en particulier pour les patients à risque : origine afro-antillaise, mutation des gènes BRAC1 et BRAC2, antécédent familial de trois cas de cancers ou deux cas survenus avant 55 ans.
L’activité sportive peut-elle jouer un rôle positif ?
L’impact du sport sur le bien-être et la santé est de plus en plus documenté ; l’Institut national du cancer (INCa) a publié dès 2017 un rapport2 sur les bénéfices de l’activité physique pendant et après un cancer. Le niveau de preuve est suffisant pour que l’activité physique adaptée à visée thérapeutique (APA) fasse aujourd’hui partie des traitements non médicamenteux du cancer (réduction des effets indésirables des chimiothérapies, lutte contre la fatigue, prévention de la dépression, réduction du risque de récidive…). Il a été clairement démontré que la pratique d’une activité sportive à tous les stades du cancer de la prostate a un impact positif : ralentissement de l’évolution de la maladie et surtout amélioration de la qualité de vie en limitant les effets indésirables des traitements. Dans le cancer métastatique traité par hormonothérapie, qui peut s’accompagner d’un syndrome métabolique, d’une ostéoporose, d’une sarcopénie, d’un risque cardiovasculaire, d’une fatigue ou d’une dépression, il est établi que l’activité physique régulière aide à lutter contre chacun de ces risques. L’APA est donc recommandée.
Concernant les cancers localisés, une publication de 20113 ayant étudié une population de 3 000 patients porteurs d’un cancer de la prostate localisé, rapporte que l’activité physique régulière diminue d’un tiers environ tant la mortalité globale que la mortalité spécifique (cette diminution étant corrélée avec la fréquence et l’intensité de l’activité). Plus récemment, une étude portant sur une cinquantaine de patients en surveillance active pour un cancer localisé a observé que les patients soumis à 12 semaines d’activité physique assez intense (une heure, trois fois par semaine) voyaient leur valeur de PSA discrètement diminuer.
Concernant les cancers localisés, une publication de 20113 ayant étudié une population de 3 000 patients porteurs d’un cancer de la prostate localisé, rapporte que l’activité physique régulière diminue d’un tiers environ tant la mortalité globale que la mortalité spécifique (cette diminution étant corrélée avec la fréquence et l’intensité de l’activité). Plus récemment, une étude portant sur une cinquantaine de patients en surveillance active pour un cancer localisé a observé que les patients soumis à 12 semaines d’activité physique assez intense (une heure, trois fois par semaine) voyaient leur valeur de PSA discrètement diminuer.
Une journée de mobilisation
Toutes les raisons de réunir activité sportive et lutte contre le cancer de la prostate sont réunies. Pourquoi avoir choisi le 3 juin 2023 ? Cette date correspond à deux circonstances particulières : la journée mondiale du vélo et le rendez-vous annuel incontournable du Congrès américain de cancérologie au cours duquel les avancées majeures dans le traitement du cancer sont présentées. Cette édition4 a remporté un franc succès avec environ 500 participants. Rendez-vous en juin prochain, quand bien même le dépistage national serait organisé d’ici là !
Références
1. European Health Union: Commission welcomes adoption of new EU cancer screening recommendations. 9 décembre 2022. https://vu.fr/mcRR
2. Bénéfices de l'activité physique pendant et après cancer - Des connaissances aux repères pratiques. Mars 2017. Institut national du cancer. https://vu.fr/WjWl
3. Kenfield SA, Stampfer MJ, Giovannucci E, Chan JM. Physical activity and survival after prostate cancer diagnosis in the health professionals follow-up study. J Clin Oncol 2011;29(6):726-32.
4. Campagne prostate 2023, « Je roule contre le cancer de la prostate ». Association française d’urologie. https://vu.fr/WGXS
2. Bénéfices de l'activité physique pendant et après cancer - Des connaissances aux repères pratiques. Mars 2017. Institut national du cancer. https://vu.fr/WjWl
3. Kenfield SA, Stampfer MJ, Giovannucci E, Chan JM. Physical activity and survival after prostate cancer diagnosis in the health professionals follow-up study. J Clin Oncol 2011;29(6):726-32.
4. Campagne prostate 2023, « Je roule contre le cancer de la prostate ». Association française d’urologie. https://vu.fr/WGXS