1 -  Les enfants migrants, accompagnés ou non, forment une population vulnérable et hétérogène estimée à près de 70 000 en France.
2 - L’état de santé des enfants migrants est précaire dans toutes ses dimensions, tant nutritionnelle et immunitaire que psychologique et neuro­développementale, avec des difficultés de socialisation en lien avec l’insuffisance scolaire.
3 - L’état de santé des enfants migrants est influencé par les conditions sanitaires de leur pays d’origine, l’exposition aux stress et aux agents pathogènes, l’insalubrité de leur hébergement et l’insécurité alimentaire durant leur parcours migratoire et dans leur pays d’accueil, ainsi que par les troubles psychologiques parentaux.
4 -  La prévalence des troubles psychiatriques est plus élevée parmi les enfants et adolescents réfugiés, avec 19 à 36 % d’états de stress post-traumatique. Mais la majorité mobilise de grandes capacités d’adaptation malgré de nombreux facteurs de vulnérabilité avant, pendant et après la migration.
5 -  Les enfants migrants ont des problématiques de santé comparables à celles des enfants sans domicile fixe : malnutritions (dénutrition ou surpoids) ; carences nutritionnelles (fer, vitamine D) ; anémie ; infections courantes et récurrentes des voies res­piratoires supérieures, des dents, de la peau et du tube digestif ; tuberculose et parfois para­sitoses importées (paludisme, bilharziose…).
6 - L’immunité vaccinale des enfants migrants est en général insuffisante et un rattrapage est le plus souvent nécessaire.
7 -  La consommation de substances psycho­actives ne concerne qu’une minorité des jeunes migrants, le plus souvent des garçons et originaires du Maghreb. Ils sont fréquemment polyconsommateurs. Ils sont en général dépendants du tabac et du cannabis mais peuvent consommer de grandes quantités de médicaments détournés de leur usage, tels que le clonazépam et la prégabaline. Certaines équipes ont mis en place un protocole de prise en charge coordonnée entre service des urgences et équipe d’addictologie de liaison.
8 -  Les mutilations génitales féminines concer­nent des femmes migrantes mais aussi des filles et des femmes nées en France de parents originaires de pays dans lesquels elles sont pratiquées. Elles constituent un crime en France depuis 1983. Lors de l’accueil d’une fillette migrante, le repérage, la prévention et l’information doivent être systématiques. La constatation d’une mutilation génitale chez une mineure doit faire l’objet d’un signalement.
9 - L’organisation des structures d’accueil des enfants migrants reste fondée sur les différentes « catégories » de droit au séjour, principalement les mineurs non accompagnés, les demandeurs d’asile, et les autres.
10 - Il existe de nombreux obstacles à l’accès aux soins des enfants migrants, avec un recours plus important aux urgences hospitalières, aux centres de PMI, aux centres de santé et, plus rarement, à la médecine libérale (médecin généraliste ou pédiatre). Les actions prioritaires de santé publique à l’attention de cette population vulnérable consistent en une évaluation médico-psycho-­sociale précoce, une sécurisation nutritionnelle et de l’habitat de ces enfants et de leur famille, une scolarisation normale. Le but est d’assurer une socialisation dans de bonnes conditions et de respecter les droits fondamentaux des enfants.